une vraie duperie à la Française !

 

Saura-t-on jamais la réalité, qu’importe puisqu’elle est libre mais tout même après un mois et demi d’emprisonnement à la Prison d’Evin neuf mois de captivité pas moins de trois présidents, le Syrien Bachar Al-Assad, le Sénégalais Abdoulaye Wade et le Brésilien Lula Da Silva, sans compter le président Sarkozy, et le staff diplomatique Français. A lire la presse cela n’a pas été facile, elle aurait été un Agent sans l’être tout en l’étant non immatriculée à la Direction Générale des services extérieurs DGSE, mais selon Pierre Siramy ancien sous directeur de la DGSE affirmait sur LCI que Clotilde Reiss qui n’a jamais été une espionne au sens classique du terme, mais fournissait des informations à l’ambassade de France «dans deux domaines très particuliers», la politique intérieure Iranienne et la prolifération nucléaire. On n’est loin de prises d’informations et de photos toutes simples et inoffensives avec son portable pour encourager les émeutiers, et envoyé des Emails à un correspondant à Téhéran lors des manifestations contre le régime Iranien.

Elle est venue vers l’ambassade et elle a tout à fait accepté les conditions, c’est-à-dire la plus grande discrétion, qu’elle a totalement respectée, ajoutait l’ancien espion. M. Siramy, qui vient de publier avec le journaliste d’investigation Laurent Léger un livre de mémoires, 25 ans dans les services secrets, a également déclaré que Clotilde Reiss a été  «honorable, courageuse» et «qu’elle mérite d’être saluée comme quelqu’un qui a très bien travaillé».

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Rien d’étonnant dans ces conditions que le président Sarkozy ne tente pas par tous les moyens de libérer notre protégée. Mais plus encore, Pierre Siramy affirme que la jeune fille fournissait des éléments d’information sur le plan diplomatique et nucléaire depuis deux ou trois ans au correspondant local de la DGSE. Pour lui, elle n’était ni un agent au sens formel du terme, ni même un «honorable correspondant, mais un contact», ces deux dernières catégories de personnes n’étant pas rémunérées pour les informations fournies. C’est tout à fait évident quand une personne d’apparence inoffensive parle correctement le farsi et passionnée depuis des années d’Iran de plus lectrice à l’université d’Ispahan de l’utiliser pour des informations de renseignements même si, elle n’est pas vraiment une «espionne» au sens propre du terme ! Pouvait-elle refuser de donner de telles informations non dès lors qu’on le lui demandait ? En fait, les Iraniens se doutaient des agissements de Clotilde Reiss, elle était surveillée dès lors qu’elle était sur le territoire Iranien selon Ali Ahani, ambassadeur de la République islamique d’Iran en France. L’ambassadeur d’Iran faisait également état d’un rapport de stage que la jeune fille avait rédigé pour le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) où travaille son père, affirmant, «Ce document justifie nos doutes à son égard».

Les choses sont claires et l’on est en droit de se poser la question, avait-on le droit d’engager une jeune femme dans une telle galère pouvant compromettre sa vie dans un pays au régime des Ayatollahs ?

Bien entendu le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner rejette en bloc ces accusations «Nous démentons formellement et catégoriquement les allégations selon lesquelles Clotilde Reiss aurait collecté des renseignements sur l’Iran au profit du gouvernement Français, et a fortiori qu’elle aurait été employée par les services de renseignement», a déclaré le Quai d’Orsay lors du point de presse électronique. «Ces allégations ne sont pas seulement totalement fantaisistes. Elles sont également irresponsables». En fait, il a raison, elle n’a pas été employée puisque non rémunérée mais cela n’empêche pas de délivrer des informations eu égard à ses relations, nuance. C’est donc l’ambiguïté de ce problème politique ou à la fois, elle était utilisée sans l’être vraiment tout en l’étant. Les autorités Françaises ne sont pas claires dans cet imbroglio politico diplomatique.

La chronologie des évènements,

15-17 juin 2009, manifestations en Iran pour dénoncer le résultat de l’élection présidentielle. Lectrice à l’université d’Ispahan, Clotilde Reiss transmet des photos et des informations à l’ambassade de France.
1er juillet, arrestation de la jeune femme à Téhéran, sous l’accusation d’espionnage.
1er août, comparution devant le tribunal révolutionnaire de Téhéran. Deux autres vont suivre, le 17 novembre et le 23 décembre.
16 août, libération sous caution. Clotilde Reiss doit toutefois rester dans l’ambassade de France, en attendant la conclusion de son procès
16 janvier 2010, quatrième et dernière comparution devant le tribunal.
5 mai, la justice française rejette une demande d’extradition vers les États-Unis de l’ingénieur iranien Majid Kakavand, retenu en France depuis mars 2009 à la demande des Etats-Unis.
15 mai, Clotilde Reiss est condamnée à deux peines de cinq ans de prison pour atteinte à la sécurité nationale et pour avoir remis des informations et des photos de manifestation de l’opposition à des étrangers, mais cette double peine est commuée en amende de 230 000 euros.
16 mai, Retour en France.

