Associations, sites de rencontres, soirées spéciales célibataires. L’amour a pris un tournant inattendu. Il est devenu un objet de consommation à part entière.

« Le principe de l’association Les Solos est de proposer plus d’opportunités qu’ils n’ont », explique Jean-Michel El Cabache, l’un des parrains de l’association. Les Solos, c’est plusieurs antennes en France, dont 97 adhérents sur Nancy. Ils se qualifient comme « une joyeuse bande de copains qui se réunissent autour de diverses activités ». Une auberge espagnole en somme. « Nos valeurs sont l’ouverture, le respect et la liberté ». Mais pour y adhérer il faut être veuf, divorcé ou célibataire. Et avoir plus de 30 ans. A Nancy, la moyenne d’âge est de 52 ans. 70% sont des femmes.

Internet, au premier plan

Depuis 2003, son succès grandit. Plus de 117 000 adhérents. Elle doit son succès par sa couverture internet. Leur site héberge un forum très actif. Il est essentiel dans leur organisation. « Mais pour ceux qui ne l’ont pas, on leur envoie régulièrement des courriers pour les informer ». Car le principe reste la rencontre, et l’amitié. Quant aux couples, « ils sont tolérés. Mais le but principal est de retrouver une vie sociale. Car après une rupture, les gens sont souvent isolés »rappelle Jean-Michel El Cabache. C’est bien de solitude dont il est question en ce début de millénaire. Les Solos ne sont pas les seuls à proposer ce concept.

Sur Internet, le nombre de sites explose. Il y a notamment Meetic, grand favori avec ses 42 millions d’adhérents, rien qu’en Europe. Les gens s’y inscrivent pour faire des rencontres, comme témoigne Amélie, utilisatrice du site. « On se crée son profil, et après on discute avec des gens. Et quand le courant passe, on s’organise un rendez-vous ». Mais difficile de trouver la perle rare. « Il y a souvent des surprises. La personne peut ne pas correspondre à son profil ». Alors d’une relation longue et harmonieuse, on passe vite à des rencontres furtives, et à durée très limitée. Et puis finalement, l’amour devient un jeu, puis du shopping. Les internautes peuvent dorénavant consommer un homme, comme on achèterait un sac à main, ou un chien.

L’homme-objet

C’est ce principe qui est proposé sur le site adopteunmec.com. Les femmes sont invitées à mettre les hommes qui leur plaisent dans un panier, puis à les adopter. Pour aboutir à une hypothétique rencontre. Ici, tout est pris au second degré. Les humains deviennent des marchandises, on sélectionne leur physiologie comme on choisirait la race de notre toutou. Et cela ne gène personne, au vu des 1,5 millions d’adhérents.

On l’a bien compris, la tendance est à l’immédiateté, et le second degré. Les gens s’investissent moins, mais veulent quand même échapper à la solitude.

Quitte à passer des moments fugaces avec les autres. Pas une semaine ne passe sans qu’une soirée « spéciale rencontre » ne soit organisée. Etrange paradoxe. Même l’association Speed-dating Nancy entre dans le jeu.« Par manque de temps pour la préparation des soirées, nous avons arrêté les rencontres Speed Dating » , indique Medhy Bouchiba, le président. L’amour devient objet de consommation. On l’utilise si on a un moment. Et puis lassé, on le met au placard. Dérisoire déviante. Dans le temps les mariages étaient arrangés. Finalement la boucle est bouclée.