L'affaire du mariage annulé rebondit avec les derniers propos du garde des sceaux, Rachida Dati, prononcés à l'Assemblée Nationale. Elle qui avait d'abord défendu la décision du tribunal,  a engagé une demande d'appel au parquet de Lille, contre la décision prise par le juge (juge qui était une femme dit-on). En outre, l'intervention de Rachida Dati, qui a accusé la gauche d'avoir mené une politique des "grands frères" dans les banlieues, au détriment des jeunes femmes, a créé un début de polémique dans l'assemblée.

"Mais qui, sinon vous, membres du groupe socialiste, a appliqué la politique des "grands frères", abandonnant ainsi d'innombrables jeunes filles entre leurs mains ? C'est à l'échec de votre politique d'intégration que nous devons faire face ! Alors, Monsieur Ayrault, vous pouvez m'attaquer car j'ai échappé à votre politique qui a suscité le repli identitaire. C'est ce qui vous dérange !" a-t-elle déclaré.

L'on passera sur les provocations politiciennes des uns envers les autres, ainsi que sur les réponses apportées, pour simplement constater qu'une fois encore la gestion de l'immigration est utilisée pour argument, par nos politiciens de droite comme de gauche, au-dessus d'un problème plus délicat, ici un problème de droit qui concerne deux personnes à titre privé. Le discours des députés en est donc décalé par rapport à la réalité et puisque les deux partis majoritaires à l'Assemblée ont tenu le pouvoir ces dernières décennies, ils auraient mauvaise grâce de ne pas s'auto-flageller en accusant l'autre partie de l'hémicycle.

Le discours est d'autant plus décalé que l'avocat de la jeune femme a pu préciser qu'elle ne tient pas à ce que l'annulation du mariage soit revue, ce qui est aisément compréhensible. Ce sera pourtant au nom de sa liberté que l'appel sera réclamé dans son affaire, si tant est que le ministère puisse entamer cette démarche, inhabituelle selon les juristes, puisque le jugement concernait deux personnes à titre privé.
Peut-être faudrait-il retenir que les juristes ne sont généralement pas choqués de ce jugement et qu'ils insistent bien pour dire qu'il ne concerne pas la virginité de l'ex-épouse mais qu'il se base bien sur le mensonge de la jeune femme auprès de son ex-futur époux, ainsi que de l'importance accordé à celle-ci par les deux partis avant le mariage projeté. Cela peut bien sûr choquer, mais cette décision n'aurait jamais été rendue si les deux époux n'avaient pas été unanimes à accepter cette décision et à déclarer la virginité de l'épouse comme déterminante à ce mariage, avant qu'il n'ait lieu.
Le revirement du garde des sceaux nous rappelle aussi tristement que face à l'opinion publique, ce qui a pu être considéré comme un jugement équilibré, établi sur une loi visant à protéger des personnes, est très rapidement décrié. Ce n'est pas la première fois que ce gouvernement agit avec impulsivité, pensons à la mémoire de la shoah à enseigner aux jeunes élèves, pour exemple. Rachida Dati a-t-elle été priée de revoir sa position? C'est tout à fait possible et c'est bien ce qui se murmure…
Il reste bien sûr à évaluer l'impact qu'un tel jugement pourra avoir sur d'éventuels procès en annulation de mariage, il se sait que des mariages sont parfois arrangés avec des personnes issues des pays du sud et des français originaires de ces pays, mais la crainte de voir ce type de procédure tendre à se reproduire trop facilement ne semble pas se justifier.
Il est à signaler qu'un très intéressant débat s'est tenu sur france culture sur ce sujet, dans "Le grain à moudre", avec pour invités, Caroline Fourest, Maître Eolas, Sahra Mekboul et Laure Heinich-Luijer, débat dans lequel la crainte de voir ce jugement mettre en danger les libertés des jeunes femmes musulmanes notamment a été évoquée. Il est possible d'écouter l'émission sur le site.
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