Le civisme est avant tout une éducation. Et l’éducation est un long apprentissage des vertus qui fondent une société.
Elle ne saurait s’improviser ou se décréter dans un discours démagogique à la nation. C’est en tout cas ce que les nouveaux dirigeants de la cote d’ivoire sont en ce moment en train d’apprendre à leurs dépens.
Leur soif insatiable du pouvoir les a conduit à s’allier à des chiens de guerre, hommes sans foi ni loi pour se hisser au sommet de l’état. Dans l’euphorie de la victoire qui les a fait occulter le fait que la vie fonctionne sur certaines normes, ils ont fait de ces chiens de guerre les soldats de l’armée régulière. Et pour donner le symbole, on les appelle forces républicaines de cote d’ivoire (FRCI). Une appellation métaphorique sensée leur faire prendre conscience qu’ils ne doivent plus tuer sans raison et commettre des exactions comme de vulgaires vandales sans éducation.
Mais voilà, le chien ne peut jamais changer sa façon de s’asseoir fut-ce confortablement dans un fauteuil. Cette expression bien connue des ivoiriens traduit que les ex- rebelles en dépit de leur nouveau statut de républicains n’ont rien changé de leurs anciennes habitudes.
Et leur nouvelle trouvaille pour surmonter ce régime drastique auquel ils sont soumis (Ils sont laissés pour compte par leurs employeurs au sommet de l’état) : le racket à outrance au vu et au su de tous.
Ils ont installé partout dans le pays des barrages anarchiques où ils rançonnent 200f CFA par personne dans les véhicules de transport commun. Pour les marchandises, cela dépend de la valeur du produit et de sa destination. Vous comprendrez aisément que pour les producteurs de matières premières agricoles comme le cacao, l’anacarde ou encore le coton, c’est la misère.
Hier dans le journal télévisé créé par Ouattara, le président du syndicat des transporteurs se plaignait presque les larmes aux yeux de cette pratique sans solution. Il a dit avoir versé sur l’axe Abidjan Odiené, ville du nord de la cote d’ivoire, la somme de 580. 000 f CFA (Un peu plus de 300 euro). Pire, c’est que les responsables de ces rackets disent que la hiérarchie des forces républicaines est au courant, et qu’elle exigerait même un quota sur les rançons faites aux usagers par leurs éléments.
C’est un véritable problème face auquel la cote d’ivoire est confrontée depuis plusieurs années. Mais jamais de mémoire d’ivoirien, le racket n’a été aussi flagrant. C’est devenu à la limite un fait normal et malgré les nombreuses plaintes des populations déjà tétanisées par la rareté de la violence avec laquelle les hommes du nouveau président ont pris le pouvoir, le mal persiste. Le premier ministre Soro guillaume lui-même s’est vu obligé de descendre dans les rues pour chasser ses anciens amis d’armes devenus visiblement des collaborateurs indésirables. Il faut dire que ces hommes en armes dans tout le pays n’ont aucune éducation civique et militaire. Ils ont appris le maniement des armes dans des camps clandestins afin de monter la rébellion de 2002. Par conséquent, ils ignorent toutes les vertus qui accompagnent le port d’armes et du treillis dans un pays dont les dirigeants actuels se targuent d’être pourtant des technocrates.
La crise post-électorale n’a pas fait que des morts. Elle a désorganisé le pays à tel point que personne ne maîtrise plus rien. Et on se croirait dans une jungle où chacun défend son territoire conquis à coup de roquette, au grand dam des valeurs qui font la fierté d’une nation.