La « Une » de Bakchich hebdo N° 21 du 09 Février 2007.

 

Sous la houlette de l’agence en communication Euro RSCG C&O établissant les plans de bataille, tenant les rênes et menant les troupes au combat, depuis le 14 Mai 2011, le système médiatique français et mondial d’appartenance au groupe de presse Lagardère, – présent dans 40 pays -, à ses affiliés et à ses amis, se mobilise. Ce n’est plus le soldat Ryan qu’il faut sauver(1) mais, « servitude, allégeance et noblesse obligeant », le généralissime en chef, Dominique Strauss-Kahn, qu’il faut tirer du bourbier, deux affaires de mœurs portées en place publique, dans lequel ses « frasques », « ses dragues lourdes » et « la complexité de sa vie sexuelle » l’ont fourré.

 

C’est en boucle, sur tous les médias, – presse écrite, parlée, télévisuelle et web-, que les images du prévenu Dominique Strauss Kahn, menotté, ébaubi et hagard, ont couvert les pages des journaux et ont proliféré sur la « toile du Net. » Et les hommes politiques et les journalistes à solde d’un monde occulte mais argenté, de telles images offusquant Marianne, ont crié, tous à l’unisson, à l’indignation, au scandale et à l’outrage. Et, tout comme les images, les déclarations des caciques du Parti Socialiste, les strauss-kahniens en figure de proue, elles-mêmes véritables litanies de lamentions, de cris d’effrois, –pour ne point avouer d’effraies -, et des empathies mielleuses et des bienveillances fourbes de circonstance, comme une leçon bien apprise, tournaient aussi en boucle.


En l’état, tout être humain respectueux des convenances, s’arrachant au « bourrage de crâne » et au « matraquage systématique » ordonnancés en disculpation d’actes licencieux, en vient à penser que les Affaires Nafissatou Diallo/Dominique Strauss-Kahn et Tristane Banon/Dominique Strauss-Kahn sont les révélateurs de la nature profonde qui anime la caste oligarchique, – politiques, journalistes, juristes, industriels, financiers… au service exclusif d’un Ordre Mondial -, qui se disputent, tout en agissant de conserve au sein de think-thanks et de sociétés occultes, le pouvoir en Occident. Bien qu’en son temps critiqué pour ses appartenances politiciennes, – à juste titre d’autant que le régime auquel il avait voué sa cause était le nazisme -, tous appliquent les techniques de la manipulation des masses et de la démagogie qui sont la signature des États totalitaires, et, comme lui, cette caste en fait un usage immodéré car « Un mensonge répété dix fois reste un mensonge ; répété dix mille fois il devient une vérité.(2)»


Mais dans ce concert d’hypocrites, – hommes et femmes faisant preuve, en la circonstance, de machisme(3) éhonté -, en appelant à la présomption d’innocence tout en oubliant qu’il existait une présumée victime dans cette affaire de « troussage de domestique(4) », montrant une certaine retenue, aux relents de concupiscence, dans leurs propos et, majoritairement à piques acérées, aboyant au complot, seulement quelques voix dissonantes ont fait entendre des sons plus rationnels :

– Certaines se sont attirées les foudres de leurs congénères par des propos mortifiants et cruels, tels « C’est humilier la France que d’avoir un homme qui soit comme lui, qui se vautre dans le sexe et ça se sait depuis fort longtemps… », ou « Bien sûr, il y a la présomption d’innocence, mais bon quand même, vous croyez que la police serait venue le chercher dans l’avion d’Air France, un homme comme lui ? Je trouve cela misérable et humiliant pour notre pays…(5) », ou encore « Il faut sortir de l’hypocrisie. Ce n’est pas la première fois que Dominique Strauss-Kahn se livrait à ce genre d’agissements au Sofitel. C’est là qu’il descendait toujours. Ça s’est produit plusieurs fois et depuis plusieurs années. Tout le monde le savait dans l’hôtel…(6) »

– Et d’autres, certes très sentencieuses, ont été plus humaines « La vérité est que toute parole est imprudente. Non seulement par ce que Strauss-Kahn peut être innocent de ce qu’on lui reproche. Mais aussi parce que dans le cas contraire il y a une victime, il faut le rappeler. Je suis un peu surpris de voir que personne n’a l’air de se préoccuper de la femme de chambre de l’hôtel. Affabulatrice ? Peut-être ! Mais si c’est une victime, alors qui la plaint ? Nos paroles ne doivent-elles pas inclure le respect qui lui serait dû ? Personne n’a l’air d’y songer pour l’heure. Je suis étonné de constater que pas un commentaire de femme politique n’envisage cet aspect du drame, c’est-à-dire cette personne là. Une femme de chambre, c’est moins intéressant ? Comme si tout était dans le commentaire de la scène. La politique spectacle éteindrait-elle tout sentiment humain ?(7) »


