Au cours de la conférence Durban II contre le racisme, le discours controversé du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, prononcé ce lundi, a eu pour effet de faire fuir les représentants de l'Union Européenne. Au début du sommet, se comptaient déjà quelques sièges vide : les Etats-Unis, le Canada, ainsi que d'autres pays (Allemagne, Suisse, Pologne…) n'avaient pas jugé bon de venir.

Il faut dire que les propos d'Ahmadinejad sont sans surprise. Personne ne pouvait douter du contenu de son discours. La première conférence n'avait déjà abouti à rien suite à l'attitude des pays musulmans qui s'étaient attelés à tout ramener à la question palestinienne, en tentant par la même occasion d'imposer des droits pour les religions, notamment contre le blasphème.

 

Chacun se rappelle en effet de l'affaire des caricatures de Mahomet, qui avaient provoqué un véritable tollé dans le monde musulman et des tensions diplomatiques qui en avait découlé. L'idée en avait découlé dans ces pays. D'une certaine façon, il s'agissait de placer "l'islamophobie" au même rang que "l'antisémitisme".

 

Ahmadinejad, qui a qualifié la shoah de "mythes" à plusieurs reprises, a donné son discours habituel, qualifiant Israël de "gouvernement raciste", avant d'entamer le procès des pays occidentaux : "Après la fin de la Seconde guerre mondiale, ils (les Alliés, ndlr) ont eu recours à l'agression militaire pour priver de terres une nation entière sous le prétexte de la souffrance juive".

Le président iranien n'est pas un idiot. Il se place en "leader" de la cause du tiers monde, notamment du monde arabe.  Tout se retrouve dans ce discours, toute la démagogie habituelle. Il ne faut pas chercher très loin pour retrouver le fond des discours type des chefs des nombreux Etats mal en point de par le monde : il est plus facile de rejeter la faute sur les pays étrangers plutôt que sur une mauvaise gouvernance.

Dans les pays arabes, il en sortira également grandi, d'être allé dire leurs quatre "vérités" en face, à tous les pays occidentaux. Vous voulez du racisme? Nous allons vous dire ce que c'est pour nous que le racisme : le gouvernement israëlien et la discrimination dont nous souffrons en tant que pays arabes.

L'on pourra dire dans les pays occidentaux que l'Iran chasse de son territoire chrétiens, juifs, soufis, sunnites, bahais, jusqu'aux kurdes, qu'elle extermine les homosexuels, que cela ne changera rien. Pour certains gouvernements l'antiracisme n'est pas un modèle, c'est une arme pour faire plier et pour culpabiliser les bonnes consciences des pays occidentaux.

Il faudra un jour qu'un historien des mouvements sociaux analyse clairement le phénomène qu'est l'anti-racisme. Issu de l'occident, il est d'abord un acte de repentir, après l'esclavage, après la lutte nécessaire pour les droits civiques en Amérique, entre autres. Mais seul l'occident se soucie de ses minorités. Dans le reste du monde, les gouvernements ne se sentent pas si concernés… comme en Iran par exemple.

Dans le mot "racisme" il y a deux entrées : la victime et le coupable. Il faut nécessairement un coupable et pour une bonne partie de l'orient, les coupables sont tout trouvés : l'occident et les juifs. C'est ce qui transparaît dans le discours d'Ahmadinejad… Ici le coupable est plein de haine, la victime est innocente.

Pendant que l'Etat hébreux crie à l'antisémitisme, les musulmans évoquent des discriminations envers leur religion. Ce n'est pas comme cela que nous pourrons faire en sorte d'établir des droits pour les minorités dans le monde, au-delà des guerres, comme en Palestine, notamment. Peut-être le nom de la conférence est-il à changer…?
En attendant, et personne ne semble le remarquer, dans son discours, le président iranien pointe également du doigt les pays occidentaux qui eux, ne font que s'offusquer de l'antisémitisme du discours iranien, se rattachant de fait à la défense d'Israël, qui n'était pas ici le sujet. En partant de cette façon offusquée, les européens ressemblent à des coupables qui préfèrent n'avoir pas à se justifier. C'est certainement de cette façon que cela sera raconté dans certains pays.
Tout cela est regrettable, car l'intention de la conférence est plus que louable… De nombreuses minorités souffrent dans le monde, certaines sont encore mises en esclavages quand elles ne sont pas tout simplement chassées et tuées, d'autres ne bénéficient que de droits réduits et tout cela dans l'indifférence, pour le pays dans lequel elles vivent!
Mais de fait, selon le discours de M. Kouchner, le texte pour la conférence est assez ciblé : "Dans ce texte (…) tout ce que nous voulions mentionner, c'est à dire l'antisémitisme, la discrimination sur les personnes, la liberté d'expression, le génocide a été mentionné, la mémoire de l'Holocauste, les droits des femmes ont été mentionnés, la traite des êtres humains, les personnes atteintes du VIH, les personnes handicapées".
Il y avait d'autres "minorités" à mentionner également… Pour la prochaine fois?
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