Pouvoir encore rêver à des aventuriers au destin hors du commun, en direct et online.

http://www.lexpress.fr/culture/livre/underground_967681.html

UNDERGROUND – critique du livre :

Ce document est à l’univers des hackers ce que Sur la route a été pour la Beat generation : le témoignage clef.

Inutile d’y chercher un scoop. Il s’agit d’un reportage, d’une plongée dans un monde paranoïaque peuplé de surdoués immatures, rejetons de soixante-huitards instables. L’un d’entre eux attire particulièrement l’attention : Mendax. Un surnom, bien sûr. Tout au long de la lecture, il faut suivre cet individu, le serrer de près, comme diraient les agents de la police fédérale australienne. Car il pourrait s’agir de Julian Assange en personne.  L’intéressé n’a jamais confirmé, ni démenti. Et si la bonne piste était celle de Tom Sawyer : un jeune homme généreux, courageux, asocial, mais aussi content de lui ? Comme Julian Assange. L’écrivain américain Mark Twain, son créateur, avait décidé de ne pas amener Tom à l’âge adulte, parce que "alors, il mentirait comme tous ces héros de quatre sous de la littérature". Julian, lui, est devenu adulte. Et sans doute ferait-il un superbe personnage romanesque. Cela signifie-t-il qu’il serait capable, lui aussi, de mentir ? 

C’est en Australie, à Townsville, État de Queensland qu’il est né le 3 Juillet 1971.

Sa mère Christine Hawkins avait quitté la maison familiale à 17 ans. Le père de celle-ci était un universitaire et ensuite proviseur de Lycée, un homme semble-t-il très rigide et traditionaliste. (famille d’origine écossaise, installée en Australie depuis le 19e siècle).

A Sydney, Christine vit dans les milieux hippies de ces années là et rencontre John Shipton dont elle tombe amoureuse. C’est un jeune rebelle qu’elle a rencontré dans des manifestations contre la guerre au Vietnam.

La relation ne dure pas et après avoir donné naissance à son enfant, Christine se marie à Brett Assange, un acteur et directeur de théâtre ambulant. Les tournées de spectacles ont fait partie de l’enfance de Julian Assange. Son beau-père montait et dirigeait des pièces de théâtre et sa mère était chargée des maquillages, des costumes et des décors.

(voir témoignage de son beau-père : http://www.guardian.co.uk/media/2011/jan/30/julian-assange-wikileaks-profile?intcmp=239)

Il a fréquenté 37 différentes établissements scolaires différents. Malgré ce que l’on pourrait en penser, il dit qu’il a beaucoup aimé cette période de sa vie. A l’âge de 13 ou 14 ans, il a commencé à travailler sur un ordinateur Commodore 64. Sa mère avait économisé pour ce cadeau et Assange a commencé à lui enseigner la codification. A 16 ans, il a son premier modem.

Sa mère se remariera après son divorce avec un musicien. Lorsqu’ils divorceront à leur tour en 1982, la garde des enfants (Julian a alors un demi-frère) opposent les parents, et Christine s’enfuit avec eux et ils vivent cachés pendant 5 ans (pour échapper également, semble-t-il, à l’emprise de la secte dans laquelle ils avaient vécu)

Assange rencontrera son père biologique à l’âge de 25 ans. Il s’apercevra alors qu’il a hérité de l’esprit particulièrement logique et dépassionné de son père et pense qu’il a également hérité de son esprit rebelle.

En 1991, il est certainement le hacker d’Australie le plus accompli. Avec deux autres fondateurs, il crée un magazine « International Subversives » offrant entre autres des trucs pratiques du style : comment s’introduire illégalement dans un système de téléphone pour téléphoner gratuitement. Les lecteurs exclusifs de ce magazine étaient les 3 hackers eux-mêmes !

Toujours en 1991, au printemps, ils trouvèrent une nouvelle cible extraordinaire: MILNET, le système électronique des données de renseignements secrets de la défense militaire américaine. Rapidement, Assange a trouvé un accès détourné. Il pénètre le système. « Nous avons eu le contrôle total sur ce système pendant deux ans » reconnaît-il. Les hackers pénètrent également régulièrement les systèmes informatiques à l’Université Nationale d’Australie.

Mais il est apprend que la police de Victoria va procéder à une perquisition chez lui. Il efface donc complètement ses disques, brûle ses documents et cache son matériel chez sa compagne. Il devint de plus en plus anxieux et déprimé. Ce qui avait commencé comme des blagues de potaches surdouées tournent au cauchemar.