Pour toute la caste oligarchique française, et bien plus encore pour les hièrarques du Parti Socialiste et les communicants de Dominique Strauss-Kahn(8), le Directeur Général du Fonds Monétaire International, le majestueux argentier-manitou-mentor et gourou de l’univers occidental policé et le sauveur-fossoyeur de la Grèce, seul recours d’une gauche française à l’agonie, d’une droite hexagonale en charpie minée par la crise et d’un peuple français de jour en jour, depuis un certain mois de Mai 1981, plus pressuré que jamais, ne doit nullement être traité comme un loubard, un marginal ou un délinquant de banlieue, – ceux que Nicolas Sarkosy appelait « la racaille » et que Brice Hortefeux qualifiait « de crapules » -, du Val d’Oise, de Sarcelles ou du Bronx. En outre, être accusé de tentative de viol par Tristane Banon, une française petite scribouilleuse se targuant d’écrire des livres, de surcroît menteuse qui, par une « dénonciation calomnieuse(9) ». moucharde un « acte imaginaire », où de viol par une guinéenne « de race noire », bénéficiaire d’une « carte verte » et femme de ménage à l’hôtel Sofitel, ne peut pas concerner un aussi haut responsable mondial car, même si ses « frasques » ne sont, pour les hommes politiques, les journalistes et ses amis, que des « secrets de polichinelle(10) », « …. ça ne ressemble pas du tout à l’ancien Député-Maire de Sarcelles.(10) »


Si l’aristocratie, jusqu’à la Révolution Industrielle, qui s’était caractérisée, au cours du XIX° siècle par le passage d’une société à dominante agraire et artisanale à une société commerciale et industrielle, s’en tenait au principe d’équilibre « plus grand le pouvoir, plus lourdes les obligations et les responsabilités », les privilèges dont elle bénéficiait, imposaient, en compensation le service et les devoirs, depuis les années 80, les oligarques français, européens et occidentaux, dissociant la légalité et la légitimité, ont exclus les services et les devoirs contraignants imposés par le pouvoir et les privilèges qui en résultent.


Ces nouveaux seigneurs, au différent de l’ancienne aristocratie qui vivait au contact du peuple et qui était enracinée au terroir rural et au sol national, se sentent partout chez eux . Et, évoluant dans une bulle inviolable soigneusement tissée au travers d’auto-lois auto-protectrices leur rendant la justice servile, vivent dans un monde à part, – hôtels de luxe, les salaires mirobolants, les parachutes dorés, les avions privés, les grosses berlines à 150.000 euros pièce, les costumes chics entre 30000 et 50.000 euros, voire plus, le complet, le smoking ou la toilette,… et, par dessus tout, le droit de cuissage et, pour certains, le droit à la pédophilie -, hors de portée des masses populaires travailleuses, dans un monde où le pouvoir rapporte de l’argent et où l’argent donne le pouvoir, un monde où tout s’achète : les élections, les médias, les non-lieux et les blanchiments dans les « Affaires » politico-financières ou les « Affaires » de mœurs, comme la vertu ou le silence des victimes…


Et, pour planifier la purgation douce sans colique ni trouble général, – non-lieu, relaxe, blanchiment, acquittement… -, de toutes les exactions commises par la caste oligarchique, leurs communicants interviennent en maîtres d’ouvrage expérimentés dans l’anastomose, les abouchements, les mises en relation, l’application de la censure…, et en exécuteurs des hautes œuvres dans les intérêts particuliers dus à leurs « patrons-amis. » Les communicants, – ou « gourous de la com(11) » -, qui « manipulent les journalistes et l’opinion, maniant l’intox et sachant empêcher la parution d’articles de presse malveillants… », tels ils sont. Quatre d’entre eux, disposant d’un immense pouvoir d’influence sur la vie politique et économique française, Stéphane Fouks, – Président Directeur Général d’Euro RSCG C&O qui, avec Ramzi Khiroun, Gilles Finchelstein et Anne Hommel chapeautent Dominique Strauss-Kahn -, Michel Calzaroni, – patron de l’agence DGM -, Alain Bauer, – Président Directeur Général de la société de conseil et de formation en sécurité urbaine, AB Associates SA, qui regroupe une dizaine de consultants associés -, et Anne Méaux, – Présidente-fondatrice de la société de conseil en communication Image7 -, conseillent la quasi totalité du CAC 40, 80% des entreprises publiques, une quarantaine de sociétés non cotées en bourse, des ministres en vue, la majorité des hommes politiques et des caciques des partis de droite et de gauche, d’extrême droite et d’extrême gauche et de jeunes loups en devenir.


