Alors que le Kénya continue de sombrer peu à peu dans le chaos d'une guerre civile aux allures de "nettoyage ethnique", conséquence des élections présidentielles contestées du 27 décembre dernier, les tentatives d'apaisement et de dialogue lancées par la communauté internationale se multiplient, dans l'espoir d'amener Raila Odinga et Mwai Kibaki à mettre un terme aux vagues de violence qui ravagent leur pays.
L'Union africaine et l'Union européenne ont appelé les représentants des deux partis à "la retenue" et au "dialogue", afin d'aboutir à "une solution crédible et transparente". Dans le même temps, la secrétaire d'Etat américaine et le ministre britannique des Affaires étrangères, Condoleezza Rice et David Miliband, ont conjointement exhorté les dirigeants kényans à faire "preuve d'esprit de compromis"…
De son côté, la presse kényane s'insurge et dénonce la dérive sanglante dont est victime le pays, sous la houlette de l'influent quotidien The Nation. Le journal crie haut et fort qu'on "ne peut pas laisser cette folie continuer" et appelle la communauté internationale à "sauver les vies d'innocents kényans qui meurent de la plus atroce des façons, pendant que leurs dirigeants continuent de profiter de luxueux salaires payés par les contribuables".
Dimanche dernier, Odinga avait accusé Kibaki, le président sortant, d'avoir détourné à son avantage un total de plus de 300.000 bulletins de vote. L'écart définitif entre les deux hommes ayant été de 231.728 voix, on comprend tout l'enjeu d'un tel litige pour chaque candidat, ainsi que pour la destinée politique du pays.
Après une semaine de paralysie totale et d'affrontements qui ont causé la mort de plus de 300 personnes parmi les populations, dont des femmes et des enfants, une amorce de retour au calme semble avoir été constatée ce matin dans la capitale, Nairobi. La situation reste toutefois particulièrement instable dans l'Ouest du pays, bastion de l'opposition, où les violences se poursuivent, selon la police.
Pour le moment, si Kibaki se déclare disposé à se rapprocher de son adversaire afin de restaurer la paix dans le pays, Odinga exige quant à lui, en préalable à toute négociation, que le président sortant reconnaisse publiquement sa défaite et donc, par voix de conséquence, sa fraude…