la route

 On m’a appelé folie. On m’appela oubli. On m’appelle départ. Je suis ce mot suicidé. Ce terme égaré. Je ne connais que solitude et errance funeste. Il n’y a que cette route interminable. Que cette promesse de lassitude inlassable.

On me nomma voyageur. Haute silhouette dans la nuit. Qui avance. Encore. On me condamna à l’exil d’avoir voulu échapper à votre hospitalité. Alors, sous la lune, je marche. Enchaîné dans la voie qui n’en est pas une. J’avale l’asphalte dans le silence de ma vie.

On m’identifia comme un mage. En quête d’un rêve insensé. Détenteur d’un puissant secret. Victime de sombres pensées et recherchant le salut dans son  calvaire obstiné. Certains ont voulu m’aider. Mais jamais ils n’ont pu me rattraper. Et moi, je suis cette route sans fin et sans but.
Sans fin et sans but, je suis ce fantôme obstiné courant lentement après un rêve informulé. Je suis la tristesse muette, celui frappé par la vanité de l’espoir, qui ne cherche qu’à échapper à la vacuité de sa folie en continuant.

Jusqu’au bout de cette marche infinie.