Les réussites mais surtout les échecs qui permettent de mieux appréhender les situations ultérieures, laissent des traces indélébiles dans la mémoire des hommes confrontés aux mystères et aux violences des éruptions volcaniques. Certes, si la Soufrière, en Guadeloupe, en 1976, s’est avérée être une bonne gestion, les analyses d’échantillons prélevés sur le volcan établissant qu’il n’y avait pas de montée de magma frais et qu’il s’agissait uniquement d’un phénomène phréatique qui ne fit d’autres dommages que matériels, des conjonctures vulcaniennes, il n’en a pas été de même, en 1980, un 18 Mai d’auguste souvenance, quand le magma explosa sous forme d’un mélange de matériaux volcaniques très chauds, générant des nuées ardentes faisant fondre la neige et la glace de plusieurs glaciers présents sur le sommet, déclenchant des lahars et se soldant par la mort de 57 personnes, – dont le géologue David A. Johnston avec, qui, ce jour là, j’aurais dû, normalement si je n’avais pas été victime d’une intoxication alimentaire qui m’avait cloué au lit, faire équipe -, et de milliers d’animaux, et détruisant 250 maisons, 47 ponts, 24 kilomètres de voies ferrées, 300 kilomètres de routes et plus de 500 kilomètres carrés de forêt, avec le Mont Saint Hélens. C’était aux temps où je faisais mes armes et apprenais sur le terrain auprès d’un grand patron qui prenait toujours les avis de ses subalternes jusqu’à ses « porteurs de sacs », tous sans exception réunis autour de lui, avant de prendre une décision sur la conduite à tenir face aux événements déchainés…
Le Popocatépetl est un stratovolcan explosif qui se manifeste par des éruptions violentes et se caractérise par l’éjection de panaches de gaz et de cendres très toxiques et dangereuses projetées a plusieurs kilomètres de l’édifice volcanique. Sa lave est tellement visqueuse que se forme, à l’intérieur du cratère sommital, des dômes de lave explosant et générant des nuées ardentes. Ses éruptions menacent plusieurs dizaines de millions d’habitants vivant à proximité, notamment dans les agglomérations de Mexico City et de Puebla distantes de quelques 50 kilomètres du bâti vulcanien. La dernière puissante éruption, d’Indice d’Explosivité Volcanique VEI 2, avec émission de 28 millions de mètres cubes de laves, s’est produite entre le 05 Mars 1996 et le 22 Novembre 2003, tuant lors d’une explosion sommitale, le 30 Avril 1996, cinq alpinistes le 30 avril 1996. Au cours de cette période éruptive, la croissance d’un dôme de lave, suivie d’explosions a généré des nuées ardentes. En outre, des lahars et des coulées de lave successives ont entrainé l’évacuation de quelques 75.000 personnes. La dernière éruption, toujours en cours, a débuté le 9 janvier 2005.
En outre, si son activité historique est marquée, depuis 9.150 ans BP, par douze éruptions pliniennes majeures, – les deux plus récentes en 250 ± 50 ans et en 823 ± 90 ans -, accompagnées de coulées pyroclastiques et de conséquents lahars, le Popocatepelt est sujet à des effondrements gravitationnels, au moins trois de recensés au Pléistocène, – 2,6 Millions d’années à 11.700 BP -, et produisant des dépôts massifs d’avalanches de débris couvrant d’immenses zones sur son versant Sud. Enfin, nous ne pouvons ignorer le séisme du 16 Juin 2013, de magnitude initiale 5.8, révisée 6.1, d’épicentre situé à à 45 kilomètres au Sud-Sud-Ouest du Popocatepelt et d’hypocentre déterminé à une profondeur de 53,8 kilomètres ± 5,0 kilomètres, qui n’a pu qu’ébranler l’édifice volcanique et créer un réseau de fractures et de déformations, laissant craindre, concomitamment à un séisme tectonico-volcanique de magnitude au moins égale à 3.5/4.0 frappant en milieu basal ou dans la cheminée éruptive, un plausible glissement majeur de terrain majeur, la formation de nuées .ardentes et, occasionnellement, des lahars.
Le 04 Juillet 2013, à 06 h 36, après une très longue période ininterrompue de tremor harmonique de plusieurs heures et six tremblements de terre tectonico-volcanique, l’éjection de fragments incandescents retombant sur les flancs du volcan, la remontée de laves au niveau de l’anneau sommital du cratère, une colonne continue de vapeur d’eau, de gaz et de cendres s’est élevée à plus de 8/10 kilomètres au dessus de l’édifice volcanique et a dérivé, sur des dizaines de kilomètres, vers le Nord et le Nord-Ouest provoquant des chutes de cendres dans l’État de Mexico. Assez incompréhensiblement, alors qu’elle devrait être relevée niveau jaune phase 3, voire niveau rouge phase 1, l’alerte volcan reste au niveau jaune phase 2…
Suite : 06 Juillet 2013 : Recrudescence dans l’activité éruptive du Popocatepetl
04 Juillet 2013 © Raymond Matabosch
Pour mieux comprendre :