La polémique fait rage autour du débat Royal / Bayrou : ça et là, on met en question la légitimité de l’intervention du « 3ème homme » dans la phase finale… Mais surtout, c’est encore une fois l’évocation des pressions qu’aurait exercées Nicolas Sarkozy sur la sphère médiatique qui défraient la chronique…
Le débat entre les chefs de file du PS et de l’UDF devait avoir lieu sur Canal+, laquelle avait finalement « jeté l'éponge sur fond d'accusations de pressions ». [1]
M. Bayrou a parlé au sujet de l’annulation de ce débat de « pressions » et de « menaces » venant de l’ex Ministre de l’Intérieur du gouvernement sortant. « Il y a dans l’organisation de Nicolas Sarkozy depuis longtemps, une tentative de verrouiller l’information », a-t-il déclaré [2]
La presse française ne manque pas de se saisir de la question, dans la mesure où l’indépendance de la profession est à nouveau en jeu. [3]
Ainsi, parmi les réactions des éditorialistes, on pouvait lire dans le quotidien Le Monde que « l'empêchement de facto d'un débat préalable entre la candidate socialiste et le candidat de l'UDF est anormale et regrettable ». Gilles Dauxerre estime dans la Provence, au sujet dudit débat qu’ « une démocratie solide ne doit pas en avoir peur ». Jean François Kahn (Marianne) interpellait ses confrères de la presse hier soir sur France 3, sur le péril que représenteraient de tels agissements de la part d’un politique sur la crédibilité de la profession journalistique.
Plus sceptique sur la question, l’éditorialiste du Figaro –quotidien plus enclin à soutenir l’option incarnée par le maire de Neuilly – cherche pourtant à ironiser : « Nicolas Sarkozy est un apprenti dictateur. Le fils caché de Poutine et de Berlusconi. (…) le candidat UMP a tissé sa toile sur tous les médias. La presse régionale est aux ordres. Canal + à la botte. TF1, Europe 1 et Le Figaro, cela va de soi ».
Le récent soutien de M. Romano Prodi en direction de la candidate socialiste viendrait ainsi évoquer la bataille que Mme Royal se devrait de mener face à celui que certains nomment comme le « Berlusconi à la française ». [4]
Le débat tant annoncé aura finalement lieu (ou plutôt, est en train d’avoir lieu) – certes -, mais sur une chaîne d’info en continu « encore relativement confidentielle » dont la part d’audience se situe autour des 0,7%. [5]
[1] AFP, Débat Royal-Bayrou: BFM TV et RMC se substituent in extremis à Canal+, Marie-Dominique FOLLAIN, 27 avril 2007.
[2] François Bayrou face à Jean-Michel Aphatie, RTL.
[3] On sait que celle-ci est déjà largement empiétée par le fait que de nombreux titres sont la propriété de grands groupes industriels, financiers, voire pis, militaires : voir « la carte du Parti de la presse et de l’argent » proposée sur le site du Plan B : http://www.leplanb.org/documentation/cartePPA-juin2006_l.pdf et dans sa version actualisée 2007 dans le Plan B N°7 (Avril – Mai 2007).
[4] Cette assimilation est à étayer au regard des polémiques plus anciennes sur les relations de M. Sarkozy avec la presse : voir entre autres « Sarkozy, conseiller en recrutement d’Elkabbach : de quoi enflammer les rédactions ? » sur le site d’Acrimed (www.acrimed.org) ou encore les déclarations à l’encontre des journalistes de France 3, évoquées à la note [4] de notre article « Deux candidats, deux projets de société », http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=2900&Itemid=218
[5] AFP, op. cit.