En raison d’une déprogrammation pour cause technique d’un certain film, il a fallu, bon gré mal gré, se rabattre sur « 2 automnes 3 hivers », la comédie dramatique de Sébastien Betbeder. Un film typiquement français, plutôt petit budget, d’une extrême originalité où dialogues et monologues ont la part belle.
Il se décline en chapitres, accorde une place mineure au jeu des acteurs au profit d’une narration assez recherchée. Ces derniers peu connus du grand public sont d’un naturel assez déroutant, ce qui fait la singularité du film. Par moments quand la propension à s ‘écouter parler chez certains prend le dessus, les choses se gâtent pour rebondir parfois à retardement, au grand dam du spectateur.
A trente trois ans, Arman, (Vincent Macaigne), semble déterminé à sortir de sa posture d’écorché vif, de reprendre une bonne fois pour toutes sa vie en main ; le voilà prêt à repartir du bon pied, la tête pleine de nouvelles résolutions. Il commence par la principale : un footing au cours duquel il entrera en collision avec une certaine Amélie, (Maud Wyler) qui apparemment fera battre son cœur.
Le hasard fait drôlement bien les choses en concoctant la rencontre inopinée entre ces individus ; habités tous deux par cette même et soudaine envie d’en découdre avec les pépins de leur vie, ils semblent être faits pour s‘entendre. « Il faut que quelque chose arrive », ruminait justement Amélie dépitée devant tant de monotonie quotidienne.
Pour mettre toutes les chances de son côté, Arman investira chez Go sport mais à sa grande déception ni le week end suivant, ni celui d‘après, il ne recroisera la joggeuse ! Sauf que lorsque le destin s’en mêle, les choses commencent à se corser avant de mener parfois à bon port : alors qu’il pédale dans le Marais, complètement suspendu à une chanson de Michel Delpech coloriant de pittoresque sa balade nocturne, il s’arrête net alerté par des cris de femme.
Contre toute attente, voilà que Roméo retrouve sa Juliette en danger ; le chevalier moderne se prend un coup de couteau qui met sa vie en péril alors qu’il tentait de protéger l‘élue de son coeur. Un cocktail explosif qui donnera naissance à ce quelque chose qui s‘apparente à une « romance d’aujourd’hui ».
Par ailleurs, il y’a le parcours de Benjamin, (Bastien Bouillon), le meilleur ami d’Arman, « une force de la nature », comme le surnomme sa mère. Le genre un peu blasé aussi, et avant l’heure. Un AVC lui tombera dessus sans crier gare. Comme Arman il lui faudra apprendre à apprivoiser les incidents de parcours pour parvenir à les surmonter : derrière chaque malheur, se cacherait souvent un bonheur. Et vice versa, d’ailleurs.
Un film qui rappelle avec ses hauts et ses bas que la vie est bien loin d’être un fleuve tranquille : des bribes de scènes de vie "conjugale" et autres qui traitent avec simplicité des difficultés, de la maladie, de la mort, de la peur, de l’évanescence des choses, des sentiments, de l’amitié, de l’amour. Il est empli de gravité que viennent élégamment édulcorer la légèreté du ton et toutes ces jolies notes d’humour dont il est généreusement émaillé ; dans les coins et recoins duquel on ne manquera pas de retrouver un peu de ce style propre à Truffaut.
Film que j’ai vu contrainte et forcée mais qui n’est pas mal, du tout…
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