Par :Sihem Bensedrine

Tunis vient d’accueillir de grands humoristes durant son Festival du rire qui a eu lieu du 26 janvier au 2 février. On a bien ri des imitations décapantes de personnalités politiques françaises présentées par le talentueux Ives Lecoq. Mais en Tunisie, on rit des autres, jamais de nous-mêmes, l’humour s’arrête là, à la frontière de la dictature qui connait la force subversive du rire mais ne l’apprécie jamais. Hédi Ouled Baballah, vient de l’apprendre à ses dépens.

Achourouk et Le Quotidien, les deux porte-voix du ministère de l’Intérieur, annonçaient dans leur édition du 8 février, la condamnation le 4 février dernier par le tribunal de première instance de Ben Arous (banlieue de Tunis) de l’humoriste tunisien Hédi Ouled Baballah à «un an de prison et une amende de mille dinars.» pour «détention d’une matière stupéfiante classée dans la catégorie B.» ; et l’article s’étale sur les détails peu crédibles de cette découverte «spontanée» par les services spéciaux lors d’un autre contrôle de «routine» !

L’humoriste audacieux, qui était accompagné d’un chauffeur dans une voiture de location, a été arrêté au péage du Mornag sur l’autoroute reliant Tunis à Hammamet pour un contrôle de «routine». Il avait été embarqué seul dans la voiture de la police et conduit au poste, tandis qu’un agent de police s’était chargé de conduire sa voiture ! Arrivé au poste de police, les agents ont prétendu avoir trouvé un sachet contenant quelques grammes de «Zatla» (cannabis) dans la boite à gants de sa voiture au moment où ils l’ont fouillée.

Devant le tribunal de première instance où il avait comparu le lundi 4 février en état d’arrestation, il avait déclaré à la cour qu’il ignorait jusqu’à l’existence de ce sachet, étant convaincu qu’il est victime d’une machination et qu’il est en train de payer pour sa liberté de ton. Notons qu’il avait été contrôlé négatif au test de dépistage de la drogue auquel il avait été soumis durant sa garde à vue.

De nouvelles charges plus graves sont en train d’etre montées contre lui. Une instruction pour détention de fausse monnaie en devises vient d’être ouverte par le parquet de Ben Arous. La police prétend avoir « découvert » ces faux billets de devises étrangères à son domicile lors d’une perquisition effectuée alors qu’il était en prison.

Il va de soi que personne en Tunisie – à l’exception peut être de ses auteurs – n’ont pu ajouter foi à ce grossier mensonge. Toute la Tunisie est au courant que Hédi Ouled Baballah vient de produire un sketch où il imite le président Ben Ali. Ce sketch qui avait été présenté dans un lieu privé à Sfax, il y a environ trois semaines, a largement circulé en Tunisie de façon informelle par un enregistrement de téléphone portable;

C’est le deuxième que l’humoriste tunisien produit sur le même sujet. Après la production du premier sketch, il avait été arrêté par la police et conduit au centre de détention de Bouchoucha du 9 au 11 mars 2007. Il avait été violemment battu par les agents des services de sécurité durant sa garde à vue et avait, à sa libération, porté plainte pour «violences aggravées», mais sa plainte est restée sans suite.

Après cette «récidive», c’est une sale affaire de drogue qui a été montée contre lui pour le punir d’avoir transgressé les lignes rouges. Car il est interdit de rire du «Président» dans une dictature qui se respecte. En mettant en prison un humoriste, le pouvoir est en train de créer une nouvelle icône de la dissidence, mais cette fois dans le monde artistique.

Kalima Tunisie– 9 février 2008

Par :Sihem Bensedrine

Tunis vient d’accueillir de grands humoristes durant son Festival du rire qui a eu lieu du 26 janvier au 2 février. On a bien ri des imitations décapantes de personnalités politiques françaises présentées par le talentueux Ives Lecoq. Mais en Tunisie, on rit des autres, jamais de nous-mêmes, l’humour s’arrête là, à la frontière de la dictature qui connait la force subversive du rire mais ne l’apprécie jamais. Hédi Ouled Baballah, vient de l’apprendre à ses dépens.

Achourouk et Le Quotidien, les deux porte-voix du ministère de l’Intérieur, annonçaient dans leur édition du 8 février, la condamnation le 4 février dernier par le tribunal de première instance de Ben Arous (banlieue de Tunis) de l’humoriste tunisien Hédi Ouled Baballah à «un an de prison et une amende de mille dinars.» pour «détention d’une matière stupéfiante classée dans la catégorie B.» ; et l’article s’étale sur les détails peu crédibles de cette découverte «spontanée» par les services spéciaux lors d’un autre contrôle de «routine» !

L’humoriste audacieux, qui était accompagné d’un chauffeur dans une voiture de location, a été arrêté au péage du Mornag sur l’autoroute reliant Tunis à Hammamet pour un contrôle de «routine». Il avait été embarqué seul dans la voiture de la police et conduit au poste, tandis qu’un agent de police s’était chargé de conduire sa voiture ! Arrivé au poste de police, les agents ont prétendu avoir trouvé un sachet contenant quelques grammes de «Zatla» (cannabis) dans la boite à gants de sa voiture au moment où ils l’ont fouillée.

Devant le tribunal de première instance où il avait comparu le lundi 4 février en état d’arrestation, il avait déclaré à la cour qu’il ignorait jusqu’à l’existence de ce sachet, étant convaincu qu’il est victime d’une machination et qu’il est en train de payer pour sa liberté de ton. Notons qu’il avait été contrôlé négatif au test de dépistage de la drogue auquel il avait été soumis durant sa garde à vue.

De nouvelles charges plus graves sont en train d’etre montées contre lui. Une instruction pour détention de fausse monnaie en devises vient d’être ouverte par le parquet de Ben Arous. La police prétend avoir « découvert » ces faux billets de devises étrangères à son domicile lors d’une perquisition effectuée alors qu’il était en prison.

Il va de soi que personne en Tunisie – à l’exception peut être de ses auteurs – n’ont pu ajouter foi à ce grossier mensonge. Toute la Tunisie est au courant que Hédi Ouled Baballah vient de produire un sketch où il imite le président Ben Ali. Ce sketch qui avait été présenté dans un lieu privé à Sfax, il y a environ trois semaines, a largement circulé en Tunisie de façon informelle par un enregistrement de téléphone portable;

C’est le deuxième que l’humoriste tunisien produit sur le même sujet. Après la production du premier sketch, il avait été arrêté par la police et conduit au centre de détention de Bouchoucha du 9 au 11 mars 2007. Il avait été violemment battu par les agents des services de sécurité durant sa garde à vue et avait, à sa libération, porté plainte pour «violences aggravées», mais sa plainte est restée sans suite.

Après cette «récidive», c’est une sale affaire de drogue qui a été montée contre lui pour le punir d’avoir transgressé les lignes rouges. Car il est interdit de rire du «Président» dans une dictature qui se respecte. En mettant en prison un humoriste, le pouvoir est en train de créer une nouvelle icône de la dissidence, mais cette fois dans le monde artistique.

Kalima Tunisie– 9 février 2008

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