C'en est fini de l'harmonie et de la béatitude sur le Toit du Monde. Lhassa est en feu et le Tibet semble en plein soulèvement. Depuis quelques jours, rien ne va plus au pays des Bouddhas. Des moines manifestent, l'armée chinoise tente tant bien que mal de réprimer et d'étouffer dans l'oeuf cette mini révolution à laquelle elle ne s'attendait pas vraiment. Les occidentaux ont souvent eu une (très fausse) image d'un Tibet rempli de saints, de moines couverts de leurs robes safran et or. Ce sont ceux là même et les citoyens du Tibet, qui ont décidé de crier leur dépit et leur envie d'indépendance à la face du Monde…

Les Jeux Olympiques qui auront lieu à Pékin ont donné une formidable visibilité au Tibet, ce pays occupé par la Chine depuis 1949 de manière absolument illégale. Un pays et une culture qui sont en train de mourir, étouffés par l'ennemi chinois considérant les terres tibétaines comme une province chinoise, si l'on en croit de nombreux pro-indépendance. Cette visibilité, les tibétains s'en servent pour que les yeux des observateurs internationaux, tournés vers eux, voient enfin ce qui se passe…

Ces derniers jours, des touristes français et américains ont parlé de Lhassa comme d'une ville fantôme, fermée, occupée par l'armée et la police, qui chassent les manifestants et les indépendantistes. D'autres ont parlé d'incendies provoqués par ces mêmes manifestants, de voitures brûlés, de magasins dévastés. La Chine semble dépassée mais pour ne pas passer pour un pays censeur et pour une dictature, elle en parle à la télévision ! Une première ! Elle a même montré la situation castastrophique tout en minimisant la situation bien évidemment.

L'Express affirme que la Chine aurait parlé de 10 morts, mais beaucoup pensent que ce chiffre est sous-évalué… Le gouvernement offre des récompenses à ceux qui dénonceront les agitateurs et pointe du doigt le Dalaï-Lama comme étant à l'origine de tous ces troubles. Un Dalaï-Lama inquiet qui a montré un visage qu'on lui connait peu. Il a demandé à la Chine de ne pas utiliser la force, et aux tibétains de cesser d'utiliser la violence, tout en rejetant les accusations de la puissance communiste quant à sa culpabilité dans un pseudo-complot à l'origine de cette soudaine agitation.

A Dharamsala, dans son exil indien, le Dalaï-Lama, qui a fui le Tibet en 1959, attend de revenir dans son pays un jour, même s'il doute, de ses propres mots, que cela n'arrive de son vivant. Il faut néanmoins que le lecteur sache que cette image de sainteté et d'élévation spirituelle que l'occidental moyen se fait du Tibet est absolument fausse et nous vient du Cinéma. Le Tibet a toujours été une théocratie, gouverné par la religion, le lamaïsme, mélange de bouddhisme et de l'ancienne religion Bön. Des guerres sanglantes ont eu lieu , un système féodal basé sur le servage et l'esclavage était présent jusqu'à son abolition par la Chine et différentes écoles religieuses bataillent encore aujourd'hui.

Le pays n'a rien du Paradis que l'on imagine parfois. De nombreux jeunes tibétains refusent d'ailleurs le retour du Dalaï-Lama, qu'ils voient comme un Louis XIV asiatique. Un côté qu'on ne montre jamais au JT…