Les chiens sont-ils lâchés ? Oui, sans doute, mais pas de partout : il est grand temps que Serge Dassault, patron du Figaro, rachète Le Parisien/Aujourd’hui en France. Car dès qu’un nom, proche ou rapproché de près ou de loin des patronymes des protagonistes du Woerthgate apparaît, c’est l’hallali. Aujourd’hui, taïaut sur Frédéric Péchenard. Mais ce n’est pas fini : perdue pour perdue, Michèle Alliot-Marie va-t-elle réactiver Daniel Sénat en coulisses et lâcher son chef de meute du parquet de Versailles ?

Voila une information accessoire qui aurait valu, en province, à son auteur et à ses confrères de se voir rendu « tricard » d’accès aux mains courantes des commissariats de son « ressort » (de sa zone de diffusion). Ou alors, on lui aurait montré la page la moins intéressante, réservant la lecture de l’autre à ses consœurs et concurrentes. Frédéric Péchenard, le « fusible » de l’affaire des fadettes selon Yves Bonnet (voir la chronique d’hier), aurait actionné on ne sait qui pour que la conduite en état d’ivresse de son fils soit escamotée. C’était le 17 février 2009 et à l’époque, tant le signataire de l’article que ses consœurs ou confrères du Parisien n’avaient eu droit à l’information. Elle a donc été lâchée. Encore des fadettes à dépouiller en perspective.

 

Ces derniers temps, il y a du flottement dans la police. Synergie Officiers n’a toujours pas diffusé de communiqué de presse au sujet de la DCRI, préférant reproduire sur son site l’intégrale de la dépêche AFP « Fuites Bettencourt : un syndicat de police défend la DRCI ». Manque de formation évident ; à moins bien sûr que Synergie Officiers soit client de l’Agence France Presse. Et les droits d’auteurs, alors ? Mais ce n’est pas la « mutinerie vestimentaire » de la gendarmerie « refusant de manière ostensible l’intégration et l’harmonisation voulues par l’État au plus niveau » qui agite les commissariats.

 

Parfois, la base se rebiffe et refuse de fermer les yeux sur les relations d’un conseiller de Raffarin avec une prostituée mineure ou, plus récemment, sur la conduite en état d’ivresse d’un conseiller de com’ de Fillon. Certes, les rodomontades de Sarkozy donnent encore du baume au cœur, surtout lorsque, à Rennes, une bande de jeunes agresse quatre policiers et tentent de voler l’arme de service de l’un d’eux. Subir des horions, « passe encore » (guillemets de distanciation), rentrer à l’usine sans son flingue, c’est risquer en sus une sanction. « Faut-il que ce soit la course à l’échalote permanente pour se déconsidérer ainsi aux yeux des officiers de CRS qui sont des officiers responsables… » : cela remémore l’article du Canard enchaîné sur Éric Le Douaron, « ce préfet qui flique les juges ». La base ne sait plus si elle doit fournir à ses supérieurs de quoi se montrer dans les lucarnes ou préserver le secret de ce qui reste de l’instruction, un peu comme les syndicalistes de base se demandent s’il faut ou non reprendre au compte de leur fédération les marrons tirés du feu par d’autres (ci-dessus, les CRS qui avaient arraché une prime à la DGPN). La course aux chiffres, les supérieurs qu’il faut aider à se hausser du col, cela commence à bien faire. D’où, peut-être, une partie des fuites.

 

L’autre partie, d’où provient-elle ? Du seul David Sénat ? Du seul ministère de la Justice où Alexandre Jevakhoff, dit « Raspoutine » et David Sénat formaient de longue date un duo un peu particulier, forgeardisé peut-être (un néologisme du genre « sarkozyé ») au sein de la Fondation Jean Moulin, au ministère de l’Intérieur ? Michèle Alliot-Marie, voyant s’éloigner Matignon, balancerait-elle en douce, promettant des villégiatures assorties de sinécures à Biaritz à sa garde rapprochée ? Pure supposition gratuite… Une fois de plus, en revanche, le passé éclaire le présent, voire le futur, et s’il n’est pas question de David Sénat dans le livre de Jean Galli-Douani, Clearstream-Eads, le syndrome du sarkozysme, aux éds Bénévent, il est fortement question de « Raspoutine », dit aussi « Oscar », un Chiraquien-Pasqualiste devenu Balladurien tendance « stambouliote » à ses heures. Coïncidence, sur un Canard enchaîné abandonné dans un troquet fréquenté par la « confrérie », je trouve le fac-similé de l’article « Le cabinet de Besson a avalisé la circulaire anti-Roms » (comprenez : Rroms) scribouillé à la hâte. J’y décèle les noms de Squarcini, Sénat et X qui pourrait être, comme on dit, Jevakhoff. D’où provient la pièce originale ou sa photocopie ? Du quai de Javel, le confortable placard de David Sénat ? D’une « taupe » chez Besson ? Chez Péchenard ? ou chez A. M***. que le Canard n’a pas eu l’obligeance de « maquiller » (afin que la boîte de courriel de la dame, à l’Office français de l’immigration et de l’intégration, ne soit pas « enflammée » de propositions coquines) ? Quelqu’un l’aurait passé, cet original, à David Sénat ? Encore du travail pour la DCRI dont les fonctionnaires ne sont pas, admettons-le avec le secrétaire général de Synergie Officiers, des « barbouzes », mais qui, anonymement (voir chronique Woerthgate précédente), pour certains, se plaignent de la confusion des genres. francediplo.png

 

