Dans son autobiographie intitulée A fleur de peau, Emmanuel Petit ajoute aux soupçons de corruption pesant sur l'OM de Bernard Tapie.

"Au printemps 1992, nous étions qualifiés pour la finale de la Coupe d’Europe contre le Werder de Brême. Quelques jours auparavant, on joue le titre de champion de France contre l’Olympique de Marseille, chez nous, et on perd 3-0. On était dégoûtés. La Ligue n’avait pas voulu nous accorder un seul jour de repos supplémentaire[…] Arsène Wenger* me convoque dans son bureau. Il ferme la porte, me demande de m’installer et commence à me montrer les buts marseillais à la vidéo. […] Il me passe les buts au ralenti et finit par me demander : À quoi penses-tu lorsque tu vois ces buts ? […] Je finis par lui dire que nous avons commis des erreurs de débutants, ce qui n’est pas dans nos habitudes. […] Sa réponse me cloue sur place : C’est bon, tu peux t’en aller. C’est la confirmation de ce que je pense également. Nous sommes plusieurs à supposer que certains de nos joueurs ont été achetés par Marseille " : dans son autobiographie titrée À fleur de peau, le champion du monde de 1998 Emmanuel Petit – c’est lui qui marque le troisième but de la mythique finale contre le Brésil – met les pieds dans le plat. Et enfonce le clou dans une interview accordée au Parisien/Aujourd’hui en France : "Monaco et le PSG ont été privés de deux ou trois titres de champion à une époque où un club dominait les autres en appliquant des méthodes un peu troubles". Petit livre une autre anecdote illustrant le drôle de climat régnant à l’époque, qui s’est déroulée lors de sa première sélection en équipe de France, en 1993 : "Quand je suis arrivé en équipe de France, j’étais le seul Monégasque et le seul jeune. Il devait y avoir huit ou neuf joueurs de l’OM et Tapie commençait à avoir un poids politique. Quand les affaires de corruption ont éclaté, il ne fallait surtout pas en parler. Du haut de mes 19 ans, j’ai eu le malheur de dire dans les médias que dans une course de 100 m, sur vingt clubs, il y en a un qui fait une course de 80 m. On m’a tout de suite fait comprendre qu’il fallait que je ferme ma gueule. Les Marseillais Pascal Olmeta, Bernard Casoni et Bernard Pardo tentent de me mettre au pas. "Ici, c’est l’équipe de France, me disent-ils. Regarde bien où tu es. Nous sommes beaucoup de Marseillais. Tu es simplement toléré dans l’équipe. Tu dois te tenir à carreau. Tu trouves ta place, tu creuses ton trou, tu te mets dedans et on ne veut plus t’entendre."

Dire que certains supporters marseillais ont osé réclamé qu’on leur restitue le titre de 1993 ! Pour mémoire, c’est cette année-là que l’OM s’est fait prendre la main dans le sac, coupable d’avoir acheté des joueurs valenciennois, à quelques jours de défier le Milan AC en finale de la coupe d’Europe. Nous aimerions enfin qu’on nous explique pourquoi, puisque le club phocéen a été sanctionné à l’issue de cette psg_om_blasonsaffaire et déchu de son titre, ce dernier n’a pas été attribué à son dauphin. Le palmarès de 1993 est vierge de tout champion de France : aberrant ! Au fait, quel est le club qui aurait dû, en toute légitimité, être sacré à la place de Marseille ? Allez, devinez… Le PSG bien sûr !

* Arsène Wenger, à l’époque entraîneur de l’AS Monaco, où évoluait Petit, exerce aujourd’hui son métier pour le compte du club londonien Arsenal.

PS : Lire aussi, au sujet de la corruption dans le football, notre volumineux dossier sur l’ancien Plume de presse.

 

Olivier Bonnet est journaliste indépendant, blogueur de Plume de presse et auteur de Sarkozy, la grande manipulation (Editions Les points sur les i, mai 2008).