1960 : le cycliste danois Knud Enemark Jensen meurt d'une sur-consommation de Ronicol au cours des 100 km contre la montre par équipes aux JO d'été à Rome. Lors de la 13e étape du Tour de France de 1967, Tom Simpson trouve la mort sur les pentes du Mont Ventoux. Cause : fatigue, chaleur (35° C), effort, prise conjointe d'alcool et d'amphétamines (du Tonédron, dont on retrouva plusieurs tubes dans les poches de son maillot). La même année, Jacques Anquetil refusa de se soumettre à un contrôle antidopage à la suite de son record de l'heure. Celui-ci ne sera pas homologué.

Plus de 40 ans que ça dure. Qu'est-ce qui a vraiment changé ? A priori, pas grand chose. Chaque année amène son lot de révélations et/ou découvertes salissant un peu plus un sport ayant déjà perdu une très large part de sa crédibilité.

Je ne regarde plus le Tour de France. Je n'y crois plus, la magie a disparu. Et je ne crois pas être le seul, donc on va tenter, si vous le voulez bien, une petite thérapie de groupe de moi-même (sic).

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En 2004, un grand débat, qu'on peut qualifier de "public", a été lancé : les professionels du cyclisme se tiraient dans les pattes afin d'apporter une réponse à la lourde interrogation "faut-il suspendre le Tour de France". Si ma mémoire est bonne, c'était juste avant le TDF 2004, et donc juste avant l'affaire Cofidis.

L'ancien entraîneur de l'équipe Festina 1995-1998, Antoine Vayer, faisait partie des partisans de la suspension. En résumé, il pointait la banalité effarante du dopage organisé au sein des équipes professionnelles. Je le cite :
"En août 2003, les performances des athlètes aux Mondiaux de Paris ont chuté. Tout le monde s'en est réjoui, sous-entendant qu'il y avait une baisse du dopage dans l'athlétisme. Sur le Tour de France, c'est l'inverse. La vitesse moyenne de l'édition 2003 était de 40,940 km/h, soit la plus rapide de l'Histoire. Mieux, le dernier du classement a roulé plus vite que le vainqueur de 1996, le pourtant très controversé Bjarne Riis! Aujourd'hui, le Tour n'a plus de sens en tant qu'épreuve sportive, mais il est presque trop tard pour lancer une politique antidopage cohérente. En avril, tous les coureurs dopés ont déjà terminé leur «préparation» hivernale."

Dans le camp opposé, on avait par exemple Laurent Fignon, vainqueur du tour en 1983 et 1984. Son argumentaire en résumé :
"Pour éradiquer le dopage, il suffirait donc d'annuler le Tour de France? Quelle belle idée! S'il n'y a plus de course, il n'y aura plus de tricheurs. CQFD. Et après? A ma connaissance, pour diminuer le nombre des morts sur les routes, on n'a pas interdit aux voitures de rouler. En vérité, des coureurs qui franchissent la ligne jaune, il y en a toujours eu. Et il y en aura toujours. La solution miracle n'existe pas. Mais j'affirme que le temps du dopage organisé et systématique – celui de l'affaire Festina – est révolu. Ce n'est pas l'état-major de l'équipe Cofidis qui a mis sur pied un trafic illicite au sein de son équipe. Ce sont des individus qui tentent de passer à travers les mailles du filet. Et qui ne passent pas. C'est un progrès."

Et également d'opposer que :
Leur moyenne horaire ne cesse d'augmenter et il faudrait en déduire que le dopage progresse! Les Cassandre savent-ils qu'à mon époque certaines étapes atteignaient 320 kilomètres, quand désormais la plus longue ne dépasse pas 250 kilomètres? Savent-ils qu'en 1996 le vélo de Bjarne Riis pesait près de 1,5 kilo de plus que les machines actuelles?

Beaucoup de blablas de part et d'autre, mais au final, rien n'a changé. Le tribunal correctionnel de Nanterre a prononcé (…) des peines de principe et des relaxes dans le procès du dopage au sein de l'équipe (…)Cofidis, tout en pointant du doigt la structure sportive qui "ne pouvait ignorer le phénomène notoire du dopage ni son ampleur"LE VOILA VOTRE CQFD Mr FIGNON.

 

Et depuis, ça a continué : Tyler Hamilton, Lance Armstrong, Puerto, Liberty Seguros, Floyd Landis, etc…

 

podium

Il faut reconnaître que le cyclisme est l'un des rares sports où les contrôles sont fréquents (plus de 800 coureurs professionnels ayant été impliqués dans des affaires de dopage ont été répertoriés). Depuis les années 90, ça fait environ 60 cas par an.
Mais combien passent au travers des mailles du filet ? Considérant que les techniques de dopages évoluent toujours plus vite que les moyens de les dépister, certainement beaucoup.

Jeff d'Hont, soigneur belge de l'équipe allemande Telekom de 1992 à 1996, a déclenché avec son livre, Mémoires d'un soigneur, une cascade de confessions qui ont ébranlé la foi déjà vacillante des passionnés du cyclisme. D'Hont raconte les injections d'EPO, la duplicité des médecins allemands chargés du suivi sportif, devenus, pour être net, des médecins dopeurs. Depuis une semaine, c'est le grand déballage des repentis, à l'exception de Jan Ullrich, vainqueur du Tour 1997, l'un des très nombreux coureurs impliqués dans l'affaire Puerto, scandale de dopage sanguin qui a éclaté au printemps 2006.

Ullrich a depuis mis un terme à sa carrière. Ont avoué avoir eu recours au dopage alors qu'ils étaient sous contrat avec l'équipe allemande : Bert Dietz, Christian Henn, Rolf Aldag, Udo Bölts, Erik Zabel, Jens Heppner, Mario Kummer, aujourd'hui manager de l'équipe Astana, et le dernier en date, le vainqueur du Tour 1996, le Danois Bjarne Riis, manager de l'équipe CSC, qui lors d'une conférence de presse a déclaré n'être pas digne de figurer dans le palmarès du Tour de France.(source : Libération.fr)

Bref, la grande boucle, ce n'est pas le Tour de France. La grande boucle, c'est l'éternel, permanent et redondant mensonge omniprésent dans le cyclisme, qui n'a plus de sport professionnel que le nom.