A ce stade sa jeune femme le quitte avec son fils de 20 mois. Il avait eu son fils à 19 ans. La police finalement retrouve les « pirates informatiques » qui lui sont proches. Julian Assange est à ce stade dépressif et doit être hospitalisé. A sa sortie, il dort dehors passant son temps à errer dans les forêts d’eucalyptus du Parc National Dandenong Ranges. (Il se réveillait le corps couvert de piqûres de moustiques).

A partir de 1993, il est programmeur et développeur de logiciels libres et de systèmes informatiques.Il participe au lancement de l’un des premiers fournisseurs d’internet grand public en Australie.

C’est en 1994 qu’il sera inculpé et son procès aura lieu en 1996. Il se reconnaît coupable devant le tribunal du Comté de Victoria à Melbourne de 24 faits de piratage. L’accusation le décrit comme « le plus actif » et « le plus doué » du groupe, et demande une peine de prison. Les motifs d’Assange, selon l’accusation, étaient « simplement de l’arrogance et un désir d’afficher ses talents en informatique ».

Durant le procès, Assange est arrivé une fois avec des fleurs pour l’un des avocats de l’accusation, Andrea Pavleka qui est décrite dans son livre très belle. Son avocat se sent obligé de lui rappeler qu’elle ne veut pas avoir un rendez-vous avec lui mais qu’elle est là pour le mettre en prison ».

Le juge prononcera que les faits reprochés à Assange sont très sérieux. Mais il n’y a cependant aucune évidence qui démontre qu’il en a retiré un gain personnel. Plutôt que d’agir comme un hacker malhonnête, le juge dit qu’il l’a fait par curiosité intellectuelle. Il est condamné mais traité avec indulgence.

Toutefois, Assange se sent persécuté et victime. Il se retrouve sans emploi à Melbourne avec son jeune fils dont il a la garde et vit d’une pension de parent isolé.

Un livre : ("Underground" en français !) « Clandestinité : Histoires du Piratage, de la Folie et Obsession à la frontière électronique » est publié en 1997 sous le nom de Suelette Dreyfus, un universitaire de Melbourne. J.Assange y apparaît en tant que chercheur. Toutefois, son style est reconnaissable et de plus il s’agit certainement de sa biographie. Le livre décrit le monde souterrain international des technologies électroniques des années 90 : « un monde voilé peuplé de caractères se glissant dans et hors d’une obscurité en demi-teinte. Ce n’est pas un endroit où les gens utilisent leur véritable nom ». Julian Assange choisit en préface une citation d’Oscar Wilde : «  L’homme n’est pas vraiment lui-même lorsqu’il parle en son propre nom. Donnez lui un masque, et il vous dira la vérité ».

Assange commence à élaborer un brouillon, sur son blog dénommé IQ.org, d’une théorie apparemment fantaisiste qui permettrait d’éradiquer l’injustice dans le monde. « Plus une organisation est secrète, plus elle est injuste et donc plus de fuites il y aura, plus ses dirigeants deviendront paranoïaques et auront peur… Étant donné  que des systèmes injustes de par leur nature produisent des opposants et ne peuvent tout contrôler, des fuites massives les exposent en toute vulnérabilité à ceux qui veulent les remplacer par des formes de gouvernance plus transparentes. »

Son état d’esprit à cette époque là est le suivant: « Si nous ne pouvons vivre qu’une fois, faisons en sorte que cela soit un challenge, une aventure extraordinaire qui nous permettent d’utiliser tous nos pouvoirs …. Les humains dans leur jeunesse, s’ils ont des convictions, ont la responsabilité de les assumer ».

De 2003 à 2006, il étudie la physique et les mathématiques à l’Université de Melbourne. Il a également fait des études de philosophie et en neurosciences.

En 2006, lorsqu’il commença sa mission extraordinaire de publier des secrets, il enregistre le nom de domaine de l’ association Wikileaks.org sous le nom Shipton (son père biologique). Il en est le porte-parole, l’éditeur en chef et l’un des co-fondateurs. Assange commence a mettre son projet en place avec des hackers clandestins mais également avec des radicaux anticapitalistes, des activistes pour la défense de l’environnement, des activistes des droits humains et des révolutionnaires politiques.

La première apparition publique de Wikileaks s’est faite à Nairobi, au Kenya où ils avaient un stand au forum Social Mondial en Janvier 2007. Il resta de nombreux mois au Kenya avec des activistes de Médecins Sans Frontières et d’autres groupes étrangers.

Et c’est dans ce pays que Wikileaks a fait son premier coup journalistique.

Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Julian_Assange

ndtv.com/article/wikileaks

Democraty Now!

The Guardian http://www.lexpress.fr/culture/livre/underground_967681.html