La rentrée approche à grands pas et déjà certains enfants sont prêts à intégrer leur nouvelle classe de petits surdoués. Les parents, nerveux, se posent bons nombres de questions. Va-t-il réussir ? Va-t-il s’adapter ? Quels seront les résultats ? Sera-t-il le plus jeune de sa classe ? Avons-nous bien choisi l’école ? N’aurions nous pas dû le laisser dans une classe plus « classique » ? Et encore bien d’autres questions qui viendront se rajouter à la longue liste d’interrogations tout au long de l’année scolaire.
Un enfant diagnostiqué « précoce » est un enfant à qui l’ont aura fait « subir » toutes sortes de tests afin de "mesurer" ses capacités intellectuelles. Il s’agit de tests de quotient intellectuel et de tests psychologiques et psychomoteurs. Pourquoi ? Dans la majeure partie des cas, ces enfants vont se distinguer au travers de leurs résultats sur les bancs de l’école. Les statistiques révèlent qu’environ un enfant par classe serait doté de précocité, soit environ cinq pour cent de la population infantile. Nous pourrions (pour schématiser) les « ranger » dans deux sortes de catégories.  Pardonnez moi du terme, mais comment réussir à employer un mot adéquat alors que ces enfants sont eux même la cible de préjugés et que parfois on les assimile à de simples chiffres…
 
D’un côté, nous trouverons les enfants qui présentent d’excellents résultats et qui sont souvent un peu en avance sur leurs petits camarades. Qu’entendons nous quand il s’agit d’utiliser le mot « avance ». En réalité, il s’agit d’assimilation, de compréhension plus rapide. Certains enfants connaissent déjà les thèmes abordés lors des cours et le programme scolaire peut parfois sembler peu adapté à leur capacités. Très souvent, ces enfants ne sont pas détectés et ne font pas l’objet de tests, tels de petits animaux de laboratoire. Leur réussite suscite l’admiration de leur entourage et cela les encourage à rester dans les « rangs ».
 
D’un autre côté, se situent les enfants (environ un tiers des enfants dits « précoces »), qui eux aussi souhaiteraient aller un peu plus vite car ils ont d’ores et déjà assimilés les connaissances que l’enseignant leur inculque. Mais vu que le programme ne peut pas toujours s’adapter à certains élèves, ceux-ci se mettent en marge. Ils s’ennuient, parfois allant jusqu’à s’isoler complètement du reste des élèves. Il peut même de temps en temps arriver que des enfants, se sentant totalement incompris, se renferment dans une sorte de mutisme. Et c’est alors que les résultats s’en ressentent. La communication est rompue et l’enfant se désintéresse complètement, délaissant ainsi son travail scolaire et pouvant alors être perçu comme étant un « cancre ».
 
Les diagnostics de précocité, si on peut les nommer ainsi, revêtent parfois une certaine « délivrance » pour les parents en quête de « normalité ». Soulagés ou effrayés, ils arrivent à poser une explication au cursus scolaire de leurs chers bambins. Mais le diagnostic ne résout pas pour autant tous les problèmes. Que faire d’un enfant qui a des besoins particuliers en matière d’apprentissage ? Le scolariser dans des classes ou écoles spécialisées ? Lui faire « sauter » des classes et ainsi le décaler vis-à-vis de l’âge des autres élèves ? Le laisser s’épanouir, grandir au rythme des autres enfants de son âge, pour ne pas accentuer sa différence ? Le faire suivre par un psychologue ?
Toutes ces questions trouvent réponses en fonction de la maturité de l’enfant et de ses souhaits. Et comme personne n’est parfait, quelque soit le choix, l’enfant subira une transition qui pourra impacter grandement sur son avenir.
La précocité reste encore un sujet bien particulier, surtout lorsqu’il touche à l’enfant.
Pour certains parents, il s’agit d’une sorte de faire valoir, une espèce de carte de visite. "Regardez, mon enfant est un petit génie. Plus tard, il sera chercheur au CNRS, ingénieur chez Ariane, grand avocat, nous l’inscrirons à l’ENA…" Et si l’enfant aspirait lui, le plus simplement du monde, à pratiquer un métier manuel et conserver ses passions au niveau de simples passe-temps, qui lui permettront d’exercer les talents qui lui sont propres ? Certains parents ne l’envisagent pas. Ils rentrent dans la course aux résultats, la course au chiffre : quel est son QI ? Comme si un simple chiffre permettait de « mesurer » la valeur un enfant !!!
Quand on regarde bien certains adultes qui ont eu la chance de faire des années et des années d’études, et quand on compare le peu d’intelligence pratique qu’ils ont… La culture et le savoir ne font pas tout ! Un être peut être très intelligent (cultivé, multi diplômé, ultra pointu dans ses analyses selon son domaine de prédilection…) et être très « idiot » ou totalement insensible dans la vie de tous les jours !
 
