Le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’IFEX (TMG) demande la libération d’un comédien tunisien inculpé et incarcéré la semaine dernière sur la foi de preuves douteuses. C’est là en réalité, estime-t-il, le châtiment qu’il s’est attiré pour avoir fait une imitation du président du pays.

L’élément déclencheur semble avoir été un enregistrement privé de l’imitation satirique, par le comédien Hédi Ouled Baballah, du président de la Tunisie Zine el-Abidine Ben Ali, qui s’est répandu à travers le pays par téléphone mobile.

Le TMG est d’avis que Ouled Baballah a été ciblé par la police qui a monté contre lui de fausses accusations relatives à la drogue et aux devises étrangères comme punition pour avoir exécuté la satire populaire. Le TMG, coalition de 18 membres du réseau de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX), presse les autorités tunisiennes de réviser son cas.

Le TMG croit que les tribunaux tunisiens devraient abandonner sur pourvoi la condamnation relative à la drogue et laisser tomber les chefs d’accusation concernant les devises au motif qu’il existe des doutes sérieux et crédibles au sujet de la preuve alléguée présentée devant le tribunal.

D’après des documents de cour, Ouled Baballah a été intercepté le 14 janvier 2008 à un point de contrôle routier. Un policier a confisqué la voiture de location qu’il conduisait et l’a conduite jusqu’à un poste de police. La police aurait par la suite « découvert » quelques grammes de cannabis dans le coffre à gants. Pendant qu’il était détenu au poste de police, Ouled Baballah a subi des prélèvements sanguins pour des tests de drogue, qui se sont révélés négatifs.

Pendant sa détention, la police a procédé à la fouille de son domicile où elle aurait trouvé d’autres « preuves » – quelques fausses coupures en devises étrangères – dont la possession est passible d’une peine maximale de 20 ans de prison.

Ouled Baballah nie catégoriquement avoir eu quelque connaissance que ce soit de la drogue et de la fausse monnaie, et il maintient que les soi-disant preuves ont été installées. Ouled Baballah a été condamné le 4 février à un an de prison et à 1 000 dinars d’amende (environ 800$US) pour possession de cannabis. Il a interjeté appel de cette condamnation. Il attend toujours le verdict dans l’affaire de fausse monnaie.

Les prétentions de conspiration policière de Ouled Baballah ont l’accent de la vérité, dit le groupe tunisien membre de l’IFEX, l’Observatoire pour la Défense de la Liberté de la Presse, de l’Édition et de la Création (OLPEC).

En Tunisie, les dissidents ne sont jamais mis en accusation pour leurs gestes politiques; on les accuse plutôt faussement de délits plus « ignominieux », dit l’OLPEC. Parmi les dernières victimes de cette tactique, on compte le juriste Mohamed Abbou, spécialiste des droits de la personne, incarcéré parce qu’il aurait attaqué une collègue, et le journaliste Slim Boukhdhir, accusé d’avoir contrevenu aux lois sur les bonnes moeurs.

C’est la deuxième fois que Hédi Ouled Baballah est persécuté pour avoir imité Ben Ali. Après avoir exécuté une imitation du même genre l’an dernier, il a été arrêté et tabassé par la police pendant sa détention au centre de Bouchoucha, entre le 9 et le 11 mars 2007.

« Cela ressemble à une autre affaire bidon contre une personne qui a osé parler contre le président, » dit le président du TMG de l’IFEX, Rohan Jayasekera, de Index on Censorship. « À l’évidence, le président Ben Ali a autant le sens de l’humour qu’il a le goût de la démocratie.« 

Le TMG demande la révision judiciaire immédiate de cette affaire, ainsi que des circonstances entourant la découverte de la preuve alléguée. Il croit que cette révision conclurait que toute condamnation obtenue sur la foi de la preuve alléguée contreviendrait aux normes judiciaires en vigueur à l’échelle internationale et que Ouled Baballah devrait être remis en liberté en attendant l’audition de son appel.

Le TMG presse également les collègues artistes – les comédiens français, algériens et canadiens qui ont participé peu avant l’arrestation de Ouled Baballah, au récent festival de comédie de la Semaine du Rire à Tunis – de s’avancer pour défendre son droit à la libre expression et son droit de faire la satire des pouvoirs politiques.

Les membres de l’IFEX-TMG:

  • Réseau d’information arabe des droits de l’Homme (HRINFO), Égypte
  • ARTICLE 19, Royaume-Uni
  • Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), Canada
  • Cartoonists Rights Network International (CRNI), États-Unis
  • Organisation égyptienne pour les droits de l’Homme (EOHR), Égypte
  • Index on Censorship, Royaume-Uni
  • Fédération internationale des journalistes (FIJ), Belgique
  • Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques (IFLA), Pays-Bas
  • Institut international de la presse (IIP), Autriche
  • Union internationale des éditeurs (UIE), Suisse
  • Journaliste en danger (JED), République démocratique du Congo
  • Fondation Maharat, Liban
  • Media Institute of Southern Africa (MISA), Namibie
  • Centre PEN norvégien, Norvège
  • Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), Canada
  • Association mondiale des journaux (AMJ), France
  • World Press Freedom Committee (WPFC), États-Unis
  • Comité des écrivains en prison de PEN International (WiPC), Royaume-Uni

Communiqué IFEX – 15 février 2008 –

English: JOINT ACTION: IFEX-TMG outraged at imprisonment of comedian Hédi Ouled Baballah

Le Groupe d’observation de la Tunisie organisé par l’IFEX (TMG) demande la libération d’un comédien tunisien inculpé et incarcéré la semaine dernière sur la foi de preuves douteuses. C’est là en réalité, estime-t-il, le châtiment qu’il s’est attiré pour avoir fait une imitation du président du pays.

