La France est un pays riche.
Riche en pauvres.

La paupérisation, cette maladie qui déchire le tissu social est aujourd’hui redoutée comme contagieuse par un nombre croissant de français.
Car il suffit d’un rien aujourd’hui, pour que vous ou moi basculions : un trou noir dans notre vie comme un divorce, un accident qui vous laisse invalide, une maladie grave, un licenciement peut nous aspirer d’autant plus facilement que la société est plus dure, notamment sur le plan professionnel, l’accès au logement plus difficile. L’effondrement financier vous emporte très rapidement vu les exigences financières du maintien de la vie en société.

Dans le même temps, notre nation n’a jamais été aussi inventive et active. A tous niveaux, des actions de plus en plus approfondies se développent, de l’aide d’urgence à la reconstruction de l’être humain, en passant par le crédit solidaire et des initiatives économiques personnelles.


En 2007, 45% des Français déclaraient qu’il leur était déjà arrivé de penser qu’ils étaient sur le point de connaître une situation de pauvreté. En 2009, ils sont 53%, selon le baromètre annuel Ipsos pour le Secours populaire. 30% de Français disant avoir "réellement" connu  une situation de pauvreté.
La crise économique marque donc une contagion d’un sentiment de vulnérabilité aux catégories plus favorisées.
Les Français sont 85% à considérer que les risques pour leurs enfants de connaître un jour une situation de pauvreté sont plus élevés que pour leur génération : 54% ont répondu "beaucoup plus"! Si le baromètre 2008 montrait une augmentation et un niveau de craintes beaucoup plus fort chez les catégories les moins favorisées, 2009 a été marquée par la généralisation des craintes.
Les cadres et professions intermédiaires sont désormais 49% à juger les risques que leurs enfants connaissent un jour une situation de pauvreté "beaucoup plus élevés" (+4  points).

 

Les chiffres :

13 % de la population, soit près de 8 millions de français, vivent en dessous du seuil de pauvreté !

La pauvreté n’est pas forcément liée à l’inactivité. Un nombre croissant de personnes travaillent, mais n’ont pas des revenus suffisants pour sortir de la pauvreté : ce sont des « travailleurs pauvres ».
La situation financière des personnes pauvres s’aggrave et les travailleurs pauvres sont désormais 1,5 million.

En moyenne, les Français interrogés situent le seuil de pauvreté à 1.026 euros nets/mois pour une personne seule. Le seuil de pauvreté, fixé à 60% du revenu médian de la population, était de 817 euros par mois en 2005 pour une personne seule.

Conséquences :

Des millions d’enfants, d’hommes et de femmes vivent en marge des normes de la société. Ils n’aspirent pas seulement à manger, mais aussi à avoir un logement décent, à étudier ou à travailler, à se soigner… comme les autres.
La pauvreté change de visage avec l’enrichissement de nos sociétés. A côté des sans domicile fixe ou des populations marginalisées qui vivent dans des quasi-bidonvilles ou dans un habitat de fortune, une partie des pauvres d’aujourd’hui a un toit et mange à sa faim, mais n’accède qu’aux miettes de la société de consommation et des loisirs, voire se limite à survivre.

On ne vit pas de la même façon que le reste de la population quand on doit se contenter de 500 euros par mois. Certains biens et services, pourtant considérés comme fondamentaux, sont souvent inaccessibles aux personnes pauvres: un logement décent, des soins, la culture, l’éducation, la possibilité de partir en vacances ou de contracter des crédits bancaires, etc.

Pauvres et précaires : 20 millions de personnes :

Entre chômage, sous-emploi, emplois précaires et emplois peu payés, "c’est très vraisemblablement entre le quart -au moins- et le tiers de la population, soit 15 à 20 millions de personnes -7 millions de pauvres et 8 à 12 millions de précaires-, qui, pour une raison ou pour une autre, ont, de façon durable, des conditions de vie marquées du sceau de l’extrême difficulté", constate ici Jacques Rigaudiat.

Une situation "disqualifiante", comme la caractérise le sociologue Serge Paugam, où les pauvres sont nombreux, issus de franges de la population intégrées au marché de l’emploi mais confrontées à des situations de précarité de plus en plus lourdes dans le domaine des revenus, du logement, de la santé et de la participation à la vie sociale.

La pauvreté des jeunes et des retraités augmente :

Lors de la Journée mondiale du refus de la misère le président de la République a annoncé vouloir réduire d’un tiers la pauvreté en cinq ans.
Les rapports soulignent la grande fragilité des jeunes. Le taux de pauvreté des 18-24 ans est le plus élevé de tous.
Le surendettement frappe. 159 967 ménages étaient surendettés en 2008 (+11 % depuis 2003). Selon d’autres chiffres, le nombre de dossiers déposés à la Banque de France a augmenté de près de 20 % depuis janvier.
Les retraités sont de plus en plus touchés par la paupérisation. Ceux de la génégartion du papy boom le seront bien davantage, cumulant le décalage entre le nombre important de retraités et le manque de fonds à redistribuer, les périodes d’absence de cotisations liées aux pertes d’emploi, avec une inquiétude particulière pour les retraités qui auront passé la majeure partie de leur vie professionnelle en travail précaire et pour les femmes, particulièrement touchées par la précarité du travail, les temps partiels, les coupures professionnelles.

