La journaliste Marie-Dominique Lelièvre vient de sortir un livre, « Saint Laurent, mauvais garçon» (Flammarion, 318 p., 19 euros) qui met à mal le mythe du grand couturier.
Pierre Bergé, gardien du temple, s’est opposé à ce travail de vérité. Pour écrire cette biographie non autorisée, le journaliste a rencontré une cinquantaine de témoins : des membres de la famille, des collaborateurs, des médecins, des banquiers, des premiers d’atelier, des mannequins …
Tout au long de cet ouvrage, le couturier apparaît comme un bourreau de travail tenaillé par l’angoisse aux prises avec les amphétamines, le whisky ou la cocaïne.
« Un grand enfant hystérique incapable de faire quoi que ce soit de ses deux mains, si ce n’est des merveilles prenant vie à travers des créatures sublimes. »
Elle évoque un enfant choyé et égocentrique, une homosexualité mal assumée. Et bien sûr, il est question du couple que formait Saint-Laurent avec Pierre Bergé, amoureux et professionnel à la fois.
L’icône descend de son piédestal mais n’en est-il pas plus humain ?
Voici un extrait du livre de Marie-Dominique Lelièvre qui éclaire bien les angoisses du couturier : « C’est à la porte de la maison de couture que sa vie se découd. L’angoisse le dévore. Chez lui, Yves peut se déchaîner contre lui-même ou contre ceux qu’il aime le plus, surtout lorsqu’il a bu. A plusieurs reprises, des témoins le voient perdre la tête et balancer des projectiles sur ses proches. Sa puissance physique égale sa force intérieure. Yves est un athlète du lancer de cendrier. Stature et vigueur lui donnent facilement le dessus. Pierre confiera à Victoire que sa vie conjugale est devenue un enfer. »