Alors la question que je me pose est la suivante : pourquoi certains parents essayent-ils , coûte que coûte de créer des petites « machines de guerre à savoir » avec leur enfant ? Quel est l’intérêt de surstimuler un tout petit ? Pour apposer la marque de fabrique « c’est moi qui l’ai fait » ?
Bien évidemment, quel parent n’a pas rêvé d’avoir un enfant qui réussira sa vie ? Mais réussir sa vie ne signifie pas forcément faire la course aux chiffres, qui parfois ne veulent rien dire. Un enfant, quel que soit son « chiffre » a besoin d’attention, a besoin d’affection, a besoin d’être guidé. Ses besoins et aspirations, qui lui sont propres, doivent rester les siens et pas ceux de son entourage. Un jeune en demande, un jeune qui souhaite apprendre ne doit pas être freiné. Mais il ne doit pas non plus être « forcé ». Personne n’a le droit de lui ôter sa part d’innocence sous prétexte qu’il a des capacités. Et cela est également valable pour des enfants non détectés comme ayant un potentiel intellectuel élevé.
Pour intégrer de grandes écoles, certains parents n’hésitent pas à marteler le cerveau de leurs enfants par de l’apprentissage de chaque instant. Des enfants de deux ans peuvent ainsi connaitre les lettres de l’alphabet et savoir écrire à seulement trois ans. Ceux-ci sont surentrainés, oui, ce sont des petites « machines de guerre à savoir », des minis Einstein. Et pour quoi ? Pour intégrer l’école dont papa et maman rêvaient avant même que bébé ne pointe le bout de son nez ! Parce qu’en société, cela peut en impressionner plus d’un ! Oui, mais au détriment de qui? Au détriment de l’enfant, qui passe à côté de son innocence et au lieu de jouer à son rythme se voit imposer la mégalomanie de ses parents !
Alors pour éviter la généralisation, heureusement tous les parents ne sont pas comme cela. Certains souffrent même de la précocité intellectuelle de leur enfant et prennent cela pour un handicap. Ces parents, ceux qui doutent à chaque instant, sont ceux qui réussiront le mieux avec leur enfant, même s’ils font des erreurs, car eux, ils ont pris conscience de la part de bonheur que leur enfant mérite…
 
En conclusion, je dirai qu’un chiffre, quel qu’il soit, ne veut rien dire. Il permet simplement d’explorer des possibilités d’orientation adaptées à l’enfant. Chaque parent devrait être fier de son enfant, quels que soient ses résultats ! Il suffit de creuser un peu pour découvrir un potentiel propre à tout un chacun et savoir le faire grandir pour l’épanouissement de toute la famille. Malgré tout, dénigrer cette capacité que certains enfants possèdent est dommageable. Chaque enfant est particulier, les programmes scolaires ne peuvent s’adapter parfaitement à chaque tempérament. Pour autant, certaines différences existent bel et bien, alors pourquoi ne pas les valoriser simplement pour le bien être de l’enfant ?