Comment faire :

Le premier pas est de garantir une alimentation correcte et un toit, base du maintien de la santé physique et mentale nécéssaires à la survie personnelle et sociale.

Redonner à ces personnes l’envie et la possibilité d’une vraie réinsertion, de croire en soi, s’intégrer dans une équipe, réapprendre le rythme de travail, par l’accès à des activités, ateliers, chantiers, initiatives.

Favoriser l’entreprise personnelle.

Les analyses montrent que le meilleur bouclier contre la paupérisation reside dans le travail. Il est essentiel de favoriser l’initiative économique. Le concept récent de "micro-entrepreneur" est un progrès capital. Bien accompagnée, dotée d’un environnement de formation  et d’information (gestion, réglementations, notions commerciales…) , pour construire un projet de départ bien ficelé, comprenant études de marchés, perpectives financières, et axes d’évolution réalistes, même à toute petite échelle, cette possibilité d"initiative personnelle va littéralement sauver des vies, reconstruire des êtres humains, et insuffler de l’oxygène par contrecoups dans l’économie. Car chaque personne retrouvant un emploi retrouve aussi un pouvoir d’achat, paye des impôts, des cotisations sécurité sociales et retraites, voire même épargne…tout change.

La Loi de modernisation de l’économie n° 2008-776 du 4 août 2008, a instauré le statut de l’entrepreneur individuel communément appelé auto-entrepreneur.
Ce statut s’adresse en particulier aux personnes qui ne veulent pas nécessairement créer une société commerciale pour exercer une nouvelle activité et souhaitent pouvoir débuter ou arrêter facilement leur activité indépendante, qu’elles soient étudiantes, salariées, fonctionnaires, demandeuses d’emploi ou retraitées.
Les charges sociales et fiscales par exemple sont payées par un prélèvement libératoire mensuellement ou trimestriellement calculé sur le chiffre d’affaires.
Pas de chiffre d’affaires = pas de charges sociale ou fiscale
Ce statut fait bénéficier de nombreux autres avantages pour démarrer une activité à son compte avec le minimum de risque. Si le projet est réaliste et bien préparé.

 

– Un corollaire indispensable : le crédit solidaire, ou micro-crédit.

2005 avait été décrétée année du micro-crédit par l’ONU.
Ce mode de financement des chômeurs créateurs d’entreprise, est né au Bengladesh, où Mohamud Yunus crée en 1976 la Grameen Bank, banque rurale, destinée à accorder de petits prêts à des paysans pauvres. L’expérience se révèle très concluante puisque trente ans plus tard, la Grameen Bank compte 4,8 millions d’emprunteurs pour 5 milliards de dollars de prêts.
En France, le microcrédit répond à une demande forte d’entreprendre, même quand on est chômeur ou Rmiste.
Lorque l’on a des revenus très modestes, il est difficile d’accéder au crédit bancaire classique. Le microcrédit (appelé aussi "crédit solidaire") a ainsi trouvé une légitimité dans l’économie occidentale. En France, c’est en 1989 que, Maria Nowak, crée la première "Agence pour le droit à l’initiative économique", l’ADIE. L’idée est de permettre aux personnes sans emploi, et parfois dans l’extrême pauvreté, de trouver les ressources financières, via le microcrédit, pour entreprendre, créer leur propre emploi, partir à la conquête de leur autonomie financière.

 

Accompagnement scolaire et lutte contre l’illetrisme : lire, écrire, compter, sont des  points clés pour conquérir son autonomie, l’accès aux connaissances, et retrouver une liberté d’action, d’expression, d’adaptation, de formation, de construction de vie.

– Vie sociale, culture, loisirs : pour que ces personnes, ne soient pas enfermées dans la survie au jour le jour,et puissent  se sentir comme tout le monde, se sentir exister, se développer personnellement  : faciliter et ouvrir l’accès indispensable à la culture, aux loisirs, à toute ressource qui permet de prendre soin de soi, de retrouver une estime de soi et une ouverture, y compris par des activités de reconstruction, de réappropriation de soi comme l’accès à des ateliers de théatre, de danse, sports, arts, activités manuelles, informatiques…
Vivre, exister, c’est aussi être en capacité de projets, se projeter dans l’avenir.

Chacun, à son niveau, peut apporter son concours, et pas uniquement par une aide financière ou un don de nourriture ou de mobiliers et utilitaires courants. Chacun peut proposer des compétences, un peu de temps, des idées, organiser des transports pour les personnes privées de voitures en recherche d’emploi ou de formation, former les enfants et ados sur les bases essentielles de lecture, écriture, gestion de budget familial, etc…

Et surtout, nous pouvons tous abandonner quelques préjugés et idées reçues, et accepter de laisser évoluer notre regard sur ces personnes frappées par la vie…ce pourrait être nous.

Nous sommes tous acteurs d’évolution de la société vivante que nous formons.