A l'heure où le congrès de la LCR a lancé le processus de création d'un nouveau parti anticapitaliste apte à fédérer la gauche radicale française, les kameraden d'outre-Rhin montrent la voie : les élections régionales de Hesse et de Basse Saxe viennent d'offrir le premier succès de son histoire à Die Linke (la gauche), le parti créé en juin 2007 par l'ancien leader de l'aile gauche du SPD (le PS allemand), Oskar Lafontaine, associé à Lothar Bisky, le patron du Parti de gauche (PDS).
L'analyse nous est livrée par Les Echos, quotidien peu suspect de néo-bolchévisme : "le grand vainqueur de ces élections régionales, c'est le parti d'extrême-gauche, Die Linke, qui réunit depuis l'été dernier néo-communistes et déçus de la social-démocratie. Près de vingt ans après la chute du Mur de Berlin, le parti (…) a obtenu entre 7 et 7,1% des voix à l'élection de Basse-Saxe, et 5% en Hesse, selon les résultats provisoires.
Sachant qu'il faut obtenir au moins 5% des voix pour siéger au Parlement, Die Linke décroche son ticket d'entrée dans les parlements de deux grands Etats régionaux de l'ouest de l'Allemagne. (…) Le doublé de dimanche entérine incontestablement la montée du parti, qui menace de bouleverser l'échiquier politique, en gênant la formation de coalitions. Et ce d'autant plus que Die Linke pourrait bientôt siéger aussi au Parlement de Hambourg (nord) : il est crédité de 5 à 7% des voix à l'élection du 24 février."
Bonne nouvelle, vraiment, d'autant que le grand perdant de ces élections est la CDU d'Angela Merkel : "Les chrétiens-démocrates (CDU) ont subi un très sérieux revers aux élections au Parlement du Land de Hesse. Le parti de la chancelière allemande a recueilli 36,8% des voix, contre 48,8% lors des dernières élections régionales en 2003, selon des résultats officiels provisoires. Il s'agit de sa plus mauvaise performance depuis 1966. La CDU se retrouve au coude-à-coude avec le SPD crédité de 36,7% des suffrages.
Par conséquent, les deux blocs traditionnels se retrouvent chacun avec 42 sièges au Parlement. En Basse-Saxe, aussi, l'heure est à la déception pour la CDU. Certes, les chrétiens-démocrates y conservent une confortable majorité (plus de 50%), mais le parti a perdu plus de cinq points par rapport à 2003." Pour qui souhaite transposer cet exemple allemand à la France, précisons que la CDU avait cru bon de faire campagne sur les thèmes ultra-sarkozistes de la sécurité et de l'immigration, n'hésitant pas à utiliser des slogans flirtant avec la xénophobie.
"Le scénario tant redouté par les grands partis traditionnels allemands est devenu réalité: jusqu'à présent essentiellement cantonnée en Allemagne de l'Est, la gauche radicale s'établit à l'Ouest", écrit pour sa part Le Monde. "La percée de Die Linke reflète un glissement à gauche de l'opinion allemande. Alors que la croissance est de retour depuis 2006, les débats sur le pouvoir d'achat et les inégalités sociales n'ont cessé de prendre de l'ampleur." Aujourd'hui l'Allemagne, demain la France ?