Lille a alterné en novembre le bon et le moins bien avant de monter nettement en puissance dans le dernier mois de l’année. 12 buts en trois matchs, 15 points pris sur 18… Sacrément chouette.
Le Champion de France au tapis à Villeneuve d’Ascq, il y avait de quoi pousser un bon ouf de soulagement couplé avec le sentiment légitime que l’équipe, plutôt brillante à l’échelon européen, trouvait enfin la bonne carburation dans l’hexagone. Les journalistes parisiens avaient beau ne souligner que le non-match bordelais, les supporters, tel votre serviteur, s’enflammaient un brin.

Le match suivant à la Mosson ne devait être qu’une longue douche froide. Sans ressort, sans envie, les dogues étaient aimablement balayés par des promus affamés.

Sans révolte ni soupçon de combativité ils se laissaient ainsi proprement marcher dessus pour s’incliner logiquement 2/0.

Le yoyo se poursuivait donc à l’heure de recevoir Valenciennes pour un derby inquiétant face à la meilleure équipe nordiste de cette première partie de championnat.

Sous pression, obligés de bricoler une défense fébrile, le pire était à craindre face à VA joueuse et buteuse en diable.

Que nenni, à l’issue d’un match de haute volée et d’engagement constant, Lille dynamitait le voisin en s’appuyant sur deux joueurs offensifs particulièrement en réussite : le revenant Frau et l’insaisissable Gervinho.

Et nous voilà bien  rassénérés avant un déplacement qui pouvait être décisif en Europa League à Valence. Las, à peine deux minutes suffirent pour que Landreau ne cherche le ballon dans ses filets et il fallut attendre la 90° pour que le Losc marque enfin.

Mais le mal était déjà fait avec trois buts dans la musette. Pourtant, en jouant plus haut et plus vite les dix dernières minutes, les hommes de Rudy Garcia firent enfin jeu égal.

Mais sans un grand Landreau le score aurait pu dangereusement enfler auparavant tant la défense lilloise s’était montrée dépassée à maints reprise. L’énigme Emerson étant même changée à la mi-temps…  Valence bien supérieur avait-il pour autant besoin de tant de mansuétude ? un pénalty oublié par les 5 arbitres sur Gervinho, un autre pour une main d’un valencien dans sa surface, une faute comme dernier défenseur sanctionné tout juste d’un jaune… cela fait quand même beaucoup.
A l’heure d’affronter des lyonnais guère plus fringuants, le spectre d’une contre-performance flottait en tout cas dangereusement qui plomberait alors franchement le classement.
Mais rebelote et dix de der, l’OL marquait aussi vite pour s’envoler bientôt. On revoyait le naufrage de la défense lilloise à Valence en double ! Face à un Lisandro écoeurant de réalisme, Frau sauvait bien le match d’une tête rageuse bienvenue. Mais c’est ce même Lisandro qui clôturait la mi-temps sur sa troisième occasion. Lille touché mais Lille déterminé repartait à l’assaut dés l’entame.

Et de stérile, la domination du milieu de terrain nordiste devint soudain prolifique pour augurer d’un retour pour le moins improbable. Les deux compères Frau et Gervinho mettaient au supplice l’arrière-garde de Claude Puel et Hazard tout frais rentré donnait bien des torticolis. C’est cependant Debuchy, superbe de volonté, milieu droit de formation reconverti arrière droit mais jouant pour une de ses premières fois ce soir là à … gauche qui provoquait le penalty de l’égalisation.

Un énorme Lloris entretenait l’illusion du match nul jusqu’à ce que notre géniale recrue ivoirienne délivre tout un stade pour signer un authentique exploit. Bonjour la confiance et l’ambition retrouvées !
En attendant des verts bien pâles (pourtant 5ème budget du championnat !) le journalisme parisien pouvait de nouveau entonner sa ritournelle du non-match lyonnais. Lille est de retour dans le haut du tableau.

Et sa victoire nette et sans bavure face à l’Asse de Mirallas et Tavlaridis les replace même carrément dans ce championnat si serré à… deux points de la seconde place. le tout en pratiquant un jeu particulièrement attractif et offensif comme en attestent les 12 buts marqués en seulement trois rencontres et nos deux co-leaders du classement des buteurs Frau et Gervinho qui ont déjà 8 buts à leurs compteurs. Oh bien sûr la défense pose toujours question malgré un Rami au-dessus du lot et d’ailleurs auteur d’un coup-franc d’anthologie ce soir.

Landreau n’est pas étranger à ses résultats lui qui rassure et annihile bien souvent l’occasion adverse qui aurait pu tout changer. Il n’en demeure pas moins que notre flanc gauche et dépeuplé et que notre défense centrale, si nous jouons l’Europe au printemps, mériterait une recrue de qualité. Reste que l’on se régale des prises de balles de nos attaquants, des jeux à une touche de balle et des montées rageuses de nos milieux défensifs. Mavuba à ce titre ne revient il pas à un niveau de jeu supérieur au Diarra bordelais ou au Toulalan lyonnais ?

Comme Cabaye se replait à orchestrer et qu’Obraniak a remis la marche avant ça décoiffe pour le moins. Les états d’âme semblent rangés de côté et le coach viré cette été s’est reconstruit une légitimité. Pourvu que cela dure.
Ce rythme, il faudra déjà le tenir jeudi prochain pour venir à bout (même si un nul suffira peut-être) face à Prague. Histoire de se qualifier et de défier plus tard un grand d’Europe. Si Rudy Garcia arrive à faire un peu tourner en gardant le même niveau de jeu, c’est même le championnat très ouvert et peu dominé par les grosses écuries qui peut s’offrir. Car depuis quelques journées, l’on sait que le Losc peut tout autant en rêver. Renversant !