Un courageux député a voulu vivre ce que vivent les populations qu'il représente afin de mieux se rendre compte des difficultés qu'elles traversent. Il s'est donc immergé dans un quartier populaire, dans les mêmes conditions que ses électeurs : une chambre sans eau courante, mais inondée et pleine de moustiques, et un budget mensuel de 53 000 cfa, montant du smig sénégalais. Pour rendre l'expérience encore plus réaliste, il a décidé de faire semblant d'aller travailler à l'autre bout de Dakar.
Interview :
Directeur de publication : Permettez moi d'abord de vous féliciter, Monsieur le Député pour cette courageuse et louable initiative qui, à travers votre abnégation, honore tout le corps législatif et démontre bien, si besoin en était, la proximité des députés et du peuple. L'expérience a-t-elle été dure ?
Le député Karl Illitch Ernesto Diouf : Non ! Partager le sort de ses frères et soeurs ne peut pas être dur. Néanmoins, je dois reconnaitre que c'était une situation un peu difficile à vivre pour quelqu'un, qui à son corps défendant, est obligé, pour des raisons professionnelles, de s'éloigner de nos chers modes de vie traditionnels. Par exemple, un détail amusant, quand j'avais besoin d'eau, au début je ne savais pas où en trouver. Et quand j'ai su, j'ai trouvé assez physique de transporter la bassine sur 800 mètres en marchant dans le jus d'égout. Mais c'est peut-être aussi en raison de l'activité physique qu'elles ont, que nos femmes ont un si beau port. D'ailleurs, quand je suis rentré à la maison, j'ai dit à mes femmes, qui se plaignent toujours d'être essoufflées et fatiguées après avoir marché jusqu'au coin de la rue pour prendre le taxi, qu'elles devraient s'exercer à porter des bassines d'eau dans la cour.
AHHH j'en ai appris ou plutôt réappris des choses. Parce que n'allez pas croire que j'ai toujours été riche… Heuuu vous pourrez remplacer riche par à l'aise ? Merci. Donc n'allez pas croire que j'ai toujours été à l'aise, je suis né dans une modeste famille de hauts fonctionnaires où la vie était quelques fois dure. Imaginez que la première fois que j'ai été en France par avion j'avais 12 ans !
Directeur de publication : Comment avez-vous vécu les problèmes de transport ?
Le député Karl Illitch Ernesto Diouf : Pour que l'expérience soit réelle, j'ai pris les transports en commun pour faire semblant d'aller travailler. Je comprends donc l'irritation des passagers des cars rapides, positivement, d'ailleurs je le disais à un collègue député : "ces gens là iront au paradis, la punition de leurs péchés ils la vivent sur terre !"
Déjà à 10 heures, quand je prenais les cars rapides, c'était galère, alors j'ai du mal à imaginer les prendre à 5 h 30… Pourquoi 10 h ? Ben, j'avais du mal à me lever avant, entre les moustiques et les chants religieux je m'endormais rarement avant l'aube.
Directeur de publication : Vous avez vécu l'expérience seul ou en famille ?
Le député Karl Illitch Ernesto Diouf : Seul ! J'ai longuement hésité et j'ai renoncé. Imaginez ce que pourrait être le traumatisme d'un gamin mis dans de pareilles conditions, je veux dire d'un gamin pollué par la société de consommation comme le sont malheureusement les nôtres ? Imaginez le sentiment de frustration d'un jeune à qui on supprime les chaines satellites et sa gameboy pendant une semaine. Difficile de lui faire subir cela. Vous avez des enfants, vous me comprenez… En plus, je suis pas sûr que les Nike à 80 000 cfa résistent au jus d'égout.
Directeur de publication : En conclusion ?
Le député Karl Illitch Ernesto Diouf : Je remercie le président de la république son excellence maître Abdoulaye Wade de m'avoir mis là où je suis et de m'avoir, d'une part, épargné les affres de la pauvreté et, d'autre part, permis d'oeuvrer illassablement à la sueur de mon front à améliorer la vie de mes concitoyens moins chanceux.
Directeur de publication : Une dernière question. Du temps où vous étiez député PS, vous aviez fait la même expérience, quelle différence voyez-vous ?
Le député Karl Illitch Ernesto Diouf : AHAHAHAHAAAAAA Y'a pas photo ! C'était bien pire, à l'époque les inondations étaient beaucoup plus hautes, y'avait pas d'égouts qui débordaient puisqu'il n'y en avait pas, l'électricité n'en parlons pas, on pouvait pas se plaindre des coupures puisqu'elle n'était pas installée… Et puis maintenant on a des médicaments pour les maladies de peau et le choléra… Ah non ! Rien à voir ! On sent que les choses ont changé depuis 2000, on sent tout le travail exécuté et …
Directeur de publication : Merci Monsieur le député.
[b]Ah, si en France, il y en avait qui se mettaient dans la peau d’un citoyen-lambda… rien ne serait comme maintenant…
[u]Certes, dans ce doux pays de France, il y a beaucoup de députés et de sénateurs, qui sont issus de cette France « de tout le monde »[/u] : [i]ils connaissent très bien les réalités de la vie de tous les jours, les ayant vécu pour la plupart d’entre eux comme fonctionnaires de base, ouvriers, contremaîtres, enseignants, cadres subalternes… Malheureusement, ils ne sont pas écoutés par celles et ceux qui nous gouvernent…Mais, ceci est une autre histoire[/i][/b]
ils n’oseraient jamais
Dois je préciser que cette interview est un canular. Jamais un député sénégalais n’oserai affronter 8 jours de banlieue inondée et « enmoustiquée »
@ Naomed
En tous les cas, canular ou pas, cette interview devrait, je l’espère, contribuera à ce que les choses s’améliorent au Sénégal !
Si un parlementaire français avait l’idée de se plonger dans le moule du citoyen français lambda, les choses s’amélioreraient !
En tous les cas, j’espère que cet article ne vous attirera pas d’ennuis avec les autorités wadistes !
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Au fait, vous devriez venir lire et commenter mon papier : [b][i]« Faire son boulot de Journaliste… Est-ce actuellement possible ??? »[/i][/b]
[b]http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=19856 [/b]
Il concerne un journaliste sénégalais victime d’un acte de discrimination raciale dans les locaux et aux abords de l'[b]Organisation Mondiale du Commerce[/b]…
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Amicalement,
[b]Dominique[/b]