25 ans, une balle en plein cœur et me voilà passée du statut de mannequin aux longs cheveux bruns et yeux bleus à celui de cadavre, allongée sur une table où l’on va m’autopsier.
Les pôvres ! Que vont-ils trouver ? Une jolie brune (j’en ferais presqu’un air de musique), 25 ans, corps bien fait, ni drogue ni alcool, nourriture saine, sportive, corps parfait peut-être mais fatigué par les contraintes professionnelles.
Et si c’était moi de ma table qui vous autopsiait ? Qu’y trouverais-je ?
Un homme d’une quarantaine d’années, corps alangui, mains expertes car habituées à ouvrir les corps, yeux vifs et tristes, bague toujours au doigt. On sent en lui le désir d’amour, désir d’aimer insatisfait. Est-il écouté et lui sait-il écouter ?
Que faisais-je de mon vivant ?
Vite, vite, je me réveillais, m’habillais, déjeunais, toujours vite vite, prenait ma pause vite vite, travaillais vite vite, revenait chez moi vite vite, m’endormais vite vite pour recommencer une nouvelle journée vite vite.
La vitesse était chez moi comme chez mes congénères le rythme de ma vie, une notion de ouf (comme disent les jeunes). Métro, dodo, boulot, toujours vite vite.
Le dimanche, je prenais un peu moins vite vite un bon steack frites, plat national des français qui devance toujours la fameuse pizza que l’on mange à tout heure du jour et de la nuit.
Que ne faisais-je pas ?
Je n’avais plus le temps d’écouter mes amis, je ne savais plus me confier, je ne savais plus manger, me promener, bref tout ce qui fait partie de la vie, je ne savais plus le faire et je n’avais que 25 ans … et une tête pourtant bien faite et bien remplie.
Que faisons-nous ?
Nous nous plaignons, nous envions l’autre, nous trépignons, nous sommes pessimistes mais optimistes pour l’avenir de nos enfants (cherchez l’erreur), nous sommes contre la mondialisation mais nous achetons beaucoup d’objet fabriqués en Chine et ailleurs, nous délocalisons, nous avons peur des étrangers mais nous partons dans leur pays, nous profitons des moindres vacances, nous voudrions plus de choses gratuites avec un service de pointe mais nous n’en profitons pas forcément car nous n’en avons pas besoin, nous sommes infidèles mais nous voudrions que le mariage dure toute la vie alors que c’est le divorce qui dure toute une vie, nous prenons des Fatma ou Fatima pour garder nos enfants, nous ne les confions plus à nos parents mais nous avons peur de l’étranger, nous mangeons tout et n’importe quoi et n’importe comment mais nous voudrions avoir des corps de rêve.
Nous n’avons pas peur d’étaler nos corps sportifs ou non, bedonnants ou sveltes sur la plage, de parler plus fort que son voisin, d’écouter la radio ou de parler dans son portable comme si nous étions seul au monde, de rouler plus vite qu’autorisé etc….
Alors, une balle en 3 secondes m’a propulsé dans un autre monde. Ce n’était que ma première vie, il m’en reste 6 autres à vivre. Qui est à plaindre, ceux qui restent dans ce monde de jalousies, de dégradation en tout genre ou est-ce moi sur ma table ayant reconquis une liberté que je n’avais plus ou pas connu de mon vivant.
En est-il ainsi pour tous ? Peut-être pas car j’ai connu des gens de qualité qui vivaient une vie de qualité mais je n’ai pas pris le temps, hélas, de mieux les connaître pour mieux pénétrer leurs secrets du bonheur et vivre mieux ma vie.
3 secondes m’ont fait comprendre ce que 25 ans ne m’avait pas permis de saisir : la Vie avec un grand V.
[b]la vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie (proverbe catalan ou espagnol ?)[/b]
Jolie texte qui donne à réfléchir !
A méditer…
Que de vérités dans ce texte poignant…
[b]Je découvre, mais je reviendrai : la vie sur terre vaut tout de même le coup d’être vécue.
Mais mourir à 25 ans et en bonne santé, devient un drame, même si la jeune femme est arrivée dans la quatrième dimension ( ou la cinquième ?), tout ceux qui l’ont aimée sont dans la peine, et auront bien du mal a faire leur deuil. [/b]
Intéressant comme réflexion,Marie Dominique!