Je viens de relire « Le Zéro et l’Infini » de Arthur Koestler, et l’histoire de la balançoire de Roubachof m’a fait pensé aux révolutions tunisiennes et égyptiennes actuelles.

Dans sa cellule, Roubachof, haut responsable communiste, qui fait partie des victimes des purges décrétées à partir de 1930 par le Comité Central du Parti Communiste de l’Union Soviétique, commence à écrire un journal ou plutôt ses méditations le lendemain de l’exécution de l’un de ses amis :

« … (Vladimir Bogrof est tombé de la balançoire).

Il y a 150 ans, le jour de la prise de la Bastille, la balançoire européenne longtemps inactive, s’est remise en mouvement. Elle avait quitté la tyrannie avec allégresse ; d’un élan qui semblait irrésistible, elle s’était élancée vers le ciel bleu de la liberté…. montée de plus en plus haut vers les sphères du libéralisme et de la démocratie. Mais voilà que peu à peu elle ralentissait son allure ; la balançoire arrivait près du sommet et du moment critique de sa course. Puis après une seconde d’immobilité, elle se mit à marcher en arrière, avec une vitesse sans cesse accélérée. »

Il y parle aussi de la maturité politique en la comparant à un thermomètre avec ses chutes et ses hausses :

Chaque bond du progrès technique laisse le développement intellectuel relatif des masses d’un pas en arrière et cause donc une chute du thermomètre de la maturité politique.

Lorsque le niveau de la conscience des masses rattrape l’état des choses objectif, il en résulte inévitablement pour la démocratie une victoire soit paisible soit remportée par la force ».
La balançoire arabe s’est remise en mouvement. Pour l’instant, il semblerait qu’elle monte vers le ciel de la liberté. Je lui souhaite une longue ascension.