L’extrême gauche n’est-elle pas la seule opposition ?

Grèves de la fonction publique, manifestations étudiantes, la contestation populaire gronde en France. Un terrain de jeu inconfortable pour le gouvernement Sarkozy comme pour le Parti Socialiste qui peine toujours à trouver une ligne directrice. A la recherche d’un mouvement contestataire solide et efficace, les français semblent alors se tourner vers l’extrême gauche. Un homme se détache dans l’opinion publique: Olivier Besancenot.

Les chiffres en attestent. D’après un sondage BVA-Orange, réalisé du 18 au 20 octobre auprès de 1078 personnes, 40% des français souhaitent qu’olivier Besancenot, « ait davantage d'influence dans la vie politique française". Une progression de trois points significative en comparaison à la chute de Ségolène Royal de deux points. La France semble donc se chercher une figure de proue, menant la contestation et les luttes sociales. Olivier Besancenot de la LCR, paraît aujourd’hui, pour les français, le mieux placé pour prendre le leadership d’une politique alternative à celle libérale proposée par le gouvernement actuel. Le vide laissé par le PS, la disparition quasi-officielle du Parti Communiste ainsi qu’un bon score aux dernières présidentielles. Dans un climat de forte contestation sociale, tous les signaux semblent doncactuellement au vert pour le facteur qui revêt avec plaisir son costume de Révolutionnaire idéologique, toujours droit et clair quant à ses propositions.

Besancenot a donc une carte à jouer afin de se positionner durablement sur l’échiquier politique français. Un horizon qui a longtemps paru inaccessible mais qui s’éclaircit depuis quelques temps.

 

Il y a six mois, le premier tour de l’élection présidentielle a donné un signe fort et explicite à l’extrême gauche. D’abord, les multi divisions, illustration parfaite de conflits plus personnels qu’idéologiques, ne peuvent en aucun cas servir la cause anti-libérale. Il faut donc de l’unité autour d’un parti voire d’un seul homme. Et à juger des scores peu flatteurs de ses concurrents, seul Olivier Besancenot peut se vanter d’une campagne réussie. Avec 4,08% des voix, le candidat LCR est apparut comme la seule force d’extrême gauche en nette progression. Son discours simple, ses idées claires, son image jeune et son projet en phase avec un nouveau courant de pensée anti-libéral, ont plu.

La France ne croit plus au PS

Surtout, Besancenot semble avoir le sens du timing. Le porte-parole de la LCR arrive en effet à maturité au moment où la gauche dans son ensemble est en train de se perdre dans un immobilisme inquiétant. Entre luttes intestines, conflits d’intérêts et désertions, autant le Parti Communiste que le Parti Socialiste n’opposent au gouvernement actuel… qu’un vide abyssal. Amputé de toute idée ou même de prises de parole, la gauche hiberne pour le moment, laissant les français face à un système incontesté. Le facteur joue d’ailleurs cette carte à fond, assurant que « La vraie force de la droite, ce n'est pas qu'elle est partout, c'est qu'une partie de la gauche est nulle part ». Ainsi, le terrain de l’opposition, laissé à l’abandon, semble attendre un homme providentiel. Olivier Besancenot se voit, déjà depuis longtemps, celui-là.

 

Besancenot: une vraie force contestataire

Ainsi, ses prises de position sont claires. Il ne se gène pas pour railler ouvertement la position du Président Sarkozy. « Le gouvernement fait de la gonflette sur le thème 'c'est nous les plus forts'. Résultat, le mouvement se radicalise ».Révolutionnaire idéologique, le leader de la LCR sait mener les mouvements sociaux et en faire une analyse juste. Pour lui, la contestation ne fait d’ailleurs que commencer, « les régimes spéciaux, c'est l'apéro. Le plat principal viendra avec le recul de l'âge de la retraite à 62, 63 voire 65 ans ».

 

En position de force en cette période agitée, le facteur n’a aucune envie de voir le feu contestataire s’éteindre. Effectivement, le sondage BVA-Orange souligne un autre fait à ne pas négliger. Globalement, les français désavouant les propositions du gouvernement, voient en Besancenot l’homme qui semble le plus capable à mener la lutte sociale. Pourtant, le sondage montre également que seulement 3% des personnes interrogées se « sentent proches de la LCR », à égalité avec Force Ouvrière. Ainsi, la bonne forme actuelle de son leader dans les sondages, n’assure en rien un gain de voix considérable pour la LCR.

Et cela, le parti d’Alain Krivine en a bien conscience. L’unité que n’a su créer l’extrême gauche il y a six mois, la LCR y travaille dés à présent. « Face à la droite, nous avons besoin d’une unité combative » affirme Olivier Besancenot. Mais le chantier est de taille. La preuve cette semaine. Arlette Laguiller, leader de Force Ouvrière, vient de rejeter l’idée d’une union avec la LCR pour un « nouveau parti anticapitaliste ». Alors qu’en août LO semblait plutôt emballée, le parti des travailleurs a fait demi-tour. Pour Arlette Laguiller, "On (Lutte Ouvrière) n'est pas sur le même axe et ce n'est pas le même type de parti tous azimuts que nous voulons faire". Devant ce refus, la LCR a également reconnu ne pas s’entendre réellement quant à la forme à donner à cette union. Les dirigeants ont insisté qu’ils refuseraient de constituer un « front d’organisations », une stratégie trop souvent tentée sans succès. L’unification de l’extrême gauche n’est donc pas encore à l’ordre du jour.

