Vieilles Gloires dorées : Everett McGill dans La Guerre du feu

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Quelles sont les critères pour figurer dans cette rubrique des Vieilles Gloires dorées ? Déjà, avoir une assez bonne photo de soi figurant dans mes archives et qui soit libre de droits (ou issue d’un dossier de presse). Ensuite, avoir eu un quart de siècle de carrière cinématographique avec au moins quelques meilleurs seconds rôles ou des premiers rôles. Est-ce bien le cas d’Everett McGill. Je n’en sais rien au moment d’écrire ces lignes. Mais un premier rôle dans La Guerre du Feu, de Jean-Jacques Annaud, cela vous qualifie n’importe qui, non ?

Jeunes acteurs doués, jeunes actrices en passe d’être réputées, signalez-le à vos agents, je viens de créer une rubrique des Jeunes Gloires dorées. Et alors que les Vieilles Gloires (les Oldies but Goldies) sont en rubrique « Culture » sur C4N, les Jeunes sont en rubrique « Pipeule ». Et pour la rubrique des pipeules, bof, allez, je suis carrément vénal. Et très coulant. Pas besoin de venir nue sous un vison frapper à ma porte, un quelconque imper suffira (et par temps de grand soleil estival, ben, hein, vous savez improviser, passer une audition, non ? vous trouverez bien quelque chose à vous mettre…). Mes coordonnées bancaires sont à la disposition des agents sur simple demande par courriel. Bon, où en étions-nous ?

Ah oui, La Guerre du Feu. Un film tourné en Écosse et au Kenya et en divers pays, dont la Laponie, par Jean-Jacques Annaud qui met pas mal d’images à visionner sur son espace Flicker.  Il a même créé un espace spécial – un album – pour ce film. Non, Jean-Jacques, n’envoie pas d’argent, la mention sur C4N est totalement gratuite dans le cadre de la rubrique des « Vieilles Gloires dorées » et je suis incorruptible. Tâche de trouver un jeune acteur ou une jeune actrice, genre très prometteur, si tu veux absolument me donner de l’argent ou me faire inviter à Cannes

Sur ce tournage, avant de dégraisser le mammouth, fallait le vêtir. Annaud et ses équipes réalisent de vraies performances pour les décors, la direction d’acteurs (et de figurants, dont des hindou, dont un sourd comme un pot), le ravitaillement, et de vraies prouesses en tout genre.

Le film est tiré d’un roman de Joseph Henri Boex et de Séraphin Justin François Boex, alias J.-H. Rosny. Nommés par le jury du premier Prix Goncourt, en 1903, les frères bruxellois font paraître leur Guerre du feu en 1911.  Le scénario reprend donc les Oulhamrs (Faouhm, Gammla, Naoh, Nam et Gaw, Aghoo) et leur fait affronter des tribus hostiles, des aurochs, des lions, des tigres, des Nains-Rouges, bref, des grosses bébêtes, des ours, mais aussi des insectes (dont certains membres de l’équipe se souviendront sans doute). Euh, les insectes, je ne sais plus s’ils étaient dans le scénario… Par commodité, les Oulhamrs deviennent des Oulams, qui affrontent les Ouagabous, les Kzamms, des Ivakas (voire des Yakas, des Faukons, des Pitucés, allez savoir…).

Everett McGill est donc Naoh, Rae Dawn Chong, Ika, fille d’Ivaka, Ron Perlman est Amoukar, Nameer El Kadi est Gaw, Kurt Schiegl, Faum, Mohamed Siad Cockei est Ota Otarok et – ouf !  – Frank-Olivier Bonnet est Aghoo et Jean-Michel Kindt un personnage secondaire. Avez-vous remarqué que tous ces étrangers ont des noms à coucher dehors ? Et bien, justement, ils couchent dehors dans le film, et Frank-Olivier Bonnet aussi… Comme quoi, on est bien qu’une seule race humaine. CQFD. Vous me direz, d’autres que moi l’avaient amplement démontré avant. Mais le rappel n’est pas toujours forcément inutile… 

Le film est bourré d’anachronismes (non, je ne parle pas des montres-bracelets des acteurs vêtus de peaux de bêtes ou de pagnes), mêlant allégrement le Paléolithique et le Solutréen, les Néandertaliens et les Sapiens, mais on le sait bien que la réalité dépasse souvent la fiction. Annaud, plus proche du livre que du réel présumé ou attesté, nous fait du Darwin en accéléré et veut nous faire prendre la vessie de la préhistoire pour la lanterne d’une nuit américaine. Peu importe… Par chance, la chevelure rouquine des Kzamm sera ultérieurement attestée par des recherches (de 2000, sur les Néanderthaliens). 

C’est un grand film à grand spectacle, et c’est un succès dès avant même sa sortie en1981 car le film est précédé de quelques bonnes fuites propres au vrombruissage le plus efficace pour faire venir des gens en salles. Bien évidemment, il recueille un trophée américain, un Oscar, pour ses chargé·e·s des maquillages (dirigés par Christopher Tucker et John Caglione). Annaud accumule ensuite les trophées et les Césars (« rien » que six nominations et deux décernés). En fait, il aurait bien mérité aussi un trophée pour les dialogues, créés dans une langue artificielle due à Anthony Burgess et à Desmond Morris pour la partie gestuelle. Le pré-Indoeuropéen était-il proche de cette langue ? Allez savoir. Avant de retrouver une bande sonore dans une cave de Cro-Magnon, on risque d’attendre quelques siècles.

