"Ne jamais répondre à un téléphone mobile lorsqu'il SE RECHARGE"! C’est le contenu alarmant d'un message qui circule depuis quelques semaines sur le Net. Cette alerte au mobile a été largement relayée en Mauritanie par des sites Web et à travers la messagerie électronique. Il s’agit du récit dramatique d'une personne qui rechargeait son téléphone chez elle, lorsqu'un un appel a sonné. Répondant au téléphone, qui était branché à une prise électrique, une foudroyante charge électrique traverse le téléphone sans contrainte en quelques secondes et projette son usager au sol. Inconsciente, avec un pouls très faible et des doigts brûlés, cette personne serait décédée en cours de route pour l'hôpital le plus proche.

Je pense que si cette triste information se confirme scientifiquement et se vérifie de sources sûres, nous devrons tous (autorités, société civile, opérateurs de télécom & média de masse) se mobiliser pour entreprendre un effort de sensibilisation accrue envers l'opinion publique nationale et internationale sur les dangers que constitue un mode d’emploi inadapté du téléphone mobile. Dans ce cas, tous les constructeurs de la téléphonie mobile comme NOKIA, LG, SAMSUNG, ALCATEL, MOTOROLLA, SONY-ERICSON et les autres devront être mis à contribution pour la prise en charge des coûts de cette mobilisation générale. Il est incontestable que les opérateurs télécom exerçant en Mauritanie et dans chaque pays du monde, doivent également contribuer d’une certaine manière, à cet effort de mobilisation planétaire. Néanmoins, en Mauritanie, l’alerte au mobile n'est, peut-être que l'arbre qui cache la forêt.

En tout état de cause, cette information, vraie ou fausse, a eu le mérite de ressusciter le débat public sur la problématique des rapports équivoques entre "le portable et développement durable" en ce qui concerne le cas de la Mauritanie.

Certaines sources dignes de foi estiment que le taux de la contribution financière directe de chacun des 3 opérateurs télécom exerçant actuellement en Mauritanie (Mattel, Mauritel et Chinguitel) à la facture du développement durable du pays est à 3% de son chiffre d'affaire annuel, même si par ailleurs la moyenne des bénéfices nets de ces opérateurs se situe autour de 6 à 9 milliards d’ouguiya par opérateur en 2007. Ainsi, une enveloppe annuelle d’environ 1 milliard d'ouguiyas (4 millions de dollars US) est collectée à titre de contribution à l'accès universel des pauvres de Mauritanie aux services sociaux de base. Malheureusement, il semble que ce montant serait versé chaque année dans les caisses d’une agence publique appelée l'Agence Nationale d'Accès Universel sans retour visible sur les conditions de vie des citoyens pauvres, malgré la belle définition de la mission de cette agence qui apparaît d’emblée sur son Site web: "l'Accès Universel aux services consiste à permettre à toutes les personnes d'une communauté d'avoir un accès aux services de bases, à distance et à tarifs raisonnables. L'Agence est chargée par l'Etat de mettre en œuvre la Stratégie nationale d'Accès Universel. Cette dernière vise une généralisation progressive des services essentiels au développement économique et au bien-être social, notamment les services d'eau, d'électricité et de télécommunications appuyée de façon stratégique…".

A cette opportune occasion d’alerte au mobile, je propose que la société civile, tout en se mobilisant pour informer et sensibiliser les usagers du téléphone mobile contre les méfaits éventuels de cet "indispensable" gadget technologique, monte au créneau pour réclamer une meilleure visibilité et, surtout, une meilleure traçabilité de ce budget colossal qui serait versé, chaque année, par les opérateurs télécom de Mauritanie comme contribution au financement de l’accès universel au profit des pauvres de Mauritanie. A juste titre, les campagnes de sensibilisation d'ordre social en général, celles relatives à la "Santé-téléphonie" notamment, pourraient enfin trouver une opportune ressource de financement de proximité à partir de cette généreuse enveloppe. Sinon, la manne du mobile ne sera pas une aumône pour les pauvres, mais plutôt une offrande pour les riches.