Qu’il fait bon être dans l’opposition, tièdement concerné par les cataclysmes économiques, à peine effleuré par les débats à polémique, entièrement consacré depuis plusieurs années déjà à chercher des idées qui constitueront un jour sûrement un programme. De défaite en débacle la vie d’opposant est un long fleuve tranquille que même les réformes territoriales ne semblent pas vouloir perturber

Entre deux échecs électoraux et quelques congrés inaudibles, le socialiste erre fièrement tout accaparé non pas par la conquête éventuelle du pouvoir non, trop ambitieux, mais par le maintien de sa position dominante parmi les perdants. Il faut dire que du vert à l’orange, les couleurs ne manquent pas qui souhaiteraient vieillir le rose à l’en rendre totalement has been. Alors le PS joue des coudes, qui des vieux éléphants, qui des jeunes loups, une vraie ménagerie finalement, pour continuer d’exister. Il y a du vieil acteur dans ce parti là, qui a connu son heure de gloire et vit, depuis, de cette nostalgie un brin romantique tout en assurant le service minimal lui permettant de subsister; il y va de ses tournées théatrales, axées sur le vaudeville, ça fait toujours recette..


 Avec une peur lancinante, celle de ne plus plaire du tout, de ne plus être sur aucune affiche, aucun écran. le noir menace le rose alors il se fait tout petit pour ne pas déranger, ne pas s’exposer. Alors qu’une crise économique sans précédent a porté au piloris l’ennemi intime, le capitalisme lui-même, que le chômage et la mondialisation ravivent les boucliers sociaux, le PS regarde passer ce train du changement tel l’acteur muet aux premiers temps du cinéma parlant. Dépassé, lassé, il se retrouve délaissé.
Mais le climat politique plaide en faveur de cette non-action politique : les médias ont été dressé par l’ancien Minsitre de l’Intérieur et de l’Economie à inventer chaque jour des sujets nouveaux à oublier le lendemain. Les partis politiques ont eux-mêmes été invités à choisir radicalement leur camps. Et gare aux brebis galeuses ou égarées qui ne rentreraient pas au sein du troupeau majoritaire où se focalise finalement le combat politique. Bien loin de la quiétude de l’opposant, le partisan occupe un perpétuel maquis dans lequel il doit réaffirmer bien souvent son total soutien au chef. Dominique de Villepin ancien premier Ministre a été emmené devant les tribunaux pour avoir sûrement su que des faux listings n’étaient pas vrais. Charles Pasqua lui emboite le pas, lui l’intouchable, le vénérable, tant de fois suspecté, souvent inquiété, jamais condamné. Il tombe peu après la chute de popularité d’un Président à l’égo surdimensionné. Et comme si la rupture n’était pas suffisante, c’est le prédecesseur en personne, l’icône politique des français qui trinque désormais pour l’embauche jadis d’emplois bien fictifs. Cocasse quand Jean Sarkozy envisageait l’Epad quelques jours plus tôt…
Voilà une certaine idée de la droite qui est invitée devant les prétoires par celui qui veut la diriger seul aujourd’hui. Mi goguenard, mi inquiète l’opposition entend l’incitation à ne pas trop s’élever. Le rêve d’Icare brise bien des vélléités politiques et limite les initiatives de ceux qui, derrière les tontons flingueurs d’hier pourraient également payer. Tel Alain Juppé ou Edouard Balladur par exemple. Alors que dans le même temps François Hollande ou Martine Aubry jouisse d’une liberté déconcertante et sûrement un peu ecoeurante paor les barons d’avant. L’âge n’est d’ailleurs plus le seul discriminant puisque Rachida Dati a fini par payer ses multiples incartades  et se retrouve en quarantaine. Une position que pourrait bientôt connaître également la jolie Rama Yade  qui, hier encore, a été tout aussi joliment désavouée par sa ministre de tutelle devant toute l’assemblée. Un monde sans pitié, voilà l’univers impitoyable de la majorité présidentielle qui ne manque de faire venir aux lèvres  cette célèbre réplique d’Hypo "C’est pas nous les méchants". En vain.