Saviez-vous que ce film avait recueilli un 79% à l’indice « Tomates pourries » ? Soit un vraiment bon indice de satisfaction (voir le site des Rotten Tomatoes), mais bon, ce n’est guère significatif (11 tomates fraîches contre trois pourries, l’échantillon est maigre pour la version Quest of Fire). 

Annaud (Le Nom de la Rose, L’Amant, Stalingrad, Sa Majesté Minor, entre autres), déjà primé pour son tout premier film, La Victoire en chantant (1976,devenu Noirs et Blancs en couleurs l’année suivante), est devenu membre de l’Institut (Académie des Beaux-Arts) à la suite du décès de Gérard Oury. Il peut y déjeuner en compagnie de Jeanne Moreau, Roman Polanski, Pierre Schoendoerffer et Régis Wargnier. Bon, m’sieu l’académicien, vous pouvez quand même m’envoyer un autographe (j’ai fait la demande via la version anglaise de votre site …).

Mais cette rubrique des Vieilles Gloires n’est pas destinée à mettre en valeur les réalisatrices ou réalisateurs, qui sont d’ailleurs éternellement jeunes tel l’immortel Jean-Jacques Annaud.

Or donc… Everett McGill. Il n’est pas né sur la wrong beach (surnom de Long Beach, Ca), mais la bonne, Miami Beach. C’était en octobre 1945. Il a tourné pour Schlesinger (Yanks, 1979), David Lynch (Dune, 1984 ; Twin Peaks, 1990 ; Une Histoire vraie, 1999), Daniel Attias (Peur Bleue, 1985), Clint Eastwood (Le Maître de guerre, 1986), ce qui en fait un… Zut, sa carrière a débuté en 1979 et semble se terminer en 1999. Manquent cinq ans pour le quart de siècle qui ouvre les portes de la rubrique des Vieilles Gloires dorées (Oldies but Goldies). Me serais-je fourvoyé à l’insu de mon plein gré ? Ah, oui, mais il avait un rôle dans Enemies (1974, série télé), et il apparaît dans des documentaires en 2002 et 2006. C’est un peu juste, mais cela le fait. Et puis, il a été Ed Killifer dans Permis de tuer (1989).

Il a failli interpréter le commandant Rayan dans la série Babylon 5. Mais le producteur, convoquant Bruce McGill par erreur, se dit que ce dernier fera tout aussi bien l’affaire. Pas sûr. Everett McGill est un acteur complet, issu de la Royal Academy of Dramatic Arts de Londres.

Mais bon, cette rubrique n’est pas destinée à véhiculer des potins mais à vous faire vous remémorer un film, une actrice, un acteur, un personnage. Ou un film. Voire plusieurs… Au fait, au rayon des films d’horreur, vous vous souvenez du Sous-sol de la peur (Wes Craven, 1991) ? Vilain-vilain Papa, le McGill, hein ? Bon, un jour, il faudra que je vous évoque Wendy Robie, qui est deux fois sa compagne à l’écran…Mais assez pour aujourd’hui.

 

 

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

3 réflexions sur « Vieilles Gloires dorées : Everett McGill dans La Guerre du feu »

  1. oh jef ! mais comment faites vous pour nous régaler de tous ces articles passionnants ? Je sui « bluffée » par votre érudition, votre capacité à la recherche et votre style ! Ah votre style, quel régal …. et cette petite pointe d’humour du monsieur qui ne se prend jamais trop au sérieux ! c’est formidable et je vous remercie de tout coeur car vos articles sont un plaisir pour une fondue de ciné comme moi et j’apprends bien des choses avec vous !
    je n’aurai garde d’oublier vos analyses politiques que je ne néglige pas non plus !!!
    mais otez-moi d’un doute : passez-vous votre vie à écrire ? clavier ou plume … ou dictaphone ou petite secrétaire accorte ????
    Je blague bien sûr mais avec admiration
    un grand bravo !

  2. Euh, la petite secrétaire accorte, même en tant que redchef, je n’ai jamais connu…
    Mais, Mum, il ne faut pas confondre érudition et capacité de se documenter efficacement.
    Mettons que je suis un peu cuistre et que j’assume.

    J’ai pratiqué la plume, la pointe, le feutre (Tradio de Pentel est très bien), la machine à écrire à touches rondes, les claviers droits, les ergonomiques… En fait, je suis un ancien claviste (compositeur de presse), aussi. Donc, c’est assez facile de saisir rapidement au clavier. C’est juste une question d’entraînement.

  3. Euh, la petite secrétaire accorte, même en tant que redchef, je n’ai jamais connu…
    Mais, Mum, il ne faut pas confondre érudition et capacité de se documenter efficacement.
    Mettons que je suis un peu cuistre et que j’assume.

    J’ai pratiqué la plume, la pointe, le feutre (Tradio de Pentel est très bien), la machine à écrire à touches rondes, les claviers droits, les ergonomiques… En fait, je suis un ancien claviste (compositeur de presse), aussi. Donc, c’est assez facile de saisir rapidement au clavier. C’est juste une question d’entraînement.

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