Une partie de la presse veut donc du « sang », et d’autres chiens courants lui en indiquent la trace. En période de pré-renouvellement du gouvernement, cela fuit de partout. Juppé avait dissout, Sarkozy a rendu dissolus divers membres des cabinets ministériels. Érich Inciyan, (tiens, encore peut-être un « souchien » de fraîche date… dira-t-on à la cellule de Landernau de l’UMP, s’il en est une), de Mediapart, en rajoute. Tout d’abord, le DGPN n’était pas intervenu (version Le Parisien), puis il joue ses Woerth (version Le Monde) : « cette affaire qui sort dix-huit mois après les faits dans le contexte actuel n’a qu’un but, me salir. ». Mais non, mais non, pas davantage, peut-être, que son rôle dans les affaires de scooter des fils de Sarkozy ne peut le salir vraiment. Or donc, Érich Inciyan s’est entretenu avec Jean-Jacques Reboux, du Collectif pour une dépénalisation du délit d’outrage. En 2007, 32 000 faits d’outrages, contre 16 000 en 1997. « Une augmentation quasi-exponentielle depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur en 2002, » constate Jean-Jacques Reboux. Cela se chuchote aussi à l’Usine (l’ancienne, la maison poulaga). Ce qui est sûr, c’est qu’hormis dans un titre comme Politis, naguère, personne ou presque, n’aurait sollicité les vues d’un obscur Jean-Jacques Reboux. « Cela permet à certains d’empocher 100 ou 500 euros de dommages et intérêts… sans toujours prendre la peine de se rendre au procès… », estime-t-il. Mieux que les enveloppes des primes officieuses qui retombent en cascade depuis les sommets de la hiérarchie, peut-être ? Voilà que depuis le « Cass’-toi, pôv’ con », même la presse sérieuse se fait l’écho d’ouvrages aussi confidentiels que la Lettre au Garde des Sceaux pour une dépénalisation du délit d’outrage (voir l’espace, sur Mediapart, de David Dufresne). Un livre comme celui de Jean Galli-Douani était hier l’apanage des blogues-notes, mais demain, sait-on jamais ? La « confrérie » attend l’arme au pied, ou plutôt la muselière prête à être enlevée.

 

Il est bien évident que Le Monde, Libération, l’Obs’ et d’autres ont conservé des munitions. Et qu’il leur en est fourni d’autres, qui seront engagées dans les tubes en temps idoine. Il y a de tout, de la petite mitraille, de la balle blindée pour gros gibier. Au besoin, on fait fuir sur Twitter pour mieux s’en servir ensuite, quand le vrombruissage prend assez d’ampleur pour en faire un « fait de société ». Comme cela, la presse « sérieuse » prend les gants de n’avoir pas monté en épingle un petit fait-divers estimé insignifiant dans un premier temps (ainsi, vrai ou fausse, réelle ou montage, la capture d’écran du Twitter de France diplo, repérée chez Newsnours.com). La grégarité joue aussi son rôle. Heureusement, dans la presse, on n’en est pas à balancer des bénéficiaires de condés (ici, d’un silence qui n’est pas vraiment complice, mais intéressé : « l’autorisation formelle de vous livrer à la prostitution, la promesse de vous protéger, de protéger votre julot si vous en avez un, en gros, de vous laisser travailler en paix », La Rouquine, Rolland, Romain) pour en protéger d’autres. Ni ses condés (policiers) bavards de moindre rang pour ne pas avoir à lâcher du lest sur les plus hauts placés. Question : aurait-on balancé David Sénat, chez MAM, pour protéger le sommet, celui qui agit en coulisses pour « flinguer » les autres concurrents de la course à l’échalote de Matignon ?

 

Énoncé ainsi, cela ne fait pas « sérieux ». Comptez sur la presse « sérieuse » pour l’écrire bientôt plus élégamment. L’écheveau de la presse et du pouvoir, quel qu’il soit, est tissé de connivences et de conflits d’intérêts. Les coups bas et les recours en grâce visent les uns et les autres et bénéficient parfois aux mêmes, selon le vent des occasions et l’opportunité du moment. Bernard Tapie en sait quelque chose. Selon les périodes, il avait les chiens à ses basques ou à ses pieds. Là, on se contente de le renifler. Woerth a été mordu plusieurs fois au jarret, mais pas encore au garrot, il le sait. Personne ne va non plus fouiller les comptes de la Fondation Condé de Chantilly. Pour le moment, Jean-Louis Debré va faire sa promenade nocturne au Cercle Gaillon (poker), la Cour des comptes, soit l’entourage de Didier Migaud, ne fait pas trop bénéficier la presse de fuites. Mais quitte à contourner les règles de la bienséance, via l’Allemagne par exemple, et un titre ami ou un autre (ainsi de l’affaire de l’amant et amante présumés de Carla Bruni et Nicolas Sarkozy, pour laquelle la presse britannique fut mise à contribution), « on » saura faire. Il n’y a pas que Nicolas Sarkozy à savoir lâcher de Bruxelles ou d’ailleurs une information qui, même ensuite contredite (là, dernièrement, sur les évacuations des camps Rroms), aura fait saigner. Philippe Waucampt, du Républicain Lorrain, avait estimé que dans le Woerthgate, « l’affrontement, désormais, ne pourra plus cesser au premier sang. » (voir « Woerthgate : bombe à fragmentation »). C’était vrai avant-hier, un peu moins hier, pas trop évident aujourd’hui, mais bien moins que demain…

Vous voulez non pas une preuve, mais un indice validant mon « analyse » ? En général, je suis « tricard » sur Le Post, parce que je… Enfin, bref. La grégarité, vous dis-je : quand l’essentiel est menacé, on fait bloc. Merci aux consœurs et confrères, j’espère que cela ne vous retombera pas dessus…

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