Après les diverses manifestations de sympathie à la cause Tibétaine dans le monde, à l'occasion du parcours de la flamme olympique, mais aussi suite aux réclamations des politiciens occidentaux, le Dalaï Lama devrait être reçu par les autorités chinoises. De Georges Bush à Nicolas Sarkozy en passant par d'autres gouvernements occidentaux, le monde démocratique s'en est félicité. Cela n'a pourtant été exprimé que sous la forme d'une vague promesse et la Chine répète dans son message que "La politique du gouvernement central à l'égard du dalaï-lama a toujours été de laisser ouverte la porte du dialogue", ce qui reste bien peu crédible, mais constitue une porte de sortie honorable pour tous après les incidents qui ont émaillé le parcours de la flamme olympique. Mais malgré cela le Tibet serait tout simplement l'arbre qui cache la forêt de la situation réelle des provinces chinoises, à faire un peu le tour des informations disponibles sur internet.

Et c'est bien ce que dit l'agence de presse asia news, en rappelant que la police a tiré le vingt avril sur 100 agriculteurs qui défendaient leur terre, que voulait s'approprier une compagnie minière pour en exploiter le tungstène. Au bilan, un paysan a été tué, cinq sérieusement blessés, des dizaines ont été arrêtés tandis qu'une vingtaine ont été battus. Ce n'était pas au Tibet, mais dans le Yunnan. Entre le 9 et le 13 avril, la police charge 6000 habitants, non pas au tibet, mais dans la province de Hainan. 7000 hectares de leur terre devaient être confisqués, pour y construire des terrains de golf. Au bilan, 300 paysans ont été blessés et les journalistes ont été écartés de ces évènements. Les appropriations abusives concerneraient au moins 100000 hectares depuis 2006. Le site e-deo  traduit l'article de asia news : « Selon certains militants des droits de l'homme, la campagne lancée par la Chine contre le Tibet et le Dalaï Lama est aussi utilisée pour cacher toutes ces violations se produisant à travers le pays et contre la population chinoise elle-même. »

Il n'y a pas que les expropriations. D'autres provinces sont maltraités, notamment le Xinjiang, situé au nord du tibet, pays à majorité musulmane. Le site Wikipédia relate la"politique de discrimination" du gouvernement, on évoque aussi une forme de "terreur". 200000 personnes y seraient mortes des suites des essais nucléaires dans le pays et la population est contenu dans les emplois subalternes.   Amnesty international évoque la répression contre ce que le gouvernement appelle "les séparatistes, les terroristes et les religieux extrémistes" . Le gouvernement Chinois ne tolère d'ailleurs pas d'autre autorité que la sienne et le fait savoir. Les catholiques chinois sont divisés en églilse officielle et en église… clandestine. Le Vatican y est assez mal vu, même si un rapprochement s'est opéré il y a peu pour permettre à l'église clandestine et réprimée de sortir de l'ombre. Des catholiques clandestins seraient même parfois torturés, toujours selon Amnesty international. Le PCC ne reconnait aucun culte, pas plus les catholiques que les musulmans ou les bouddhistes.