 

Ici réside très certainement le plus grand enjeu de la LCR. Se positionnant en figure emblématique des luttes sociales derrière son leader Olivier Besancenot, la LCR ne doit pas laisser cette belle progression dans les sondages devenir un épiphénomène malheureux dut à l’absence momentanée du Parti Socialiste. Pour cela, l’union semble indispensable. A eux maintenant de faire les efforts nécessaires pour monter une force politique de poids et ainsi créer une opposition réelle et forte au gouvernement Sarkozy. Avec près de 40% de grévistes aujourd’hui, l’électorat est bien présent. Ne reste plus qu’à rester présent le plus longtemps possible sur le devant de la scène et, enfin, créer une union de la « Gauche de la gauche » solide qui pourrait compter lors des prochaines élections.

Antoine

 

4 réflexions sur « L’extrême gauche n’est-elle pas la seule opposition ? »

  1. @ Antoineginekis
    Je pense que c’est toute la Gauche qui est durablement divisée…

    Le Parti Socialiste l’est depuis le 29 mai 2005, puisqu’une fronde menée par Laurent Fabius, Jean-Luc Mélanchon, Arnaud Montebourg… appela à voter « Non » lors du Référenum du 29 mai 2005 portant Projet de Loi autorisant une Constitution pour l’Europe !
    Il l’est durablement parce que, à l’inverse de l’UMP ou de l’UDF (qui, respectant les appels à voter « Non » des Membres de leurs Bureaux Politiques), François Hollande n’hésita pas à prendre des sanctions disciplinaires contre Laurent Fabius…
    Il l’est durablement du fait de la position de François Hollande, face au vote de la Loi Constitutionnelle portant modification de l’Article XV de la Constitution de la Vè République.
    De ce fait, des déçus du Socialisme pourraient comparer ce geste à une forfaiture, surtout s’ils ont voté « Non » le 29 mai 2005…
    De plus, parmi ceux qui ont voté « Oui » le 29 mai 2005, il en est, au PS, mais également à l’UMP ou au MoDem, qui continuaient d’exiger que le Président Sarkozy fasse un référendum pour demander au Peuple français « s’il faut ratifier le mini traité européen de Lisbonne ? ».

    Le PCF, que beaucoup considèrent comme un parti d’Extrême Gauche, lui, ne pourra plus gouverner avec le PS. Certes, il est contre la ratification de ce mini-traité. Certes, Marie-Georges Buffet, son Secrétaire Général National, a appelé à voter « Non » le 29 mai 2005… Il n’empêche que ce Parti est en perte de vitesse depuis un certain 21 avril 2002.
    De plus, le PCF a perdu une occasion unique et historique lors des Présidentielles « 2007 » : c’est de s’allier avec la Gauche de la Gauche prônée par les Alter-mondialistes, par l’Extrême Gauche, pour présenter un candidat commun de la Gauche de la Gauche !

    Jean-Marie Le Pen, quant à lui, a perdu sa position d’arbitre, ce, durablement et définitivement, son Parti, le Front National, ayant été incapable de rééditer son coup du 21 avril 2002.

    Aussi, je m’interroge sur cette Extrême Gauche… « N’est-elle pas », comme vous vous le demandez dans votre papier, « la seule opposition ? »…
    Même si Olivier Besancenot devient, ce, de plus en plus, l’étoile montante de cette Extrême Gauche, j’en doute…

    En effet,
    1°). Lors des Présidentielles 2007, il y eut, au sein de cette Extrême Gauche, quatre candidatures : Olivier Besancenot, Olivier Bové, Arlette Laguiller, Gérard Schivardi.
    2°). L’Extrême gauche n’a plus de députés européens. Puis, elle n’est toujours pas présente à l’Assemblée Nationale et au Sénat. De plus, me semble-t-il, elle n’est plus présentes dans les Conseils Régionaux.
    3). L’Extrême Gauche en est toujours à ses éternels et sempiternels clivages « GAUCHE/DROITE »… Elle est incapable est inapte à rénover son programme politique…

    Je pense, ce, malgré les unions syndicales incarnées par le Syndicat SUD, que l’Extrême Gauche est durablement divisée…

    Alors, fort de ce constat, j’en viens à François Bayrou… Son parti, Le MoDem, bien que vous n’en parliez pas dans votre article, est désormais l’arbitre de la vie politique française, ce, malgré la défection de ses nombreux parlementaires (dont Jean-Marie Cavada, Député Européen)…
    Cette opposition-là, incarnée par François Bayrou, la seule qui tient tête à Nicolas Sarkozy, la seule qui a osé tenir tête au Gouvernement Raffarin, est réellement la seule opposition. Le MoDem est donc, au sein de l’Assemblée National, l’empêcheur de tourner en rond de la politique intérieure française !
    On risque, avec le MoDem, d’avoir quelques surprises, ce, même s’il est affaibli !

  2. Précisions face à l’envolée lyrique
    3%, c’est pour « Lutte Ouvrière », et non pas « Force Ouvrière », attention à ne pas confondre le parti d’Arlette avec le syndicat.

    Quant à la mort électorale du PCF. Rappelons qu’il a fait près de 5% aux législatives, contre 2% pour la LCR.

    Sur la concrétisation de la LCR. Devinez pourquoi elle ne s’est pas transformée en Parti anticapitaliste avant les municipales et fait traîner les choses… parce qu’inexistante sur le terrain, elle va faire un flop!

  3. @ Nino
    Mais Nino, c’est bien pour les explications que j’ai fournies dans mon précédent commentaire que la LCR est en perte de vitesse…

    Puis, contrairement à ce que vous pensez, je suis persuadé que la LCR a commis une profonde erreur en ne se tranformant pas en Parti anticapitaliste avant les Municipales. Le fait qu’elle fasse traîner les choses risque encore plus de la conduire sur le terrain de l’inexistance, même si Olivier Besancenot est parfaitement capable de remonter ce parti.

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