Et voilà, le mot est lâché; de toute manière, au vue de la crise des subprimes traversée par les Etats-Unis, il semblait très difficile, pour ne pas dire naïf, de croire que la France serait épargnée.

En effet, l'Insee a publié sa nouvelle prévision de croissance pour la fin de l'année; or, les résultats guères encourageants ne laissent place au doute : les deux derniers trimestres  2008 devraient vraisemblablement enregistrer une baisse du Produit Intérieur Brut de -0,1%. La France est bel et bien dans une phase de récession économique. 

Bien entendu, le Gouvernement n'affrontera pas la brutalité du terme. Le comportement de Christine Lagarde, Ministre de l'Economie, va dans ce sens : affirmant qu'il ne s'agissait que de simples prévisions, elle se fonde sur une autre définition plus consensuelle de la récession et, comme par hasard, les chiffres affichent une progression du PIB!  Pour satisfaire la conscience de chacun, les économistes préfèrent parler de "croissance qui cale".

Quoiqu'il en soit, pendant que l'on joue sur les mots, le Gouvernement tente d'occuper le terrain en mutipliant les mesures : plan d'urgence pour limiter la debâcle immobilière, soutien aux PME en difficulté à hauteur de 20 milliards d'euros…

Au niveau communautaire, la situation est loin d'être réjouissante. L'Europe ne sait plus qur quel pied danser pour tenter de réduire les effets de "la plus grande crise financière depuis la Seconde Guerre Mondiale" (selon Jean-Claude Trichet, patron de la Banque Centrale Européenne). Depuis le début de la semaine, le débat fait rage sur la question de savoir si l'Europe doit alimenter ou non un fonds communautaire de 300 milliards d'euros, destiné à racheter les créances dégradées des Banques de la Zone.

Les avis sont pour le moins partagés : Londres et Berlin ne veulent rien savoir à ce sujet, la France tente la concertation entre les Etats membres et le Benelux est déjà enlisé dans le cercle infernal du sauvetage des Banques… bref, si ce n'est pas la zizanie, ça y ressemble.

Aujourd'hui, les fluctuations de l'économie sont telles qu'à chaque semaine suffit sa peine; mais, l'ampleur de la "Big Depression" ne laisse pas le choix aux Etats: ils devront adopter des outils communautaires de gouvernance économique pour stopper l'hémorragie. Un nouveau casse-tête pour l'actuel Président de l'Union européenne, M. Nicolas Sarkozy.