Le soufflet des élections européennes à peine retombé, le débat écologiste a été rapidement placé sur l’angle financier. En envisageant une taxe carbone, le gouvernement entend traduire par l’action publique le message envoyé par les électeurs verts. Et comme pour agir il faut des ressources nouvelles, la Taxe carbone fait subtilement son apparition.
Alors que la taxe professionnelle a été supprimée à la surprise générale de la majorité elle-même et que les ressources fiscales liées aux entreprises s’effondrent pour cause de crise économique, l’opportunité est belle de se refaire sur le compte de l’environnement. A moins qu’il ne s’agisse d’une suite logique du fameux et tant cité Grenelle de l’Environnement.
A ce propos je me permet une petite remarque un brin perfide – sachant que Grenelle était jusqu’à peu essentiellement lié à la notion des accords de qui marquèrent le début de la fin de Mai 68, la réutilisation de ce terme en 2007 de façon intensive efface des tablettes numériques la référence historique : en tapant Grenelle sur un moteur de recherche dominant j’obtiens, sur trois pages de résultats, une seule évocation des accords salariaux…
Ainsi va l’information moderne, rapide, ultra-diffusée et écrasante.
Pour revenir à nos débats, on peut aussi penser que le Président fatigué, déjà, a profité de sa convalescence luxueuse certes car tout le monde ne passe pas ses vacances chez une famille italienne millionnaire, mais sa convalescence tout de même, pour se rapprocher de la nature et s’engager dans d’autres combats. D’ailleurs n’est il pas intervenu vivement pour promouvoir le tout-à-l’égout du Cap Nègre ? Lire à ce sujet le post édifiant de backchich sur le sujet…
Quoiqu’il en soit voilà la Taxe Carbone avancée qui a toute les chances d’être comme le développement, c’est à dire durable.
Payer plus pour polluer moins se dessine à l’horizon et je reconnais à notre Président cette faculté à rabaisser tous les sujets d’importance à des questions très terre à terre. Pour le coup je trouve cela bien utile tant il est vrai que l’écologie ,l’environnement, le développement durable, les énergies propres s’enchevêtrent et se mélangent dans un joyeux flou artistique duquel in n’est jamais rien ressorti de concret. Après avoir été tour à tour idéal, mode de vie, mode tout court, mouvement politique, courant associatif, l’écologie se rêve en lame de fond apolitique et expression convaincue de tout un peuple. Il est vrai qu’à quelques voix prés, l’association de bienfaiteurs de l’environnement composée d’un ancien berger du Larzac, d’une ancienne juge d’instruction et d’un ancien révolutionnaire pouvait se proclamer deuxième force politique du pays. Avec 16% des voix, ce réseau d’anciens peut cependant légitimement revendiquer ses idées. Même s’il ne doit pas oublier que les 16% ont été obtenus lors d’un scrutin à un tour qui favorise les votes à la marge et dans un contexte de forte abstention, 60%. 60% de français en possibilité de voter écologie et qui ne l’ont pas fait. Si Antoine Waechter récoltait 1,922 millions de voix en 1989, ce sont 2,800 français qui se sont ralliés en 2009 à la bannière verte ; pas un raz de marée en 20 ans, mais une vraie tendance. Problème comme déjà vu dans notre histoire politique, passer d’une campagne électorale a l’exercice du pouvoir est une transition difficile. Il est ainsi troublant de constater qu’à aucun niveau administratif de notre République l’écologie ne se soit imposée comme un mode de gouvernance possible. Et pourtant il ne manque pas de strates notre millefeuille administratif, mais région-département-communauté de communes ou urbaines, villes… aucun exemple probant vient nous expliquer ce que l’action écologique peut être au quotidien.
Et c’est bien là que le bat blesse et que les représentants du mouvement manquent d’arguments. Comment lutter face à un gouvernement qui prend acte du phénomène et lance un nouvel impôt, comment se faire entendre d’une opposition qui crie à l’injustice sociale au nom, toujours de l’écologie.
Dés lors le risque n’est il pas de voir ces voix s’éparpiller bientôt au gré des débats et à l’approche de scrutin à deux tours qui demanderont un choix final ? Qui va le mieux récupérer ces voix plutôt que qui les fera fructifier. Entre une secrétaire nationale invitée à la grande messe du PS à La Rochelle et une figure de proue, Dany le rouge à l’Elysée, le grand écart prend forme pour des courtisés à qui rien ne dit qu’ils ne seront pas dépouillés.
Car les voilà cautionneurs de toute politique environnementale quand bien même elle se traduit par une taxe impopulaire qui oublie en passant le secteur nucléaire et les grands pollueurs. Peut être une révélation après tout : au-delà de la bienveillance que suscite le positionnement vert, la question de son coût s’invite au coeur du débat. Et si jadis on ne voulait pas mourir pour Dantzig, pas sûr que l’on veuille payer pour l’écologie. Surtout si les français sont les seuls à payer pendant que le reste de l’Europe attendra et que l’Inde et la Chine pollueront allègrement sous le regard compréhensif des Etats-Unis…
[b]Sacré Rocard, à 76 ans, on aurait pu le laisser cultiver son jardin…
Et Juppé, l’associé de Rocard ?
« Y » dit quoi pendant ce temps là ?
on ne l’entend pas !
Bien vu, bien écrit, comme d’hab. [/b]