99F, la bombe de Beigbeder par Jan Kounen

L' HOMME EST UN PRODUIT COMME LES AUTRES…avec une date limite de vente.
Tout est provisoire. Tout s’achète : l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi.

Ainsi débute 99F, adaptation cinématographique du roman de Fréderic Beigbeder signée Jan Kounen. Un Jean Dujardin chutant du haut d' un bulding. Une fois en bas, vous pouvez vous installer confortablement dans votre fauteuil, et suivre, avec lui, le cours de sa vie mouvementée de publicitaire de génie "voilà pourquoi vous vous tapez des pubs stupides et ringardes depuis 20 ans…" les publicitaires, drogués et survoltés, n'ont jamais été aussi créatifs et originaux. Mais les "décideurs", quant à eux, se veulent conservateurs et nostalgiques de la pub des années de 80 et de ses ménagères, Et les concepts géniaux sont noyés dans la niaiserie et le politiquement correct. Beigbeder nous raconte l'histoire d' Octave, véritable dieu de la création d'une trentaine d'années (parfaitement incarné par Jean Dujardin) au travers duquel il étouffe le mythe publicitaire à coups de cocaïne, de superficialité et de ridicule.

L' auteurAjoutez à cela l' efficacité d' un Jan Kounen qui fait des choix de mise en scène à la "Las Vegas Parano" ou encore "Sin City" ( petit clin d' oeil à "In The Mood for Love" et à la "cène") et du coup, nous livre un produit visuel d' une rare ingéniosité mêlant effets spéciaux, bandes dessinées et publicité bien sûr. Le Bouquin de Beigbeder, Best-seller en son temps, avait toutes les qualités d' un projet coup de point, un peu comme le "Fight-Club" de C.Palahniuk.
Jan Kounen en a fait un véritable cyber-trash-movie qui baigne dans le LSD et ne laisse personne indifférent. Si notre société n' avait pas cette faculté d' "éteindre" son cerveau quand elle subie des images aussi révoltantes pour son train de vie, ce genre de film serait une véritable bombe dans la marre consommatrice.

Le talent de Jan Kounen au service de Beigbeder

Jan Kounen a toujours été "en marge" avec le reste du monde cinématographique. Sa filmographie, qui se compte sur les doigts d' une seule main, n' a rien de comparable, avec ses pairs, et se rapproche plus de "jeune" maître comme Besson, ou Jeunet. Très attiré par l' animation, il ne cessera jamais d' utiliser les possibilités offertes par l' utilisation des effets spéciaux dans ses films.

"Doberman", son premier long, témoigne déjà de cette faculté d' imaginer et de pouvoir retranscrire les émotions humaines grâce aux effets spéciaux. Cela reste encore aujourd' hui, l' une des principales particularités de ce réalisateur de génie, qui est aussi l' un des principaux représentants de la nouvelle vague du cinéma français avec des réalisateurs comme Olivier Dahan ou encore Gaspard Noé. En 2001 est sorti "Other Worlds/D'autres mondes", un long métrage ou Mr Kounen s' essai aux transes du Shamanisme indien, qui n' est pas s' en rappeler les "voyages" de Vincent Cassel dans "Blueberry".
Bref, une valeur sure pour un cinéma utile et nécessaire. Et un homme passionné.

Jean

Jean Dujardin quant à lui, avait déjà un peu d' Octave en lui. La désinvolture, le décalage, le cynisme. Peut-être est-ce la raison pour laquelle cela est si facile pour lui de transposer à l' écran le héros littéraire de Beigbeder. Il y a des traces du "Jean" d' "Un gars et une fille", peut-être même aussi de "Brice de Nice". Dans 99F, Jean Dujardin est le pantin de Beigbeder, dirigé par Kounen. Et Dujardin joue très juste, tellement juste qu' on en fini parfois par le détester.

Et lorsque la fin (la deuxième est mieux, non?!) nous tombe dessus, que l' on est presque usé par la rapidité et la tournure de l' histoire, une seule phrase fini par "re-classer" un film dont on ne savait pas vraiment ce qu' on allait faire:

"Le budget mondial de la publicité s' élève à 500 milliards de dollars par an. Selon l' ONU, 10% de cette somme suffirait à réduire la famine en Afrique."

Allez voir ce film, il est d' utilité publique. allociné