La contestation monte face au projet de loi réprimant le piratage des œuvres culturelles sur internet: des acteurs de l'économie numérique ont réclamé un moratoire tandis que des associations de consommateurs et d'internautes protestent à la veille de son L'association pour le commerce et les services en ligne (Acsel), présidée par Pierre Kosciusko-Morizet, a créé la surprise mardi en réclamant un "moratoire de 6 mois" sur la mesure de suspension de l'accès à internet prévue en cas de récidives. Le texte de loi "date un peu et n'est pas tellement adapté", a estimé M. Kosciusko-Morizet, PDG du site de commerce en ligne Price.minister.com et frère de la secrétaire d'Etat au Développement de l'économie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet. Interrogé par l'AFP, il a déclaré qu'il n'avait "pas parlé avec sa soeur" de ce sujet. "Je représente l'Acsel, pas ma sœur", a-t-il souligné. L'Acsel est une association de réflexion sur l'économie numérique qui regroupe quelque 180 entreprises et organismes. On y trouve notamment plusieurs opérateurs de télécom (France Télécom, SFR), signataires des Accords de l'Elysée de novembre 2007 qui ont servi de base à l'actuel projet de loi contre le piratage voulu par Nicolas Sarkozy. Au ministère de la Culture, on relativisait la position de l'Acsel. "Nous n'avons pas l'impression que ce soit autre chose qu'une position personnelle de Pierre Kosciusko-Morizet qui n'a jamais engagé le moindre dialogue avec nous", déclarait-on au cabinet de Christine Albanel. Des collectifs d'internautes comme la Quadrature du Net ou les Audionautes sont mobilisés contre le texte depuis plusieurs semaines.L'association de consommateurs UFC-Que Choisir est montée à son tour au créneau mardi pour fustiger le projet de loi qui va créer selon elle "un bourbier juridique". Au nom de la défense de la création, le texte vise à dissuader l'internaute de télécharger illégalement des contenus (musique, films, cinéma), d'abord en lui envoyant des avertissements par courriel puis en suspendant son accès à Internet en cas de récidives. Cette sanction sera prononcée par une haute autorité administrative créée par la loi. Le gouvernement crée un "monstre juridique", a affirmé Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir, à l'occasion d'une conférence de presse. "Dans ce processus, c'est au consommateur de faire la preuve de son innocence et cette possibilité ne lui est offerte qu'en bout de course", estime l'association qui avait déjà combattu le texte lors de son adoption par le Sénat fin octobre.L'UFC-Que Choisir a fait constater par un huissier qu'il était "très facile" d'usurper l'adresse IP (liée à l'ordinateur) de quelqu'un à partir d'une connexion wifi et de télécharger illégalement des fichiers, à l'insu de l'abonné, a indiqué M. Bazot."Il y aura des recours massifs de consommateurs auprès des tribunaux et l'UFC-Que Choisir les aidera", a prévenu M. Bazot.Lors de la séance des questions à l'Assemblée, mardi, la ministre de la Culture Christine Albanel a souligné que le projet de loi avait une visée "d'abord pédagogique", avec "un mail, un deuxième mail, puis une lettre recommandée, la sanction n'arrivant qu'ensuite"."Il est légitime de persuader, de convaincre, avant de sanctionner, mais de sanctionner de manière mesurée", a-t-elle dit. "Cela résultera d'un dialogue entre l'internaute et la haute autorité", a-t-elle indiqué.