Habiba ZOUGUI Cendres des Années de Mutisme    

De la passion de l’écriture, la poésie a pris une place considérable dans la vie d’Habiba Zougui. Le recueil « Cendres des Années de Mutisme » en constitue un témoignage pertinent.Comme l’auteur l’écrit dans son introduction, « le mutisme est une trahison de la poésie ». Et dans ses poèmes, elle pousse un cri de révolte contre « l’hésitation, la peur et l’émerveillement. Elle préconise l’action qui en découle : «  C’est le temps de s’unir, et choisir entre être ou mourir ».

De sa vie quotidienne et de sa vie intime, elle souffle sur la braise encore chaude de ses souffrances et de ses espoirs. Des Années quatre vingt et quatre vingt dix, correspondant à la datation des textes, elle extrait la sève de son âme libérée, et celle d’une société qui vit resserrée dans un carcan d’immobilisme.        

Ses repères fondamentaux s’appuient en premier sur sa famille. Elle rend un vibrant hommage à son père et à sa mère à travers deux superbes poèmes. Mais elle aime aussi son pays.

 Le poème « Sahara notre mère », qui conclue le recueil, le retranscrit très bien en décrivant son attachement « aux oasis, aux palmiers et au sable doré » de cette « femme envoutante aux mille mystères».        

Dans son élan, tourné vers l’espérance en un monde meilleur, et l’évasion de l’âme trop longtemps étouffée, elle n’en respecte pas moins les traditions culturelles et religieuses comme avec ces quelques mots « Songe aux formules qui doivent être lues ; Et relues en traversant ces lieux ». Elle situe l’errance de l’homme dans l’ignorance des êtres qui ont perdu leurs rêves, et dans l’obscurantisme des « esprits tortueux ».        

Le rêve apparait comme un maitre mot de son écriture avec comme corolaire l’image de l’espoir. Car sous l’enveloppe écrite, et appuyée par l’illustration de la couverture de Bouchaib Habbouli, du drame et du désespoir, l’auteur délivre un message qui se veut optimiste. Plusieurs tournures en témoignent : « Unissons-nous ! Offrons lui la renaissance » avec Elégie sentimentale, « Je voudrais brûler tous ses maux ; avec ces rêves et ces mots » dans Ecumes, « Suivez-moi ! Je suis capable de la métamorphoser en un beau paysage » avec Evasion, « Gardez votre espoir » dans Jeunesse abandonnée.        

La quête de renaissance et du rêve semble passer par la nécessité du départ d’un pays qui lui est pourtant si chère : « Quittez cette patrie ardente » encore dans Evasion,  « Je rêve d’un voyage à l’Eden » avec Chère mère.        

Pour sa première édition l’auteur présente une écriture d’une maturité remarquable. Elle dispose de la maîtrise du mot qui frappe et de l’image qui touche dans la mesure émotionnelle qui guide son inspiration.        

 Les poètes peuvent être les témoins objectifs de leurs temps. Habiba Zougui trace les perspectives et les réalités de ses contemporains entre la souffrance des cendres, la flamme de la révolte et l’espoir de la braise.        

La deuxième édition de son œuvre en devenir est attendue avec impatience.   Habiba Zougui :  [email protected]