La première fois que je me suis trouvée face à un tableau aborigène, je me souviens avoir été paralysée sur place, comme hypnotisée. 

 

J’en ressentais toute l’étrangeté face à ma culture et en même temps j’avais l’impression de comprendre et d’adhérer au travail de l’artiste. Étrangeté et similitude !

Cet art est apparu en Australie il y a 70 000 ans, soit 700 siècles… Il s’est développé dans deux foyers de création, en Australie centrale et septentrionale. L’art aborigène se définit par les relations étroites que les artistes entretiennent avec les mythologies du Temps du Rêve. C’est le temps de la création du monde par de grands ancêtres qui avaient des formes multiples (animaux, végétaux, êtres humains).Ces ancêtres sont partis sillonner l’Australie en créant en plus des sites cérémoniels, des cours d’eau, des rivières, des rochers, toutes les cérémonies, les danses, les chants, les codes et les lois. Pour les Aborigènes, les ancêtres représentent leur mémoire et leur art a pour mission de relater leurs déplacements pour en maintenir le souvenir. Le Rêve est donc pour eux un espace-temps sacré, antérieur, présent et postérieur. Il régit le monde et en garantit l’équilibre. L’art aborigène est  donc un récit mythologique de la création du monde.

Selon la région où il s’est développé il use de techniques et de symboles différents.

 En Australie centrale l’iconographie des œuvres peintes sur toile (grâce à l’initiative d’un professeur de dessin) repose sur tout un lot de figures récurrentes aux symboles géométriques élémentaires : des petits points, des arcs, des cercles, des lignes, des empreintes de pas d’hommes ou d’animaux. Les tableaux sont exécutés à même le sol en faisant tourner la toile selon les points cardinaux. En Australie septentrionale les peintures sont exécutées sur écorce, avec à l’ouest un style figuratif dominant, une géométrie stylisée au centre et une abstraction pure à l’est. Accrochées sur les parois des huttes ces écorces fonctionnaient comme aide mémoire à la transmission des récits ancestraux pour les enfants.

L’art aborigène a été encouragé par les ethnologues et autres intermédiaires ! Mais le contenu restant secret les artistes aborigènes ont pu ainsi affirmer leur identité face au monde, sans y perdre leur âme !  

Langage universel venu de la nuit des temps et partagé par l’ensemble des terriens.

Allez voir une de ces œuvres et soyez attentif à votre ressenti. Il n’est besoin ni de culture artistique ou historique pour en appréciez la beauté. Il suffit d’être à l’écoute de son âme. Elle  vous parlera alors de notre longue histoire, celle de la race humaine, à travers les océans et les continents.

Une exposition:

 Le grand Rêve aborigêne au Musée d’Allauch ! http://collection-ben.blogspot.com/2011/01/musee-dallauch-le-grand-reve-aborigene.html

*sources : le magasine « l’œil » février 2011

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