De Stéphane Fouks, le Nouvel Économiste(12) dit de lui : « Incontournable. Imprévisible. Inclassable. Il est partout et nulle part. Stéphane est un homme politique, pas un communicant. Un manager du politique, aussi bien des hommes que de l’action. Il a réussi à adapter à la vie la réalité de l’action politique. Plusieurs secteurs d’activités, plusieurs métiers. La politique, l’économie, les médias, d’un côté. La publicité, le marketing, le conseil, de l’autre. Les entreprises et les hommes. L’univers professionnel et personnel, mêlés. Airbus, BNP Paribas, LVMH, Alcatel, Cap Gemini, Microsoft… Les patrons et les politiques vantent ses conseils avisés. Plusieurs tempéraments aussi. Travailleur et dilettante, rigoureux et désordonné, affectif et rationnel. Le feu et la glace, la réflexion et l’intuition. Voilà. Le Chief Executive Officer France d’Euro RSCG Worldwide, également PDG d’Euro RSCG C&O, s’est attaché les faveurs des puissants. Fidèle à ses origines, rallié au traditionnel combat des managers contre les actionnaires, Stéphane Fouks s’est aujourd’hui lancé dans le match qui oppose les loyalistes aux légitimistes au sein du groupe Havas. »


Sur Michel Calzaroni(13), dans le cadre de l’Affaire Erika, le 11 Février 2007, Bakchich écrit : « Grand artisan de l’imposture moderne, Calzaroni a fait ses preuves avec des clients prestigieux : Bolloré, Bébéar, Longuet, – ancien ministre de l’Industrie -, et même Fouad Filali, ex-président de l’ONA, – groupe industriel marocain -, et beau-frère de Mohamed VI. Au vu du résultat, on ne peut que saluer le travail des communicants. Un paquet sur les fonds débloqués pour les opérations de pompage, nettoyage et traitement des déchets mais rien sur les indemnités importantes que les victimes du sinistre attendent toujours… »


Si l’on en croit la République des Lettres(14), « Alain Bauer est consultant en matière de sécurité et de terrorisme pour de nombreux groupes de travail mis en place par des gouvernements ou des organisations françaises et étrangères tels que le Prevention of Crime by Urban Planning du Comité européen de normalisation, la Commission des systèmes de vidéosurveillance de la Préfecture du Nord, la Société d’histoire des facultés de droit, la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme, la Société Internationale de Criminologie, le Conseil du New York Police Department (NYPD), pour lequel il a réalisé une étude sur la menace islamiste, la Sûreté du Québec le Conseil du Los Angeles Sheriff Department le Conseil d’orientation de l’Observatoire national de la délinquance, le Collège de la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Égalité, la Commission de contrôle des fichiers de police, la Commission nationale de Vidéo-surveillance et la Mission sur la Sécurité stratégique. »


« Anne Méaux(15), grande prêtresse de la com’ et gardienne de l’image de la moitié du CAC 40, réussit une nouvelle volte-face pour rester au cœur du pouvoir… Méaux, « Sarko girl » ? A priori rien que de normal pour cette fille de médecin de Neuilly. Même si son parcours politique, au sein de la droite, de toutes les droites, passe pour l’un des plus tortueux de la république. Il commence en 1968 quand, lycéenne, Anne Méaux, jeune fille blonde et dynamique, s’échine à monter des comités anti-grèves… », ainsi la présente Bakchich qui conclue « …voilà la Reine Méaux installée dès 2007 au cœur de la Sarkozie, grâce aux conseils en image qu’elle s’empresse de donner à la jeune garde des sceaux. Rachida Dati est donc « vendue » comme il se doit à ses autres grands amis, les patrons de la grande presse, invités aux célèbres dîners à la maison de Madame Méaux. Des agapes sans chichi, où tout le monde, Présidents Directeurs Généraux, politiques et journalistes, aident la maîtresse de maison à faire la vaisselle à la fin du repas ! »


Acoquinés avec les think-thanks et les sociétés occultes, une belle brochette…


Notes.