Tout le monde se souvient également bien sûr des images de la place Tien' anmen (ou pour dire comme le gouvernement des  « Troubles politiques du printemps et de l'été 1989 » (春夏之交的政治風波) et de cet étudiant courageux qui s'était exposé devant un char, seul, terriblement chétif devant le véhicule de guerre. L'armée avait chargé la foule et réprimé l'émeute étudiante. La croix rouge chinoise et des sources occidentales avaient suggéré, pour la seule ville de Pékin, 2600 à 3000 morts, le gouvernement 300. Pour les provinces chinoises qui s'étaient également soulevées, il n'existe aucun chiffre. L'étudiant aurait été emprisonné par la suite, et l'on imagine ce qu'il a dû subir. En réalité l'on ne sait pas vraiment ce qu'il est devenu ensuite. A cette occasion le gouvernement de Pékin avait pu montrer qu'il contrôlait fort bien la presse, et les images qui nous sont parvenus de l'évènement ne le doivent qu'à des journalistes courageux qui ont pris mille risques pour faire passer leurs images. C'était en 1989, cela a-t-il changé?
Wei Jingsheng  est un illustre inconnu, au moins de la foule. C'est un militant chinois pour les droits de l'Homme. Il avait remis une pétition au siège du CIO à Lausanne en décembre 2007, contre la tenue des jeux olympiques en Chine, évoquant la corruption au sein du comité. A tort, à raison? La preuve n'est pas accessible sur internet de la véracité de ses dires. Il affirme aussi que "L'autre raison du déséquilibre commercial massif réside dans le fait que les ouvriers chinois n'ont pas le droit de se défendre pour obtenir des salaires justes, ni pour la protection de leurs droits. Les droits de l'Homme en Chine ont beaucoup à voir avec les profits économiques européens. " Il faut lire le papier de Wei Jingsheng qui met bien en valeur l'ambiguïté du rapport de l'occident avec la Chine, il y évoque aussi les relations de la France avec le gouvernement chinois.
Mais maintenant que les JO ont été attribués à la chine, il reste l'espoir qu'en s'ouvrant au monde à cette occasion, la Chine n'évolue dans le sens que tout un chacun souhaite. La ministère des affaires étrangères  français s'exprime sur internet : "La situation des droits de l'homme en Chine est contrastée. La société civile a acquis une autonomie croissante dans le domaine de la sphère privée. Le développement de l'économie privée, l'accès à internet, l'ouverture aux voyages internationaux et aux études à l'étranger, la libéralisation des mœurs ont ouvert de réels espaces de liberté. Marquant leur volonté d'accompagner ces évolutions, les autorités ont facilité en 2003 les procédures de mariage ou l'obtention d'un passeport. De nombreuses ONG chinoises ont été autorisées, particulièrement dans les domaines sociaux (protection de l'environnement, aide aux personnes démunies, aux malades du SIDA, aux migrants, etc.). Toutefois, leur action est très étroitement surveillée et leurs éventuelles critiques ne doivent en aucun cas être dirigées contre le régime ou ses orientations fondamentales. " Tout cela parait réaliste mais ne saurait faire oublier ce qui est relaté ci-dessus. Le texte ajoute que "Des progrès restent également à faire dans les domaines de la liberté d'expression et de conscience, dans le respect des droits des minorités (au Tibet et au Xinjiang notamment). Les poursuites continuent à l'encontre de militants syndicaux, de défenseurs de l'identité tibétaine ou ouïgoure, ou de cyber-dissidents, qui franchissent les « lignes jaunes » du régime".
Et le Tibet? Inutile de redire ici tout ce qui se passe au Tibet. Comme chacun le sait la situation est tendue, elle l'est d'autant plus que les tibétains semblent vouloir attirer l'attention sur la situation que connait leur région. Des moines ont été battus et même abattus par balle, c'est le porte-parole du Dalaï Lama qui le dit, Matthieu Ricard, dans un article paru dans le figaro. Il n'y a pas lieu de douter de ce qu'il dit, il suffit d'avoir lu ce qui se trouve au-dessus. Ici le les jeux Olympiques sont déclencheurs à la fois du soulèvements, mais aussi de la répression en retour.
C'est toutefois une excellente chose que dans le monde de nombreuses personnes soient soucieuses du Tibet. Ce qui est malheureux en revanche, c'est d'oublier que le Tibet n'est pas la seule province à subir le gouvernement Chinois et que les répressions commises dans le pays du Dalaï Lama semblent bien être pratiquées dans tout le pays. Cet intérêt semble provenir plus particulièrement de l'image sereine et souriante que renvoie le Dalaï Lama, qui constitue une excellente vitrine avec son éternel sourire et ses petites lunettes, mais qui reste en même temps qu'un chef religieux, le chef politique d'une province.
Ce texte serait incomplet sans rappeler que selon Jean-Pierre Raffarin, "La Chine est le banquier du monde. Les Chinois financent le déficit américain. La Chine a quitté la route de la dictature". On s'amusera aussi de ses discours autour de son blog .