Jimmy Wales, fondateur de Wikipedia, se prépare à lancer un moteur de recherche reposant sur la même technologie ouverte et le même modèle de participation que l’encyclopédie.
Wikiasari (de wiki=rapide en hawaïen et asari=chercher de manière exhaustive) devrait voir le jour début 2007.
Dans une entrevue au Times de Londres, Wales explique:
“Pour l’essentiel, si on considère que l’une des tâches de base d’un moteur de recherche est de prendre une décision: ‘cette page est bonne, cette page est nulle’. On sait que les ordinateurs sont mauvais pour ce genre de jugements et c’est pourquoi les algorithmes doivent procéder de façon indirecte.”
Les humains ont une méthode bien supérieure, ajoute-t-il: “Nous n’avons qu’à regarder la page. Normalement il suffit d’à peine une seconde pour se rendre compte si elle est bonne. La clé consiste donc à créer une communauté de confiance pour cette tâche.”
Quant au modèle économique, tous les moteurs de recherche fonctionnent sur la pub. “La transparence dans la recherche est donc comme la transparence de l’information. S’il y a de la qualité, les gens viendront.”
La nouvelle est confirmée, très prudemment, sur Wikia , l’entreprise à but lucratif lancée par Wales et qui compte avec la participation financière d’Amazon.com.
Il se trouve que la blogosphère s’est (partiellement) agitée ces derniers jours autour de la formule “Wikipedia eats Google”, Wikipedia mange Google, lancée par Sunir Shah et reprise par The Guardian. L’idée est que l’encyclopédie intègre plein de recherches faites sur Google et qu’elle “a lentement absorbé (eat) toute la base de connaissance du web au point de devenir elle-même une référence des ressources de qualité, meilleure, plus rapide et, surtout, à l’abri des pourriels. A la différence des annuaires de liens, elle ne se contente pas de donner des listes, elle raconte une histoire à leur sujet”. (Voici des pistes pour suivre cette discussion).
Notons qu’en octobre dernier Google a acheté Jotspot, sa propre entreprise (et technologie) de Wiki.
Rattraper Google ne sera pas chose facile et ça n’est pas nécessairement l’objectif. Un peu de compétition fait du bien (comme le remarque Dan Farber).
Je trouve surtout que la proposition de Wales permet de relancer de façon positive l’éternelle tension entre machines seules et le duo humains-machines qui définit un des champs essentiels des technologies de l’information. C’était ce qui, au départ, distinguait Yahoo de Google. Il était temps de trouver une nouvelle réponse. Celle-ci correspond tout à fait au moment web 2.0 que nous vivons.