Faut-il en rire ou en pleurer? Les "pouvoirs publics" n'ont pas peur du ridicule en cherchant ouvertement comment faire pour interdire le parti "anti-sioniste" que présentera Dieudonné aux prochaines élections européennes. Ce parti à l'appellation grotesque, voire déplacée, et particulièrement hors sujet dans le cadre de l'élection européenne, n'a pas encore fait ses premières armes. Son chef a tout du comique et semble bien loin de tout ce qui concerne le domaine politique.

Les pouvoirs publics "chercheraient" donc l'interdiction, et seraient bien ennuyés : il est difficile dans une démocratie d'interdire aussi facilement à un candidat de se présenter. Il faut une bonne raison, ce n'est pas au bon vouloir du prince. A défaut donc, c'est tout le code juridique que les services de l'État sont contraints d'éplucher.

 

L'on a d'abord cherché du côté de la loi du 10 janvier 1936, sur les groupes de combat et les milices privées, qui permet notamment de dissoudre un groupe qui provoquerait "à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, soit propageraient des idées ou théories tendant à justifier ou encourager cette discrimination, cette haine ou cette violence".

Seulement le sionisme ne représente pas les juifs en tant que tel et ne saurait être assimilé à de "l'antisémitisme", et quant à trouver dans le groupement de Dieudonné des groupes de combat ou des milices armées, cela semble difficile. D'abord le groupe vient tout juste de se monter et il est douteux que l'humoriste ait pris de tels risques. L'interdiction est donc peu probable

Cela n'a pas empéché Claude Guéant de dénoncer la formation de ce groupement politique, à tort ou à raison, peu importe, lors d'un entretien sur radio J, blamant Dieudonné de son anti-sémitisme. Il est vrai que le comédien est particulièrement provocateur, il avait notamment invité Faurisson à l'un de ses spectacles.

Mais Dieudonné n'a jamais été frappé d'inéligibilité et une bonne partie de la classe politique éleve la voix contre cette tentative de musellement, sans pour autant approuver le groupement incriminé : il en va de la liberté d'expression et cela fait une publicité disproportionnée pour le mouvement. Ce n'est pas à tort que Nicolas Dupont-Aignan déclare "Sommes-nous revenus sous le Second Empire où les candidats aux élections devaient être désignés par le pouvoir ?"

Faut-il vraiment rire de ce que le débat politique se transforme en une telle bouffonnerie? Ou faut-il en pleurer? Le parlement européen commet également une autre bouffonnerie en révisant son propre règlement pour empécher Jean-Marie Le Pen, qui pourrait devenir son doyen à la suite des élections européennes, de présider la séance inaugurale des députés, le 14 juillet prochain.

Le ridicule ne tue décidément ni à Paris, ni à Bruxelles! Ajoutons que si la Pologne, qui ne veut plus revoir son terrible passé communiste est en passe de faire une loi pour interdire les représentations communistes (y compris Che Guevarra), la France tolère son tout nouveau parti anti-capitaliste, lequel amènerait, selon Jean Quatremer et après lecture de son programme, exactement la même chose que le communisme d'antan…