Christine Lagarde est aux anges suite à la hausse de 0,3% du PIB au 2T 2009. « La consommation des ménages tient », s’est-elle félicitée. On en reparlera dans six mois !!!

Chère Madame Lagarde, reine des prévisions ( la 270ème… fausse en 27 mois), vous auriez dû – au lieu de vous enflammer et de faire des gorges chaudes de ce résultat –, mieux analyser les chiffres fondamentaux de notre économie. En effet, cette demande en hausse n’est dû qu’à des raisons structurelles liées à notre revenu. Si la France tient mieux le choc que ses voisins c’est tout simplement parce que, en dehors des amortisseurs sociaux dont elle profite largement, ses ménages ont un des meilleurs taux d’épargne de la planète – soit près de 12 % alors que les américains ont un taux d’épargne proche de zéro –, ce qui signifie que la part du revenu des Français consacré à la consommation est de 88 % (R = C + E) pendant que celui des américains frôle les 100 %.

Dans la période de crise que nous vivons, lorsqu’un Français se retrouve au chômage son revenu est amputé de 40 % (d’où une baisse en priorité de sa consommation et de l’agrégat de la demande globale intérieure) mais cette baisse de revenu est immédiatement compensée par l’appel à son épargne (« l’argent qu’il a mis de côté ») facilement mobilisable. Alors qu’un Américain qui se retrouve au chômage, ne bénéficiant pas d’amortisseur social, perd près de 75 à 80 % de son revenu, et n’a même pas « une poire pour la soif » car il n’a rien épargné ou si peu. Ceci explique par ailleurs pourquoi la France est moins touchée au niveau de la croissance (pour l’instant) que les autre grands pays comme les Etats-Unis, le Royaume Uni ou l’Allemagne, grâce donc aux : amortisseurs sociaux + taux d’épargne élevé… Mais ceci est provisoire car les mois passant et la précarité augmentant, les chômeurs se transformeront en exclus ou rmistes, la source de l’épargne s’étant tarie. Et, si la crise dure encore plusieurs mois pire des années, les Français se retrouveront au même niveau de ressources que les Américains, les Anglais et les allemands. C’est une question de temps… un à deux an au grand maximum !

Prenons l’exemple d’un salarié français qui gagne 1 500 euros net (salaire médian) et qui consomme 1320 euros (88 % de son salaire). Au chômage celui-ci ne bénéficiera plus que d’un revenu de 900 euros soit une somme inférieur de 420 euros au montant de ce qu’il consomme en temps normal. Même si sa consommation diminue compte tenu de son état, ce qui n’est pas du tout évident (voir : « Théorie du revenu permanent » (Friedman) ; « L’effet de cliquet » (Brown) principalement), celui devra malgré tout « piocher » mensuellement dans ses réserves (son épargne) à hauteur de 300 à 400 euros. Or un taux d’épargne de 12 % représente un mois et demi de revenu, soit dans l’exemple précédent 2 250 euros sur un an. Cette épargne sera épuisée au bout de 2 250 / 350 (milieu de la fourchette 300-400) = 6 mois et 12 jours pour la partie épargne accumulée l’année précédente. Mais si la situation du salarié se dégrade plus vite il se retrouvera plus rapidement dans une situation de grande précarité. De toute façon, il sera mieux loti que l’Américain avec ses 300 ou 400 euros par mois sans quasiment de couverture sociale. Les deux situations se rejoindront dans tous les cas au bout de deux ans si la crise perdure et si l’Américain survit avec une telle somme pendant 24 mois.

Contrairement aux Américains victimes dans un cas sur trois de la crise des subprimes et qui se retrouvent ruinés et sans logis, une majorité de Français (60% parmi lesquels on trouve des ménages aux revenus élevés et des ménages retraités ou âgés…) bénéficieront encore d’une autre source de revenus en vendant leurs biens immobiliers. Mais nous assisterons alors à une chute de l’immobilier d’autant plus vite que la vente de ces biens concernera des retraités aux pensions modestes (les retraites devraient chuter de 30 % d’ici à 2020-2030 d’après l’INSEE sans préjuger de l’impact supplémentaire de la crise sur leurs revenus).

 

Remarque : D’autres paramètres peuvent intervenir dans ces calculs comme le coefficient de dispersion des salaires qui influeront sur le taux d’épargne celui-ci étant bien évidemment plus important chez les 50 % au-dessus de la médiane des salaires qu’en dessous.