TOUT CE QUI BRILLE (comédie sociétale)
2010
Réalisé par Géraldine Nakache et Hervé Mimran,
Avec Géraldine Nakache, Leila Bekhti, Audrey Lamy, Virginie Ledoyen
1H40
TOUT CE QUI BRILLE est sorti le 23 mars2010. Il s’agit du premier long-métrage de Géraldine Nakache, révélée en 2006 grâce au film COMME T’Y ES BELLE. Entre tendresse et cynisme, entre joie de vivre et confusion, la jeune réalisatrice embarque son spectateur sur les traces de deux belles de cité, Ely et Lila, respectivement interprétées par GERALDINE NAKACHE elle-même et LEILA BEKHTI.
Synopsis
Ely et Lila sont de jeunes oiseaux rebelles, enfermées toute la semaine dans les cages de leur cité de Puteaux (rien que la consonance de ce nom est tout un poème) à dix minutes de Paris (mais comme dira Ely : y en a marre d’être à dix minutes de sa vie), elles s’envolent dès que possible vers les fêtes branchées de la capitale. Là-bas, dans un monde de strass et de paraître, pour la nuit ou un peu plus, elles se fondent au milieu de ces gens à qui elles semblent vouloir ressembler absolument et elles s’inventent des rêves qui brillent.
Puis, sagement, sans heurt et sans amertume, comme une fatalité acceptée, elles retournent, routine bien huilée, à la réalité de leur cité.
Pourtant, une rencontre les mènera un peu plus près de ces étoiles, de ces élites nanties qu’elles rêvent de côtoyer, et la fatalité sera de moins en moins bien assumée. Alors, Lila se rebelle, Ely semble paumée. Il n’y a plus de limites : on veut trop croire au rêve, on perd pied avec la réalité.
Ambiance
La gageure était de proposer au spectateur une peinture attendrissante et percutante mais qui évite de tomber dans le cliché facile. Avec sa connaissance personnelle du milieu qu’elle décide de filmer, Géraldine Nakache évite ces écueils. Pas de misérabilisme, pas de singeries lexicales supposément représentatives de la cité.
Certes les questions soulevées par l’intrigue, plutôt prévisible, n’ont rien de nouveau : comme le titre même du film nous le souffle, on n’aura de cesse de se demander si ces deux belles comprendront à la fin que tout ce qui brille n’est pas d’or… Le chemin emprunté est donc plutôt connu. Mais la jeune réalisatrice invite son spectateur à y avancer en sautillant, en tourbillonnant, en faisant des détours, en sortant du tracé. Parfois il tombe et pleure un peu sur son genou écorché. Parfois il s’invente une mélodie dans sa tête qu’il suit ensautillant de plus belle et en riant.
Le jeu des acteurs – surtout des actrices, mis à par Manu Payet – est incroyablement inspiré, plein de vie et de réalisme, les émotions à fleur de peau. Ce film est rempli de tendresse et de fraîcheur. Et s’il ne révolutionne pas le cinéma français, il lui fait tout de même honneur.Leila Bekhti est tantôt touchante tantôt agaçante, toujours troublante de sensibilité.
Géraldine Nakache apparaît plus posée mais plus maladroite aussi parfois. Le duo de ces deux-là est extrêmement efficace : elles proposent deux personnages à la fois complémentaires et fusionnels. Audrey Lamy apporte une touche supplémentaire de délire dans ce film aux répliques déjà pas piquées des vers, avec son naturel entre hystérie et drôlerie. Manu Payet, enfin, même s’il ne tient un rôle que très secondaire, finit de s’installer solidement dans mon estime comme un acteur qui sait autant, et facilement, faire rire qu’émouvoir.
Enfin, le gros avantage du film, même si sa trame narrative reste sans surprise, réside dans sa fraîcheur. On évite les clichés faciles à propos de la cité : la délinquance, le racisme, la violence, le langage particulier… Ces points sont évoqués mais avec humour et originalité, ainsi qu’avec une grande dose de réalisme.
A voir pour l’impression de nouveauté…