(1) « Il faut sauver le soldat Ryan ou Saving Private Ryan », film de guerre américain réalisé par Steven Spielberg, 1998.

(2) Joseph Goebbels

(3) Le machisme désigne la tendance de certains hommes ou femmes à mettre en avant de manière exacerbée et exclusive la virilité des hommes et de croire que les femmes leur seraient inférieures dans tous les domaines ou dans les domaines prestigieux, pensant ainsi qu’il est logique qu’elles soient cantonnées aux tâches subalternes.

Le machisme implique souvent la phallocratie, – seuls les hommes décident ou ont le pouvoir de décider dans les domaines les plus importants -, et peut impliquer la misogynie.

(4) « Les matins de France Culture », Jean François Kahn du 16 Mai 2011 : « Qu’il y ait eu une imprudence on peut pas le… , je sais pas comment dire, un troussage… Qu’y ait un troussage, euh, de domestique, enfin, je veux dire, ce qui est pas bien, mais, voilà, c’est une impression. »

(5) « Debré – DSK, peu recommandable », Bernard Debré sur Europe1, le 15 Mai 2011.

(6) « Debré sur DSK: L’hôtel a étouffé d’autres affaires », Benjamin Sportouch, l’Express du 16 mai 2011.

(7) Blog de Jean Luc Mélanchon du 15 Mai 2011.

(8)« Stéphane Fouks, Ramzi Khiroun, Gilles Finchelstein, Anne Hommel… Dirigeants d’Euro RSCG C&O, ils sont les communicants-amis du patron du FMI. Au sein du Parti socialiste, certains les appellent « la firme ». Le même nom dont Cécilia Sarkozy affublait les conseillers les plus détestés de son mari, en 2007. On leur prête d’ailleurs en partie les mêmes défauts : un peu trop voyants, parfois brutaux, amateurs« d’intox » dans les médias et de mélange des genres entre politique et affaires. Et, plus que tout, de renforcer Dominique Strauss-Kahn dans ses défauts supposés : train de vie trop ostentatoire, négligence à l’égard des élus et distance pour les milieux populaires. », Raphaëlle Bacqué, Le Monde du 14 Mai 2011.

(9) « L’affaire Tristane Banon en cinq actes », Le Monde du 06 Juillet 2011

(10) « DSK : Ses amis redoutaient le pire », France Soir du 18 Mai 2011

(11) « Les gourous de la com’ – Trente ans de manipulations politiques et économiques » : « Ils vivent dans l’ombre des puissants, mais ils exercent eux-mêmes un pouvoir et une influence largement ignorés du grand public. Les conseillers en communication règnent aujourd’hui dans le paysage politique comme dans celui des affaires : ils contrôlent l’image des gouvernants comme celle des grands patrons, ils manipulent les journalistes et l’opinion, maniant l’intox et sachant empêcher la parution d’articles de presse malveillants. » M. Moreau A. Gorius, Editions La Découverte.

(12) « Stéphane Fouks, Mazarin dans la communication », Les portraits du Nouvel Économiste, par Gaël Tchakaloff.

(13) « Total mise sur la forme », Lara Mace, Bakchich du 12 février 2007.

(14) « Biographie : qui est Alain Bauer ? », La République des lettres, Hortense Paillard, du 10 août 2011

(15) « Anne Méaux, reine de com’ », Fred Lonah, Bakchich du 16 mars 2009.

 

Suite de l’article : « Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XV : Politiques, justice et communicants 4

 

Précédents articles concernant le même sujet :

« Plus pourri que moi, je meurs… »

« Plus pourri que moi, je meurs… » Acte II : Les politiques, la justice et les think thanks 1.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte III : Les politiques, la justice et les think thanks 2.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte IV : Les politiques, la justice et les think thanks 3.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte V : Les politiques, la justice et les think thanks 4.

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VI : Femmes, vieilles affaires et communicants 1

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VII : Femmes, vieilles affaires et communicants 2

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte VIII : Femmes, vieilles affaires et communicants 3

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte IX : Femmes, vieilles affaires et communicants 4

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte X : Femmes, vieilles affaires et communicants 5

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XI : Femmes, vieilles affaires et communicants 6

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XII : Politiques, justice et communicants 1

« Plus pourri que moi, je meurs… », Acte XIII : Politiques, justice et communicants 2