L’élément déclencheur semble avoir été un enregistrement privé de l’imitation satirique, par le comédien Hédi Ouled Baballah, du président de la Tunisie Zine el-Abidine Ben Ali, qui s’est répandu à travers le pays par téléphone mobile.

Le TMG est d’avis que Ouled Baballah a été ciblé par la police qui a monté contre lui de fausses accusations relatives à la drogue et aux devises étrangères comme punition pour avoir exécuté la satire populaire. Le TMG, coalition de 18 membres du réseau de l’Échange international de la liberté d’expression (IFEX), presse les autorités tunisiennes de réviser son cas.

Le TMG croit que les tribunaux tunisiens devraient abandonner sur pourvoi la condamnation relative à la drogue et laisser tomber les chefs d’accusation concernant les devises au motif qu’il existe des doutes sérieux et crédibles au sujet de la preuve alléguée présentée devant le tribunal.

D’après des documents de cour, Ouled Baballah a été intercepté le 14 janvier 2008 à un point de contrôle routier. Un policier a confisqué la voiture de location qu’il conduisait et l’a conduite jusqu’à un poste de police. La police aurait par la suite « découvert » quelques grammes de cannabis dans le coffre à gants. Pendant qu’il était détenu au poste de police, Ouled Baballah a subi des prélèvements sanguins pour des tests de drogue, qui se sont révélés négatifs.

Pendant sa détention, la police a procédé à la fouille de son domicile où elle aurait trouvé d’autres « preuves » – quelques fausses coupures en devises étrangères – dont la possession est passible d’une peine maximale de 20 ans de prison.

Ouled Baballah nie catégoriquement avoir eu quelque connaissance que ce soit de la drogue et de la fausse monnaie, et il maintient que les soi-disant preuves ont été installées. Ouled Baballah a été condamné le 4 février à un an de prison et à 1 000 dinars d’amende (environ 800$US) pour possession de cannabis. Il a interjeté appel de cette condamnation. Il attend toujours le verdict dans l’affaire de fausse monnaie.

Les prétentions de conspiration policière de Ouled Baballah ont l’accent de la vérité, dit le groupe tunisien membre de l’IFEX, l’Observatoire pour la Défense de la Liberté de la Presse, de l’Édition et de la Création (OLPEC).

En Tunisie, les dissidents ne sont jamais mis en accusation pour leurs gestes politiques; on les accuse plutôt faussement de délits plus « ignominieux », dit l’OLPEC. Parmi les dernières victimes de cette tactique, on compte le juriste Mohamed Abbou, spécialiste des droits de la personne, incarcéré parce qu’il aurait attaqué une collègue, et le journaliste Slim Boukhdhir, accusé d’avoir contrevenu aux lois sur les bonnes moeurs.

C’est la deuxième fois que Hédi Ouled Baballah est persécuté pour avoir imité Ben Ali. Après avoir exécuté une imitation du même genre l’an dernier, il a été arrêté et tabassé par la police pendant sa détention au centre de Bouchoucha, entre le 9 et le 11 mars 2007.

« Cela ressemble à une autre affaire bidon contre une personne qui a osé parler contre le président, » dit le président du TMG de l’IFEX, Rohan Jayasekera, de Index on Censorship. « À l’évidence, le président Ben Ali a autant le sens de l’humour qu’il a le goût de la démocratie.« 

Le TMG demande la révision judiciaire immédiate de cette affaire, ainsi que des circonstances entourant la découverte de la preuve alléguée. Il croit que cette révision conclurait que toute condamnation obtenue sur la foi de la preuve alléguée contreviendrait aux normes judiciaires en vigueur à l’échelle internationale et que Ouled Baballah devrait être remis en liberté en attendant l’audition de son appel.

Le TMG presse également les collègues artistes – les comédiens français, algériens et canadiens qui ont participé peu avant l’arrestation de Ouled Baballah, au récent festival de comédie de la Semaine du Rire à Tunis – de s’avancer pour défendre son droit à la libre expression et son droit de faire la satire des pouvoirs politiques.

Les membres de l’IFEX-TMG:

  • Réseau d’information arabe des droits de l’Homme (HRINFO), Égypte
  • ARTICLE 19, Royaume-Uni
  • Journalistes canadiens pour la liberté d’expression (CJFE), Canada
  • Cartoonists Rights Network International (CRNI), États-Unis
  • Organisation égyptienne pour les droits de l’Homme (EOHR), Égypte
  • Index on Censorship, Royaume-Uni
  • Fédération internationale des journalistes (FIJ), Belgique
  • Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques (IFLA), Pays-Bas
  • Institut international de la presse (IIP), Autriche
  • Union internationale des éditeurs (UIE), Suisse
  • Journaliste en danger (JED), République démocratique du Congo
  • Fondation Maharat, Liban
  • Media Institute of Southern Africa (MISA), Namibie
  • Centre PEN norvégien, Norvège
  • Association mondiale des radiodiffuseurs communautaires (AMARC), Canada
  • Association mondiale des journaux (AMJ), France
  • World Press Freedom Committee (WPFC), États-Unis
  • Comité des écrivains en prison de PEN International (WiPC), Royaume-Uni

Communiqué IFEX – 15 février 2008 –

English: JOINT ACTION: IFEX-TMG outraged at imprisonment of comedian Hédi Ouled Baballah

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