« Michèle Alliot-Marie effectue un déplacement au Koweït les 25 et 26 février 2011, à l’occasion des cérémonies de la fête nationale koweïtienne. Il s’agit cette année de célébrer en même temps le cinquantième anniversaire de l’Indépendance du pays et le vingtième anniversaire de sa libération. » (source : ministère des A.É). Il était question qu’elle fasse étape à Bagdad. Mais les Irakiens auraient-ils vraiment voulu recevoir une ministre en sursis, que l’on annonce même débarquée du gouvernement dès son retour du Levant ?

Michèle Alliot-Marie est ce jour au Koweït, après un passage au Brésil, où « elle a indiqué qu’elle comprenait parfaitement que la nouvelle administration brésilienne, en place depuis le 1er janvier seulement, éprouve le besoin d’étudier le dossier FX2 d’achat d’avions de chasse avant de prendre une décision finale et a souligné à nouveau les conditions exceptionnelles proposées par la France dans l’offre Rafale. ». Du fait du retrait quelque peu précipité d’Irak de l’ambassadeur de France, muté en Tunisie, les Irakiens s’attendaient à un geste. Il fut (reste donc encore ?) question d’une escale à Bagdad. Oui mais…
Selon, notamment, le blogue du Monde consacré aux actualités de l’Élysée, Nicolas Sarkozy serait déterminé à se séparer d’Alliot-Marie au profit d’Alain Juppé, qui quitterait la Défense pour les Affaires étrangères, d’ici à lundi prochain. Nicolas Sarkozy, qui a hésité longtemps sur le dernier remaniement et notamment le choix d’un Premier ministre, peut à tout moment, si tant était que sa décision ait été prise, se raviser.
Mais il doit tenir compte d’une grogne ministérielle et peut-être du sentiment de François Fillon que le maintien de Michèle Alliot-Marie aux affaires allait plomber les prochaines élections cantonales dont dépend la future majorité sénatoriale.

Soutenue d’abord, semblait-il, fermement par le même François Fillon et l’UMP, MAM serait lâchée, selon Arnaud Leparmentier, du Monde. Il n’est pas le seul  journaliste à s’être fait souffler la confidence dans l’oreille. Le site Arrêt sur Images résume bien ce qui s’est produit : « Chacun cite les mêmes informations, ce qui laisse penser que les membres du gouvernement ont obtenu le droit, même implicitement, de distiller ces éléments. ».
Reuters précise que MAM est «
donnée vendredi partante de son poste de ministre des Affaires étrangères par plusieurs sources gouvernementales de haut rang. ».
On peut même penser que le député UMP Bernard Debré, qui s’était publiquement prononcé sur le sujet d’un départ très rapide de MAM du gouvernement, avait reçu quelques incitations à s’exprimer. Les tribunes de groupes de diplomates (Marly et Rostand, deux pseudonymes collectifs), auraient-elles été, elles aussi, suscitées en sous-main ? On peut se poser la question.
Plusieurs facteurs plaident pour un rapide limogeage de Michèle Alliot-Marie. La politique intérieure, d’abord. Ce n’est pas tant les électeurs UMP que redoute l’Élysée, mais un sursaut d’un électorat abstentionniste lors des élections cantonales. La politique extérieure, ensuite. Bernard Valero, porte-parole du ministère, a indiqué que la France ne souhaite pas la saisie de l’Otan sur la situation en Lybie. Mais le monde arabo-berbère compare un peu l’attitude de la France et de l’Occident dans l’ex-Yougoslavie en crise et les lenteurs des réactions vis-à-vis de Kadhafi. Certes, on peut comprendre que des pays ayant encore des ressortissants sur place et peinant à les évacuer ne veuillent pas livrer des otages à un régime jusqu’au-boutiste. Certes, MAM, qui savait si bien défiler et se tenir au garde-à-vous, était appréciée d’une partie de la hiérarchie militaire. Mais Alain Juppé, lui aussi ancien ministre de la Défense, peut sembler plus à même de prendre les décisions qui pourraient s’imposer, ou être imposée par les développements de la situation en Afrique et sur le pourtour sud du bassin méditerranéen.

Car il ne s’agit plus que de la Lybie. L’effet domino de l’insurrection tunisienne déborde, pas seulement d’ouest en est. Le continent africain, au-dessus de l’équateur, est loin d’être stable. L’omniprésident qu’est Nicolas Sarkozy sait qu’en cas de crises multiples, il ne pourra avoir l’œil partout  à la fois. Ses relations et son estime envers MAM étant ce qu’elles sont, en dépit de la bonne volonté de sa ministre qui avait sans doute appliqué la méthode Woerth en fonction des consignes élyséennes au sujet du Tabarkagate, il peut vouloir compter sur une personnalité moins maladroite. Cela scellerait le sort de MAM, qui n’avait pas non plus les faveurs de François Fillon.

Reste qu’Alain Juppé pourrait soit accepter, soit se défiler, soit faire monter les enchères : remplacer Fillon ? Des rumeurs ont circulé. De même a-t-on remarqué que Sarkozy avait de nouveau reçu Borloo. Mais au fond, la seule et véritable question que doit aussi se poser Nicolas Sarkozy ce week-end, c’est consentirait-il ou non de « se » démissionner peu avant le printemps 2012.

Précisions : selon Le Figaro l’étape irakienne serait annulée « Mais cette étape a été annulée, après son entrevue jeudi matin avec Nicolas Sarkozy. « Cela posait des questions de sécurité et de logistique », explique un de ses proches conseillers. « Elle souhaite préparer son entretien avec Hillary Clinton prévu lundi à Genève»   indique un autre. ». On ne sait trop ce que Sarkozy a pu dire à MAM hier matin, jeudi. D’aucuns prétendent qu’il aurait eu la courtoisie de l’avertir mais de continuer à faire « comme si… ». Selon Le Télégramme, Nicolas Sarkozy aurait proposé de vive voix à Dominique de Villepin de remplacer MAM aux Affaires étrangères. 20 minutes confirme en précisant que D. de Villepin aurait décliné l’offre. Mais pourtant, ce jour, Dominique Paillé, secrétaire national de l’UMP, a déclalré ce vendredi,  sur RMC, que le gouvernement avait « besoin de stabilité ».