Garanti non trafiqué. En Belgique, et non à New York, Dominique Strauss-Kahn a brièvement plaidé coupable. Dans sa précipitation à donner l’info, la RTBF a donné DSK plaidant coupable, en titre et intertitre, avant de rectifier le tir. Google avait d’ailleurs repris brièvement le lien. Pour quelques instants, à un(e) contre des centaines de milliers, la Radio télévision belge francophone a créé le seul événement imprévisible de toute la presse mondiale (et de toute la Toile).

Vous l’avez toutes et tous lu ailleurs : Dominique Strauss-Kahn a plaidé coupable, la prochaine audience est fixée au 18 juillet, et ses avocats estiment qu’il ne changera pas d’ici là sa stratégie de défense. Mais, histoire de préparer la mise en ligne définitive de son papier, la RTBF, qui suivait sur Twitter le déroulement de l’audience, avait titré « DSK plaide coupable ». Google a repris. Pendant un moment, un intertitre « coupable » surmontait une accroche de paragraphe.

Ces deux captures d’écran son garanties (par moi, et celles et ceux s’étant précipités à cliquer sur le lien vers cette page du site RTBF) rigoureusement authentiques. La seconde (petit carré) précédant de moins d’une minute la première (le rectangle). C’est bien d’ailleurs le seul fait, le seul événement, valant la peine d’être relevé : tout indiquait que la ligne de défense qu’adopterait DSK n’allait pas varier, et la confirmation est un non-événement (le seul fait marquant ayant été que quelques dizaines employées de maison ou de l’hôtellerie l’avaient conspué devant l’entrée du tribunal en brandissant des pancartes du type « une pour toutes, toutes pour une ».).

La défense s’oriente donc vers l’affirmation que Nafi Diallo aurait consenti à une relation de nature sexuelle avec le client de la suite 2806. Si les jurés acceptaient cette version des faits, ils pourraient cependant considérer que DSK se serait livré à des attouchements non sollicités sur la personne de l’employée du Sofitel. Ce qui serait la moindre des qualifications ayant suscité les poursuites. Au maximum, il encourt 25 années d’emprisonnement (et non 74, pour un présumé primo-délinquant, le cumul des peines n’est pratiquement jamais prononcé), et trois mois au minimum, sauf à ce que les jurés considèrent que Nafi Diallo était pleinement consentante. Cette dernière, selon l’un de ses avocats, Kenneth Thomson, devrait déposer le 18 juillet.

Pour le moment, la presse est la seule grande gagnante de l’affaire DSK. Pour ses éditions des 16 et 17 mai, le quotidien Libération a plus que doublé ses ventes (+ 113 %). Le grand perdant restera DSK, quoi qu’il advienne (frais d’avocats, de séjour, &c.), si ce n’était, comme le supposent des membres de la communauté guinéenne, Nafi Diallo, qui deviendrait, comme l’a affirmé un écrivain africain, « une paria ». Mais elle a par ailleurs reçu des témoignages et des soutiens publics, venus d’Afrique et d’autres continents.

À Milan, une autre audience se tenait ce jour. Celle pour laquelle Berlusconi s’est fait représenter par son avocat, Niccolo Ghedini, qui entend lui aussi contester les charges pesant sur son client dans l’affaire Ruby (une jeune prostituée, et consorts). Les magistrats italiens devraient fixer la date du procès qui se déroulerait en juillet. Pas le 18 juillet, quand même ! Si c’était le cas, il faudra être au moins deux pour surveiller le site de la RTBF !