Nous avons longuement expliqué ici en quoi le gimmick du "travailler plus pour gagner plus", ressassé jusqu'à la nausée par la droite depuis la campagne électorale, représentait une escroquerie, en ce qu'il ne concernait qu'une toute petite minorité de gens, alors même qu'il s'agissait de la seule réponse du pouvoir aux problèmes sociaux du pays.

Eh bien voilà que même ce soi-disant remède à la baisse du pouvoir d'achat est aujourd'hui remis en question, puisque le Premier ministre, François Fillon, dans une lettre adressée aux syndicats, a indiqué qu'il souhaitait parvenir "à un droit de la durée du travail plus adaptable aux réalités du terrain".

De quelle façon ? Il voudrait que la fixation de la durée du temps de travail ne soit plus établie par la loi – aujourd'hui à 35 h – mais négociée entreprise par entreprise. Ce qui revient à supprimer la durée légale du travail et à revoir en conséquence le seuil de déclenchement de ces fameuses heures supplémentaires : les salariés à qui leur patron permettent aujourd'hui de travailler plus sont payés davantage à partir de 35 h.

Qu'un accord d'entreprise prévoit le retour aux 39 h, par exemple, et ils ne toucheront 25% de plus qu'à partir de la 40ème heure de travail. Il faut rappeler que la loi est conçue pour protéger les salariés qui se trouvent par définition dans une position inégalitaire avec le patronat dans une négociation. Le référendum récemment organisé chez Continental l'illustre : 74% des employés ont accepté de revenir à 40 h de travail

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hebdomadaires, mais il y furent contraints par un chantage à l'emploi, la direction leur expliquant que c'était ça ou la fermeture de l'usine ! Voilà pourquoi la suppression de la durée légale du travail, aujourd'hui appelée de ses voeux par Fillon, est une revendication du MEDEF, exprimée par sa patronne, Laurence Parisot, pas plus tard que fin novembre.

Il n'aura pas fallu longtemps pour que le gouvernement lui emboîte le pas. Ce qui n'est nullement une surprise : nous écrivions déjà en janvier 2007 que Sarkozy était le candidat du MEDEF. Avec la lettre du Premier ministre aux syndicats, ce pouvoir fait un pas supplémentaire vers la déclaration de la guerre sociale. Ne le laissons pas faire : "aux armes, citoyens !"