Un échange comme on aime les voir au cinéma. L’affaire devient de plus en plus compliquée toutes les tentatives de médiation ont échoué. Le 22 septembre, le président Iranien change de stratégie et laisse entendre que la jeune Française pourrait quitter l’Iran si Ali Vakili Rad, détenu en France pour l’assassinat de Chapour Bakhtiar, dernier premier ministre du Chah d’Iran, était libéré. Le président Brésilien Lula da Silva sollicité dès l’origine de cette affaire s’étant attiré les bonnes grâces de Téhéran en jugeant impossibles que des fraudes massives aient entaché la présidentielle Iranienne en raillant les pleurnicheries des opposants. Il en faut pas tant pour mettre le président M. Ahmadinejad dans sa poche d’autant que celui-ci voulait se sortir des sanctions sur le dossier nucléaire.

Mercredi 12 mai, Sarkozy a fait un geste public de bonne volonté en appelant Lula da Silva pour l’assurer de son «soutien total», officiellement dans ses efforts sur le dossier nucléaire et aussi, officieusement, pour son intervention dans le dossier Reiss. Le même jour, l’Elysée reçoit des signaux positifs de Téhéran. Le dossier Reiss est mûr, car la menace de sanctions contre l’Iran sur le nucléaire se rapproche devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Le moment est venu pour M. Ahmadinejad de montrer sa bonne volonté. Dimanche 16 mai, les présidents du Brésil et de la Turquie, États membres du Conseil de sécurité, pour une médiation qualifiée «de la dernière chance» sur le nucléaire. Un accord est annoncé lundi, alors que la capitale Iranienne accueille le sommet du G15, qui regroupe d’anciennes puissances non alignées, on connait la suite.

Alors, Clotilde Reiss a-t-elle été libérée lors d’un échange, probablement oui. S’il n’y a pas eu de  contrepartie au grand jour, le 10 février 2010, l’avocat de M. Vakili Rad a obtenu du parquet de Paris et du tribunal d’application des peines un avis favorable à sa demande de libération conditionnelle, formulée avant l’affaire Reiss. Déclaré libérable par la justice pour avoir purgé sa peine de sûreté de dix-huit ans, M. Vakili Rad doit encore faire l’objet d’un arrêté d’expulsion vers l’Iran pour pouvoir être libéré. Le gouvernement Français a refusé de signer cet arrêté jusqu’à la libération de la Française, afin de ne pas accréditer l’idée d’un échange au moment où  «les autorités Iraniennes retenaient une innocente». On a donc prolongé la captivité de Clotilde Reiss par ce que l’on ne voulait pas qu’elle soit l’artifice d’un échange que l’on a quand même fait sans le faire tout en le faisant. Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur, a annoncé avoir signé l’ordre d’expulsion, lundi 17 mai, la veille du jour où le tribunal d’application des peines devrait rendre sa décision de libération. Celle-ci sera alors exécutable immédiatement. Tout laisse a penser que M. Vakili Rad sera expulsé en Iran, on ne voit pas autrement.

Quand au second Iranien Majid Kakavand, un ingénieur arrêté le 20 mars 2009 à Roissy, en vertu d’un mandat d’arrêt Américain l’accusant de trafics illégaux de technologie sensible. L’examen par la justice Française de la demande d’extradition de M. Kakavand, demandée par les États-Unis, a donné lieu à une course de lenteur. Le 5 mai, la cour d’appel de Paris a rejeté la demande d’extradition Américaine au motif que les faits reprochés à l’ingénieur Iranien n’étaient pas réprimés par la loi Française. Le départ de Majid Kakavand pour Téhéran, immédiatement après l’annonce de cette décision, semble avoir ouvert la voie, dix jours plus tard, à la libération de Clotilde Reiss.

Dans ce genre d’affaire on ne peut être parfaitement transparent et il est tout à fait concevable que des échanges aient lieu sans cela comment faire libérer une personne otage ou prisonnière dès lors que le seul levier que l’on dispose est celui du donnant donnant. Le problème est que notre président à encore une fois mangé son chapeau après avoir déclaré qu’il ne céderait rien à l’Iran.

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