Standard & Poor’s à 17 h :
« la note de la France reste AAA/A-1+ » ; jusqu’à quand ? – actualisation en commentaires…

 

Alors que l’Allemagne et la France ont entamé des discussions bilatérales pour scinder la zone euro, la perspective d’une offensive des marchés contre la Belgique et la France, laisse envisager un « effet domino » (si l’un tombe, l’autre vacille, puis tombe). Les analystes britanniques sont les plus pessimistes. La logique financière et les habitudes de consommation des plus aptes à épargner et investir est tout aussi en cause que « l’État protecteur ». L’Eurogeddon is near… La fin de la zone euro actuelle approche. Vers midi, ce jour, le porte-parole d’A. Merkel a démenti que l’Allemagne envisageait un éclatement de la zone euro. On a déjà entendu cela auparavant…

Selon toute la presse britannique, la France et l’Allemagne approfondissent le scénario d’une éventuelle scission de la zone euro. Nick Clegg, « Deputy Prime minister » du Royaume-Uni, redoutant une « coalition des volontaires » qui harmoniserait sa fiscalité et sa gouvernance économique, a publiquement redouté une renégociation des traités européens, pourtant souhaitée par ses alliés conservateurs. Mais la question se pose, la France sera-t-elle vraiment en état de résister à la pression des marchés ?
Si le différentiel des taux d’emprunts entre la France, du fait de son engagement en Italie, et l’Allemagne se creusait trop, un scénario encore plus drastique devra être envisagé.

Constamment minorée par Nicolas Sarkozy, la crise européenne s’aggrave.
La perspective d’une Italie faisant défaut, avec une dette aussi forte que celles de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal réunis, n’est plus à écarter.

Pourtant, l’Italie n’est pas tout à fait en manque d’argent. Mais, comme partout, les placements sont mondiaux, et non réinvestis dans l’économie locale.

La finance mondiale entretient la spéculation, et une économie virtuelle qui peut siphonner jusqu’au tiers de la valeur réelle du coût des matières premières, et les bénéficiaires réinvestissent sans fin dans des produits financiers.

Emprunts à dix ans

Pour se financer, les pays empruntent aux taux décidés par les marchés qui se défaussent des dettes, augmentant les taux d’intérêts en fonction du risque présenté par les pays respectifs. La Suisse peut emprunter à 0,80 %, la Grêce à plus de 25 (et même 33 % selon d’autres estimations). L’Italie, qui dépassait, selon les prévisionnistes, la barre fatidique des 7 %, a frôlé les 8 % hier, et cela s’est répercuté sur les taux consentis à la France, qui pourraient atteindre 4 %, le différentiel avec l’Allemagne passant au double de l’actuel. Le poids de la dette croissant, en période de récession, le financement des investissements devient impossible.

La procrastination des mesures d’austérité en Italie et en Grèce, due au fait que les politiciens veulent sauver leurs têtes et se refusent à former des coalitions capables de faire entrer en vigueur les mesures drastiques exigées, rajoute à la défiance des marchés.

Le FMI inopérant
Le poids de la dette italienne est si lourd que, selon des analystes, même le FMI n’aura pas les moyens d’intervenir à la hauteur des besoins. Le risque de contagion du renchérissement du crédit en Italie est de fait, extrêmement fort pour la France. Les attaques contre la Belgique et la France pourraient enclencher une spirale infernale. Les investisseurs rachetant de la dette italienne évaluent leurs risques, et peuvent estimer qu’ils n’auront plus de filet de sauvetage. Pour Barclays, « l’Italie a déjà atteint le point de non-retour. ».
Les banques ne roulent que pour elles
La logique financière est purement financière. Elles rémunèrent au plus bas l’épargne des petits, mieux celle des plus aisés, avec des facteurs d’exposition variables aux risques. L’argent n’est plus réinvesti dans l’économie réelle des pays européens, mais entretient la spéculation. De plus, les États et les particuliers payent plus cher les biens que ce qu’ils devraient. Quand Eiffage, géant du bâtiment, voit très tard, dans l’affaire du Carlton de Lille (voyages et parties fines en limousines), un simple petit cadre régional engager dans de telles opérations plus de 50 000 euros, c’est parce que cela représente des « cacahouètes », que la pratique des « cadeaux » est généralisée par une bonne centaine de ses homologues, et que ces libéralités sont répercutées sur le client final.

Au Royaume-Uni, un médecin sur dix gagne près de 170 000 euros annuellement en moyenne et près de 4 200 « general practitioners » ont des revenus dépassant celui du Premier ministre (mais sans doute largement plus de frais). Bien évidemment, les spécialistes, en particulier les chirurgiens esthétiques, gagnent largement davantage que des médecins dits « de famille », généralistes.

Les gains vont dans le système financier et dans des importations (dont de fréquents voyages et séjours hors zone Europe). En France comme au Royaume-Uni, les médicaments et les traitements sont sans cesse moins remboursés.

En revanche, pour favoriser la compétitivité des entreprises, l’alignement sur les plus bas salaires allemands (de 5 à 7 euros de l’heure), ou britanniques (à peu près identiques), est largement préconisée. La consommation n’est plus tirée que par le haut, mais ce n’est pas tout à fait la même.

Épargne « populaire »
L’Italie, certes moins que le Japon, a pourtant des liquidités. Mais les règlements dictés par la finance mondiale, qui prélève sa dîme (et généralement davantage que le dixième auquel le terme fait référence), interdit aux États européens de mobiliser directement cette épargne. Ils ne peuvent emprunter que sur les marchés financiers.
D’autre part, pour tenir l’inflation plus ou moins officiellement jugulée, les États émettent des obligations à des taux bas, inférieurs à ceux rémunérant d’autres placements, jugés ou non plus risqués. Ces obligations sont faiblement rémunérées et, comme les pays risquent de faire défaut, les banques s’en délestent.
Le Royaume-Uni, donc la City, et d’autres pays, ne veulent pas plus d’harmonisation fiscale que d’une autre règle du jeu. La situation s’apparente à du « Catch 22 » (situation perdant-perdant pour les États et les particuliers, de type kafkaïen).

En Espagne, une nouvelle « caisse d’épargne solidaire », locale, à Séville, vient de se lancer. Les règles sont strictes : le crédit ne peut dépasser quatre fois les montants déposés, deux garants sont nécessaires, qui ne peuvent eux-mêmes emprunter tant que le crédit consenti n’est pas remboursé. Cela s’apparente, de loin, à une tontine.

Revenir à des systèmes bancaires plus simples ruinerait la communauté financière qui ne veut pas plus en entendre parler que de séparation des activités de banque de dépôt et de banque d’affaire.

Le problème n’est plus de « rassurer les marchés » mais de changer les règles des marchés. Comme le souligne Martine Orange dans Mediapart, « la finance crée elle-même le risque et l’effondrement ». Et la récession, découlant des mesures d’austérité exigée, alourdit la dette, renforce le risque.

Faire éclater la zone euro, voire en revenir, en Allemagne, au mark, est une tentation forte. Cela s’apparente à du sauve-qui-peut, l’Allemagne étant pour le moment la mieux en mesure de se rétablir et progresser. Puis de racheter les entreprises européennes concurrentes ou de les acculer à la faillite. Pari risqué, pour l’Allemagne, certes, mais d’abord, pour pratiquement tous les autres pays européens. Nous y sommes. Ce alors que le couple Sarkozy-Merkel n’en est pas un. Merkel ne représente qu’elle-même et Sarkozy, sans crédibilité, peut-être déjà encore moins.

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