L’occident s’effondre à petit feu. Sa civilisation va irrémédiablement à la décadence devant les idéalistes impuissants que sont ses dirigeants. Les peuples à qui on a fait croire durant des siècles qu’ils sont la race élue pour dominer, se découvrent plus vulnérables que les populations soumises par la force un peu partout.

Leur vulnérabilité est si grande que face à ce qui constitue leur plus grande peur – la montée au même rang qu’eux des peuples jusque là considirés comme inférieurs – ils n’ont d’autres choix que d’appeler au suicide collectif. Dans l’espoir hypothétique d’un ailleurs de l’autre coté de la vie un peu paisible.

Anders Behring  Breivik, le tueur d’Oslo est peut être un cynique et triste personnage à qui on ne doit pas porter plus de réaction que le silence froid qui révèle tout le dégoût et le peu de cas qu’on peut faire d’une telle crapule. Cependant, à bien y regarder et en prenant une entière liberté vis-à-vis des réactions  passionnelles, on voit bien toute la  barbarie des dirigeants occidentaux jamais exprimée par un homme précédemment anonyme et sans importance.

La volonté de destruction justifiée à travers un manifeste de 1500 pages par l’avancée de l’islam qui vient troubler la belle civilisation que les ancêtres ont bâtie au prix de mille et un sacrifices. Tout comme les résolutions dignes des grandes arnaques par lesquelles ont justifie la guerre sur des territoires étrangers au nom de la démocratie et des droits de l’homme. Tout comme cette force qui s’exerce sans justice en Irak, en Libye ou encore en Afghanistan pour prévenir dit-on le terrorisme et libérer des peuples de l’oppression. Et contre toute attente, Breivik a reconnu ses actes, mais pas sa responsabilité. Responsabilité qu’il jette en bloc et sans l’ombre d’un remord sur ses victimes, alors que ceux –ci attendaient meurtris dans l’âme des excuses publiques qui atténueraient leur douleurs. Le prototype même d’exemplarité en matière de cruauté revendiqué avec arrogances par les puissances occidentales. L’OTAN a reconnu être dans l’impasse en libyen, mais n’entend pas lâcher prise tout en indexant le guide libyen comme le seul  qui soit comptable de tous les tas de cadavres de ses compatriotes suite à l’attaque qu’il a subi. Le tueur d’Oslo par son acte isolé vient de mettre à nu ce drame intérieur qui s’extériorise que pour faire des dégâts. Un peuple bâillonné, étouffé par  le paternalisme de ses dirigeants qui à force de vouloir le préserver finissent par créer des monstres à l’intérieur de la  muraille. « On ne peut pas surveiller un homme comme Breivik ; car tenter de le surveiller serait de surveiller tout le monde. Or, on ne peut pas surveiller tout le monde. » Avoue impuissant le chef de la police norvégienne accusée de n’être pas arrivée à temps sur l’île d’Utoya. Pourtant, il faut bien dire quelque chose aux victimes pour tenter de les apaiser. Il faut qu’ils comprennent ce détraqué afin de faire définitivement leur deuil. C’est la carte que l’avocat du prévenu veut jouer en plaidant la démence pour son client. Ce genre de réponse quoi qu’on en dise soulage. Quand les peuples libyens fidèles à leur guide se lamentent entre bombardements interminables et cherchent à comprendre la haine  de la coalition occidentale contre eux, Kadhafi lance : « Sarkozy est un fou. » Alors tous s’apaisent et comme des stoïques ils bercent leur douleur, se rendant compte que les maîtres d’hier sont en pleine chute libre. Le syndrome de la peur exprimée par la légitime défense préventive.