La Grèce sauvée… pour le moment

 

Le deuxième plan d’aide de 130 milliards d’euros a été débloqué pour aider la Grèce. Au total, ce sont même 237 milliards qui sont offerts au pays hellénique.

 

 

 

Les négociations ont duré jusqu’à quatre heures du matin dans la nuit de lundi à mardi. Un accord a été conclu pour permettre de débloquer l’aide de 130 milliards d’euros des bailleurs de fonds de la Grèce pour éviter au pays un défaut de paiement désorganisé le 20 mars prochain, date à laquelle 14,5 milliards d’euros de dette arrivent à échéance. Cet accord doit permettre de ramener la dette de 160% à 120,5% du Produit Intérieur Brut. Au total, la Grèce va toucher 237 milliards si l’on ajoute les 107 milliards d’effacement de dette par les créanciers privés dans le cadre de l’échange de dette. En effet, ces derniers ont accepté une décote de 53,5% de leurs titres, contre 50% prévus initialement. Si l’on tient compte de paramètres tels que les taux d’intérêt futurs, ils pourraient même subir une perte nette de 73 à 74% de la Valeur Actualisée Nette (VAN) de leurs obligations grecques.Cette perte sur VAN correspond à la perte réelle des créanciers. Cette décote supplémentaire acceptée va affecter tous les créanciers comme la BNP Paribas ou l’assureur Allianz.Ils devront payer 8 milliards d’euros supplémentaires, soit une perte collective total de 206 milliards d’euros. Cette décote a été approuvée car en cas de défaut de paiement, le secteur privé aurait certainement tout perdu, leur somme reversée aurait été en effet probablement nulle.

 

Après cette annonce, l’Euro a monté à un plus haut de 1,3293 face au dollar avant de se stabiliser à 1,3250. Les rendements de dette des pays périphériques de la zone euro ont baissé, comme ceux du Portugal à 10 ans à 12,38% (-0,06%). 

 

Mais la Grèce n’est pas sauvée pour autant. La récession que subit le pays depuis 5 ans ne va pas s’arrêter par miracle. Le PIB grec a encore reculé de 7% en rythme annuel au dernier trimestre 2011, beaucoup plus que les prévisions et les mesures d’austérité engagées, et réclamées par la troïka (UE, BCE, FMI), ne vont pas arranger l’affaire. Un rapport datant du 15 févier dernier, et rédigé par des experts de cette troïka, montre que sans des efforts supplémentaires, cette aide pourrait s’avérer inutile, et la dette grecque s’envoler de nouveau pour revenir à son état actuel (160% du PIB). Le problème de la Grèce c’est qu’il faut améliorer sa compétitivité mais cela pèse sur sa dette. Les experts s’inquiètent en outre du retard de la mise en place des mesures d’austérités votées au parlement à Athènes il y a 10 jours en raison des élection anticipées en avril prochain. L’accent va être mis sur plusieurs points. 150 000 postes de fonctionnaires vont être supprimés, les salaires du public vont baisser de 17% et ceux du privé de 15% et les pensions de retraite revalorisées 4% de moins. Le coût du travail devra être diminué de 15%. Athènes doit également accélérer le rythme de ses privatisations. Les revenus de ces privatisations devront atteindre 46 milliards (dont 4 milliards cette année, et 15 milliards d’ici 2015). Si ces derniers n’atteignent que 10 milliards, la dette pourrait s’envoler à 148%. Si l’excédent budgétaire primaire (avant déduction du paiement des intérêts de la dette) ne dépasse pas 2,5% du PIB  (contre -1% aujourd’hui), la dette augmentera encore prévoit le rapport. Si les les taux d’intérêt des prêts européens du FESF grimpent de 1%, la dette atteindra au moins 135% en 2020. Concernant la croissance, si elle est supérieure à 1% par an jusqu’en 2020, la dette sera de 116%, mais tel n’est pas le cas, elle atteindra au moins 135%. L’UE n’attend pas de croissance en Grèce avant 2014, après une contraction de 4,5% cette année et une stabilisation en 2013. Le chômage devrait baisser à partir de 2014 également (17% contre 20 à 25% actuellement). Ce rapport affirme en fait que des aides supplémentaires européennes devront encore être versées pour sauver définitivement la Grèce.

 

Pour surveiller la mise en place des conditions, la troïka va envoyer des observateurs à Athènes pour des missions d’inspection. Un compte bloqué sera également créé, sur lequel sera versé les fonds prêtés à la Grèce et spécialement affecté au paiement de la dette.