En décembre, alors qu’il ne cessait de seriner depuis des mois que les caisses étaient vides – pour la sécurité sociale, les chômeurs, les mal-logés, etc. – le président Sarkozy (maudit soit son nom) volait au secours des banques en abondant leurs fonds propres à hauteur de 10,5 milliards d’euros. "A l’époque, comme le rappelle une dépêche AP, l’Etat avait conditionné son aide à l’adoption des règles de bonne conduite élaborées par le Medef, qui préconisent la fin des "parachutes dorés" et l’encadrement strict des stock-options et des "retraites-chapeau", mais ne portent pas directement sur les bonus ou les autres éléments variables des rémunérations." Trois fois, Sarkozy a annoncé qu’il allait supprimer les parachutes dorés. Sans jamais le faire. Dernière justification à cette reculade : puisque le Medef a accepté d’élaborer un code de bonne conduite, il n’est pas nécessaire de légiférer. Sarkozy fait confiance au patronat : naïveté ? Foutage de gueule, oui ! Les recommandations du syndicat de Laurence Parisot – dont on vient d’apprendre qu’elle s’offre aux frais de l’organisation une coach personnelle à 25 000 euros par mois ! – n’ont aucune valeur contraignante et les entreprises continueront de faire ce qu’elles veulent, pourquoi se gêner ? (Lire à ce sujet pour mémoire le billet des Mots ont un sens) Sarkozy aura donc juste fait semblant de vouloir supprimer les parachutes dorés. Donc 10,5 milliards d’euros en décembre pour six banques : la Société générale, BNP Paribas, le Crédit agricole, le Crédit mutuel, les Banques populaires et les Caisses d’Epargne. Les deux dernières citées ont annoncé que l’exercice 2008 sera déficitaire, entre 1,5 et 2 milliards pour la Caisse d’épargne et pour un montant non encore précisé pour les Banques populaires. Que ce soit à l’Etat – donc au contribuable – d’éponger leurs pertes est déjà on ne peut plus discutable. Mais que dire dans le cas où les banques gagnent de l’argent ? Or la Société générale a annoncé hier un bénéfice de deux milliards d’euros pour 2008 et Les Echos évaluent le résultat de BNP Paribas à près de 3 milliards et celui du Crédit mutuel comme "largement bénéficiaire", sans donner de chiffre, le Crédit agricole étant lui aussi à créditer d’un exercice positif (sans chiffre non plus, mais le blog de La mouette avance celui d’un milliard). Va-t-on donc demander à ces trois banques de rembourser les aides touchées en décembre ? Au contraire, on remet le couvert : encore 10,5 milliards de cadeau supplémentaire ! En échange, les dirigeants ont été contraints de renoncer à leur bonus, ce que Sarkozy présente comme un triomphe, plastronnant à son habitude – cet homme ne sait que plastronner. Il n’aurait plus manqué qu’ils se goinfrent de bonus aux frais du contribuable ! Leur "sacrifice" est remis en perspective sur son blog Les cordons de la bourse par Nicolas Cori, journaliste à Libération : "Et à ceux qui s’inquiètent pour les fins de mois de Baudoin Prot, Michel Pébereau et Georges Pauget, on rappellera juste leur salaire fixe 2008 (respectivement 700 000, 900 000 et 920 000 euros). Pour Oudéa, qui a été nommé courant 2008, sa rémunération fixe devrait être de 850 000 euros pour 2009". Ils se sont aussi engagés à modérer les dividendes qu’ils verseront à leurs actionnaires, mais on peut douter de ce deuxième point, dans la mesure où personne, et surtout pas Christine Lagarde, n’a donné de précision quant à cette modération. Il semble bien, au final, que les banquiers français ont réussi un hold-up parfait sur les finances publiques. Mais c’est plus facile lorsque l’on dispose d’un complice dans la place : Sarkozy, l’ami des puissances de l’argent.

Tous dans la rue le 29 janvier !