Plutôt discrète ces derniers mois, l’ex Ministre de la Justice réapparaissait sur le devant de la scène médiatique en même temps que sa réforme se traduisait par les premières fermetures de tribunaux. Dans des médias choisis et variés, elle distillait humilité, charme et décontraction pour mieux dévoiler de futures ambitions. Du "Elle a changé" jusqu’à la prédiction d’un "destin" politique Capitale, ces Unes collaboratrices n’ont cependant pas résisté à sa désinvolture et à sa légèreté. La faute à un petit micro qu’elle portait dans le cadre d’un reportage mais qu’elle n’a pas pensé à enlever au moment d’engager une conversation téléphonique particulièrement profonde et inspirée.

Comme dans l’épisode de l’auvergnat d’Hortefeux, les proches s’indignent des images "volées" un terme toutefois assez inapproprié tout de même étant entendu que Rachida Dati portait volontairement cet ustensile destiné à la promouvoir dans son rôle de député européen. Piégée par les médias la plus médiatique des sarkozy girl ? toujours sur l’Europe en tout cas comme jadis lors d’un quizz UMP assez goguenard…

L’impression générale, c’est finalement d’assister à un nouvel épisode de Voyage en terre inconnue. Quand Rachida part à la rencontre des euro-députés, loin du bling bling, du luxe parisien et du confort professionnel qui fait son quotidien. Si cette émission peut être diversement appréciée dans son concept, on peut regretter qu’il ne s’agisse pas là d’un montage mais de la triste réalité de notre France politique.

 

Qu’une politicienne professionnelle se sente aussi peu à l’aise dans son environnement interpelle forcément sur le coût de son inutilité pour le contribuable européen, le poids de son absence de conviction et l’abyssale désintérêt de tout ce qui ne concerne pas sa petite personne. Malgré un plan de com bien rôdé destiné à lui fabriquer une étoffe de héros, son impatience et sa suffisance ravive son image hautaine, calculatrice limite imposteur. Si l’on ne manqua pas de rappeler qu’il manquait quelques lignes à son CV, notamment l’obtention d’un MBA salvateur pour intégrer sur titre l’Ecole Nationale de la Magistrature, il est avéré aujourd’hui que Rachida Dati n’est pas diplômée d’un quelconque media-training…
Une conception on dira trés personnelle de la numéro 2 de la liste UMP en Ile de France de la représentation politque qu’elle qualifie volontiers dans sa conversation privée de "faire la maligne", les intéressés apprécieront, d’ailleurs ils apprécient peut-être, sûrement même au regard de sa carrière plutôt fulgurante.

 

Bien sûr, les oiseaux de mauvaise augure ont tout de même qualifié son départ du gouvernement de désaveu et son engagement pour les Européennes plus opportunistes qu’autre chose. Mais elle s’est forgée de fait une identité politique peut être insuffisante pour briguer le sommet mais bien suffisant pour durer. Le malaise est cependant palpable à l’entendre se justifer en surfant allégrement sur son statut de minorité visible :
"Je trouve qu’on n’aurait pas fait ça à un homme" parait ainsi bien énigmatique comme si des hommes politiques avant elle n’avaient pas été pris par des micros ouverts à commencer par le plus illustre du moment sur un plateau de France 3 ou lors d’un salon de l’agriculture agité. Quand à évoquer "C’est aussi une organisation pour une femme d’avoir son activité familiale et son activité professionnelle" pour une habituée des soirées parisiennes et des escapades à l’étranger, c’est assez cocasse.

Reste le traditionnel "On ne me pardonnera rien, on ne m’a jamais rien pardonné, ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer" qui peut renvoyer à ses origines ethniques comme à son parcours professionnel.

Mais là encore, l’ancienne chargée d’étude stagiaire auprès de la direction comptabilité-finance du groupe Elf Aquitaine (grâce à Albin Chalandon), entrée ensuite à la direction de l’audit de Matra communication (après une rencontre avec Jean-Luc Lagardère), a passé ensuite un an à Londres (auprès de Jacques Attali) à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. On fait pire dans la difficulté non ? Plutôt que le Grand Pardon, on a l’impression de revoir le Parrain… En 1992, avec un financement de … Matra, elle suit les cours du MBA d’HEC sans en obtenir le diplôme. Recalée quelques temps plus tard du Conseil d’Etat malgré d’influents soutiens, elle devient directrice générale adjointe au conseil général des Hauts-de-Seine, sous la présidence de Nicolas S. Et ainsi de suite.
Aussi dois-je mieux comprendre ses propos s’ils signifient qu’on ne lui pardonne pas ce parcours particulièrement protégé et peu justifié par ses qualités exprimées dans l’exercice de ces fonctions obtenues par la grâce.
Alors que Rama Yade avait au moins eu le courage de refuser, Rachida Dati semble s’empêtrer dans ses incohérences d’avoir accèpté ce qui ne lui plaît pas. Déjà épinglée pour avoir omis de déclarer au Parlement européen ses indemnités d’élus parisiens comme l’existence de sa récente société de conseils, elle annonce un drame prochain dans l’hémicycle. On peut la rassurer, le drame se déroule déjà, là, sous nos yeux, l’indécent spectacle d’une représentation politique de pacotille déconnectée de tout et ne devant répondre de rien.
A l’heure de la réforme des collectivités locales qui annoncent fièrement une division franche du nombre d’élus, il est à craindre que ceux là-même qui foulent du pied toute éthique et fondement démocratique seront mieux protégés que les obscurs serviteurs de la République. Pas rassurant.