Que de péripéties dans l’affaire du préfet Erignac. Cet homme d’ état, fût rappelons-le assassiné le 6 février 1998 à 21h05 rue Colonna-d’Ornano à Ajaccio. Ce sont trois balles de 9 mm tirées à bout portant qui le fera s’éteindre. A ce moment, il n’en fallut pas plus pour qu’une traque commence pour retrouver coûte que coûte le ou les responsables. Vite revendiqué, trois jours suivant l’assassinat, les premières arrestations probantes n’auront lieu que les 21 et 22 mai 1999. Dans le filet de la DNAT (Division Nationale Anti-Terroriste), se trouvent Didier Maranelli, Pierre Alessandri, Marcel Istria, et Alain Ferrandi. D’autres suivront après divers passages aux aveux. Au total, six individus compose le groupe à la source de l’assassinat du préfet Erignac.

Culpabilité oblige, et sens du devoir aiguisé, entraînent Pierre Alessandri à dénoncer le septième, le chaînon manquant, Yvan Colonna. La course-poursuite dans le maquis Corse pouvait commencer. Au bout du compte, du 23 mai 1999 (le lendemain d’une interview par TF1 située à Cargèse) au 4 juillet 2003, Colonna vagabondait en compagnie de mère Nature, dans le maquis.

 

"Colonna. Des agents à sa poursuite. Et un ministre de l’intérieur en attente de son instant de gloire.”

Un phénomène ce ministre de l’intérieur ! Le soir même de l’arrestation de Colonna, le 4 juillet 2003, Nicolas Sarkozy (notre président à tous) annonce solennellement cette victoire peu glorieuse en martelant : “La police française vient d’arrêter Yvon Colonna (sic) l’assassin du préfet Erignac“. Jugé seulement le 14 décembre 2007, coupable de la mort du préfet sans preuve matériel ni aucun témoignage accusant Colonna (tous les détenus s’étant rétractés quelques temps après avoir dénoncé leur confrère), un seul homme pouvait entrevoir un “happy-end” de la sorte : Nicolas Sarkozy. Quatre longues années (au cours desquelles Sarkozy rentra à l’Elysée) auront été nécessaires pour juger “Yvon” coupable. Yvan ce voyou, qui depuis le début proclame son innocence.

La présomption d’innocence et lucidité mises à l’écart, notre président avec qui tout devient possible, savait au fond de lui que l’ “homme du maquis” n’aurait aucune chance face aux juges professionnels. Vous connaissez la suite. Ce procès mené à la baguette par les politiques, ne permettait pas à Colonna de se retrouver relaxé. Mais, les preuves manquent pour juger ce procès d’ oeuvre et de manipulation politique, alors une chose reste à faire : leur accorder la présomption d’innocence, au moins jusqu’ à l’éclatement d’ un hypothétique scandale.